#13-Papi et Mamie, les rois du vintage

28 février 2012
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Faire du neuf avec du vieux, ou autrement dit rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, selon la formule consacrée. Et si en famille, c’était la même chose ? De génération en génération, la transmission ne cesse jamais. Et en ce qui concerne les grands-parents, ce qu’il y a de génial, c’est qu’ils n’ont pas, en principe, à se soucier de tout ce qui est responsabilité du quotidien. Juste le plaisir de voir grandir un enfant, sans l’organisation des rendez-vous chez le dentiste, ni les devoirs à faire tous les soirs. Pas de stress, donc, le grand-parent peut être cool, détendu, et avec un peu de chance, il est déjà à la retraite et dispose de tout le temps libre nécessaire pour transmettre tout son patrimoine à sa descendance.

Partager des connaissances, des passions

Papi jardine, adore la pêche, le cinéma muet ou la gravure sur bois, Mamie aime les mots croisés, la randonnée, l’archéologie ou le karting ? Autant d’occasion de partager des connaissances, à travers les passions, les hobbies, le tout sur un mode ludique, ce qui rend les choses plus faciles. Attention, parents, ne soyez pas jaloux ! Avec son pépé, Margot prend plaisir à apprendre l’histoire de France alors qu’avec vous, c’est soupirs fatigués et regards excédés dès qu’il faut réviser le dernier cours ? Ne le prenez pas personnellement, c’est juste qu’avec son grand-père, elle est moins dans le rapport de force, les enjeux ne sont pas les mêmes qu’avec vous et cela rend l’ambiance plus sereine. Et puis avec un minimum de complicité, vous pourrez confier au Papi en question des missions « révisions de vacances » en douce, Margot n’y verra que du feu !

Les conteurs d’histoire

Ce qui se transmet aussi, qu’on le veuille ou non d’ailleurs, ce sont les valeurs, quelles qu’elles soient, nous l’avons déjà vu. Des tendances politiques, une philosophie de vie, des principes que les petits-enfants vont découvrir, et pouvoir s’approprier. Et bien au-delà, les grands-parents sont en quelque sorte garants de l’esprit familial, ce sont eux qui montrent l’exemple, et que les parents le suivent ou non, les enfants en seront les témoins.
Quand Grand-père raconte les exploits d’adolescent de Papa au petit Mathieu, ce n’est pas seulement une anecdote, mais le récit d’une partie de l’histoire de la famille. Rien qu’à voir la tête d’un gamin lorsqu’il réalise que oui, vraiment pour de vrai, ses parents ont été des enfants, on comprend combien c’est important pour lui de savoir d’où il vient, et d’où viennent ses proches. Et qui de mieux que Papi et Mamie, placés en haut de l’arbre généalogique, pour lui parler de ses racines?

Papi, Mamie, help me !

Et parallèlement, les grands-parents ont aussi, si possible, un rôle de soutien des parents. En terme de temps, s’ils ont la possibilité de garder les enfants plus ou moins occasionnellement, ou de les emmener en vacances, mais aussi et surtout en terme d’aide et de conseils. Leur appui peut être très positif pour des parents mis en difficulté, ou juste soucieux de bien faire, leur expérience peut s’avérer utile, notamment pour les rassurer sur le fait qu’il n’y a rien de plus normal que de se tromper ou d’échouer. Cette entraide, cette bienveillance, ça paraît tout simple, évident, pas prise de tête du tout. Malheureusement en pratique, ça peut parfois se révéler beaucoup plus compliqué…

Éviter de confondre les places

En ce qui concerne la façon de gérer les relations entre parents et grands-parents, le mieux, dans la mesure où tous les adultes en présence sont psychiquement sains et bien intentionnés, ce serait de se faire confiance mutuellement, et surtout, surtout, d’éviter de confondre les places.

Dans la plupart des cas, les places se définissent toutes seules, il n’y a pas besoin d’établir de règles, c’est naturel. Mais il arrive que ce soit plus compliqué, et que la grand-parentalité vienne heurter la parentalité, et ça peut faire des étincelles… Un parent trop dominateur ou simplement trop angoissé peut empêcher son fils de devenir père, même sans mauvaise intention d’ailleurs. Un fils peut « offrir » son enfant à sa propre mère pour tenter de la consoler, de la soigner, ou de la conquérir…
Sans aller jusqu’à de tels extrêmes, il est parfois difficile de se mettre d’accord, de gérer le partage d’autorité, en particulier devant les enfants.
Si quelques discussions et autres négociations ne suffisent pas à régler les différends entre générations, il peut être plus efficace d’éviter de trop se fréquenter en compagnie de l’enfant. On peut déposer Lola chez Pépé et Mémé pour les vacances sans rester avec eux, on peut faire garder Kevin par Mamie après l’école sans passer deux heures avec elle tous les jours. Tant que le gamin s’adapte et ne paraît pas perturbé, où est le problème ? Après tout, vous ne dînez jamais avec la maitresse, vous ne copinez pas avec la baby-sitter, ça ne les empêche pas de bien prendre en charge votre rejeton, jusqu’à preuve du contraire.

La question, c’est de savoir jusqu’où vous faites confiance à vos parents/beaux-parents. Pensez-vous qu’ils s’occupent bien de vos enfants même s’ils ne le font pas comme vous ? Si c’est le cas, il est nécessaire de mettre vos conflits de côté pour que les gamins puissent profiter de leurs grands-parents sans avoir à supporter vos querelles d’adultes. Mais malheureusement, c’est vrai, des grands-parents toxiques, ça existe.

On peut être meilleur grand-parent que parent

Halte aux clichés, ce n’est pas parce qu’on n’a pas été à la hauteur en tant que parent qu’on sera forcément mauvais comme grand-parent. N’en faisons pas une généralité, mais il arrive qu’un papa trop autoritaire devienne un papi gâteau, ou qu’une maman distante se révèle une mamie affectueuse. Pardon de radoter, mais encore une fois, tout est une question de dosage. Si Pépé René laisse Margot regarder un peu trop la télé quand vous n’êtes pas là, c’est une chose. Qu’il lui explique que vous êtes méchants parce que vous ne la laissez pas faire de même à la maison en est une autre. De même, si Mamie Josiane couve un peu trop son petit Théo, ça ne va pas faire de lui un inadapté social, mais si elle vous reproche de manière incessante d’être trop durs avec lui, de préférence devant lui, et en accentuant le côté dramatique, Théo risque de commencer à perdre un peu ses repères.