Ce que Marguerite a retenu.
Les faiblesses.
Dommage que Jeannette Bougrab* minaude tout le temps – mais quelle minette ! – alors qu’elle dit qu’avoir une jupe ne fait pas de la femme un être inférieur ou quoi. Et que son propos est bien plus élevé que l’image qu’elle en donne.
Dommage aussi que le deuxième programme, Éloge de la jupe, ait mis en scène des témoignages de femmes, porteuses de jupes, qui mettaient l’accent sur le côté sexy, provoc, érotique, volontairement risqué de la jupe. Après les discours « c’est pas parce que je mets une jupe que je suis à ta disposition, connard », la nuance n’était pas évidente… (On va dire que les connards ne doivent pas regarder Arte, d’façon ? Hum…)
À part ça, franchement, la soirée était très intéressante, du documentaire Sous les pavés, la jupe, avec une Catherine Bard passionnante, au débat « Jupe ou pantalon ? » entre Jeannette Bougrab et Güner Balci**.
Les moments forts.
Les étudiantes de Sciences-Po, interviewées dans le premier documentaire, s’exaspèrent qu’on leur demande si elles savent comment elles vont s’habiller lorsqu’elles auront, plus tard, un poste à hautes responsabilités. Question qu’on ne pose bien évidemment pas aux hommes.
Porter un pantalon est toujours chose interdite aux femmes par la loi, même si elle n’est plus appliquée. Arte rappelle aussi que les femmes voulant s’habiller en pantalon devaient demander l’autorisation à la Préfecture qui pouvait la donner… pour raisons médicales !
Cette interdiction émane directement de la Bible : « Une femme ne portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Eternel, ton Dieu. »*** Ces origines religieuses, dans un texte dit laïque, font quelque peu tache…
La France est championne européenne en matière de mariages mixtes (et son taux est supérieur à celui des États-Unis). Comme quoi, on critique beaucoup l’intégration à la française, mais, finalement, ce ne serait pas si mal ? D’ailleurs, Güner Balci explique pourquoi elle envie à la France la loi sur la burqa, la laïcité et le fait que l’esprit communautaire soit moins important qu’en Allemagne. Tout petit cocorico seulement, parce qu’on est tout de même loin du compte.
Jeannette Bougrab raconte qu’elle s’est fait huer un jour à l’Assemblée nationale. Pourquoi ? Parce qu’elle portait des manches courtes… Et la jupe le débat s’élargit.
La jupe est aussi vécue comme une trahison, par certains. En effet, la jupe serait aussi un sésame pour les filles et les femmes des quartiers défavorisés, sésame pour passer de l’autre côté (du périf’ ?), une façon d’intégrer d’autres milieux et de s’en sortir. Sésame que n’ont, bien entendu, pas les hommes, d’où le sentiment de trahison.
* Secrétaire d’État à la Jeunesse et à la Vie associative, ancienne présidente de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde).
** Journaliste et écrivaine allemande d’origine turque.
*** Deutéronome, 22:5
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