#13-Ouah ! Putain ! Génial ! Merci ! Formidable !

1 mars 2012
Par

Todd Wawrychuk / ©A.M.P.A.S.

Il flottait cette nuit-là comme un parfum de finale de Coupe du Monde. Nous jouions le trophée à l’extérieur, chez les meilleurs d’entre eux, Brad & George, Meryl & Glenn, Martin & Terrence, après une partie à domicile en demi-teinte.

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

Les crampons avaient cédé leur place à de vertigineux talons ou à des plateformes shoes roses (oui, Busy Philipps, ce tacle est pour toi), le maillot moulant à des smoking de bon aloi et les nerfs des uns et des autres allaient être mis à l’épreuve bien plus de quatre-vingt dix minutes ; dans le rôle du minot marseillais adulé des foules, un homme aux sourcils mobiles qui sentait que la vague ne se ferait plus attendre trop longtemps.

Matt Petit / ©A.M.P.A.S

Une fois n’est pas coutume, c’est George qui a sonné la charge chez les A-listers. Il s’est présenté sur le tapis rouge tout d’Armani vêtu, le couturier des vainqueurs. A son bras, la catcheuse Stacy, prête sûrement à en découdre si elle avait pu faire des enjambées de plus de cinq centimètres. A quoi pensait-il ce cher George ? Il a lui aussi commencé par une filmographie à base de tomates tueuses qui ne laissait en rien pressentir qu’il deviendrait Mister Clooney ; il a lui aussi rencontré le succès à la télévision en penchant légèrement la tête sur le côté pour faire chavirer le cœur de la nurse Hathaway et de toute la gent féminine ; il a lui aussi connu des petites Françaises et il a lui aussi une blonde aux goûts vestimentaires aventureux qui se tient à ses côtés. Alors quoi ? Fallait-il que Stacy sorte un smartphone et dévoile un téton, ou n’avait-il pas fait l’erreur de trop miser sur elle justement depuis le début de la campagne, comme semblait le rappeler ironiquement cette robe Marchesa dorée qui la transformait en « Oscar sur pattes », le seul qu’il allait ramener à son after-party où la French Team ne serait pas conviée… Beau joueur et dénué d’illusion, il lança à la télévision française qu’elle ne devait pas s’inquiéter.

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

Mais si nous fûmes inquiets quelques instants, seul le retard des plus beaux du monde en fut la cause. Oui, pour une fois, Charlène, the prison bride, avait une raison de paraître au bord du suicide : où étaient-ils ?

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

Gwyneth tenta de faire diversion en se parant d’une cape immaculée, message subliminal pour supplier les producteurs de la reprendre dans Iron Man 3, Bérénice Béjo en parlant dix-huit langues à la perfection, Penelope en choisissant la seule robe qui pouvait l’enlaidir, Sacha Baron Cohen en faisant du Sacha Baron Cohen, Natalie et Benjamin en arborant une étrange bague, pile à l’annulaire gauche, dans une manifestation de cette schizophrénie toute hollywoodienne qui n’appartient qu’à eux, « je me suis mariée en secret mais je veux que le monde entier le sache».

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

Puis vint le tour de J-Lo dont c’était la dixième participation aux Oscars depuis 1997 ! Entendons-nous bien, la soirée est d’importance : la plupart des stars se répartissent entre diverses fêtes après la cérémonie : les happy few vont chez George, les primés au bal du Gouverneur, les stars chez Vanity Fair et les has-been chez Elton John. Seule une poignée assiste au show à l’intérieur de feu le Kodak Theatre, et visiblement Jenny from the block, c’est son truc, et c’est leur Jack Lang à eux.

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

A-t-elle su que le Prince Albert avait obtenu une invitation, elle qui avait renversé Marie-Louise Parker pour aller claquer la bise à la nouvelle Duchesse de Cambridge l’été dernier ? Nous n’en saurons rien mais l’extrême élégance de sa robe suffit à notre bonheur, et dans un monde en crise et sans repères, n’est-il pas agréable de s’accrocher à quelques fondamentaux fussent-ils charnus ?

Heather Ikei / ©A.M.P.A.S.

Ah, cette crise, qui coûte son nom au Kodak Theatre transformé en Hollywood & Highland Center, donna à la soirée sa couleur singulière ! Après l’arrivée d’Angie, qui avait étrangement échangé ses enfants contre ses beaux-parents, et de sa désormais célèbre jambre droite, Billy Cristal put lancer la fête d’un : « Nothing can take the sting out of the world’s economic problems like watching millionaires present each other with golden statues. »

Michael Yada / ©A.M.P.A.S.

Et pour parer à la peur ambiante, les organisateurs avaient tout misé sur le vintage : le retour de Billy, afin d’éviter de saborder une année encore le vaisseau amiral, des séquences au cours desquelles les acteurs évoquaient leurs films préférés, une statuette du supporting role attribué à Christopher Plummer, le captain Georg von Trapp de La Mélodie du Bonheur devenu le papy gay de The Beginners, des trophées techniques pour Hugo Cabret, l’hommage de Scorsese à Mélies et last but not least, l’hommage à la France des frères Lumière au travers des cinq récompenses de The Artist.

Richard D. Salyer / ©A.M.P.A.S.

Ah non ? Ce n’est pas dans ce sens… l’hommage de la France des frères Lumière au cinéma muet hollywoodien alors. Aux fanfaronnades des Césars, d’une France subitement devenue intouchable, répondait l’anxiété d’une industrie américaine dont les entrées sont en baisse. Publicités annoncées par des ouvreuses qui offraient des cônes glacés et du pop-corn, mise en abyme de salles de cinéma au cinéma, sketch inventant une projection test du Magicien d’Oz où un sondé conseille d’ôter la chanson Over the Rainbow, spectacle du Cirque du Soleil sur fond de baisers célébrissimes de Tant qu’il y aura des hommes à Autant en emporte le vent. Même l’Oscar de la meilleure actrice dans un supporting role décerné à Octavia Spencer venait rappeler que le cinéma a besoin de ses petites mains, de ses faiseurs qui grimpent lentement les échelons de la gloire… Comment interpréter autrement enfin le retour du fils prodigue, Tom Cruise, tout droit sorti de Né un 4 juillet, lui sur qui le temps n’a pas d’emprise et qui sera bientôt plus jeune que sa fille ?

Michael Yada / ©A.M.P.A.S.

Quoi de plus normal alors que d’honorer des Français, peut-être, mais qui avaient le bon goût de célébrer l’âge d’or ! Ludovic Bource s’inclina devant John Williams, Michel Hazanivicius rendit hommage à Billy Wilder, Jean Dujardin cita Douglas Fairbanks, puis Gene Kelly dans la salle de presse, Thomas Langmann introduisit quant à lui une tradition bien hexagonale en saluant la mémoire de son père Claude Berri. Nous l’avons gagné notre Coupe du Monde, et un, et deux, et trois, et quatre, et cinq avec une joie et une ferveur qui peuvent agacer mais pourquoi bouder un bonheur communicatif ? En cela, nous n’avons fait que suivre une autre tradition outre-atlantique, celle de la girl next door. John From the Garden, c’est la petite canine de travers, c’est le mec dans notre couple, c’est l’élève de 3e qui sommeille au fond de nous et qui ne connaît toujours pas ses verbes irréguliers, c’est le pote à Gilles, et pour eux, c’est Maurice Chevalier.

Todd Wawrychuk / ©A.M.P.A.S.

Et quand nous versions des larmes de joie pour lui, pour nous, en criant buuuuuuuuuuuuuuut, eux récompensaient Meryl par l’intermédiaire du beau Colin qui plaisantait : « Meryl. Mamma Mia ! We were in Greece. We danced, I was gay, and we were happy. » Made my night !

Todd Wawrychuk / ©A.M.P.A.S.

Et George alors ? Quand le rideau tomba définitivement sur cette 84e cérémonie des Academy Awards, nous pûmes l’entendre penser :

« Mother fucker, who is this fucking Omar Sy ? »

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One Response to #13-Ouah ! Putain ! Génial ! Merci ! Formidable !

  1. yemaya blanca
    1 mars 2012 at 9 h 35 min

    moi j’adore la pose du chien…. dont tu ne parles pas. Il prend sa retraite tu sais ?

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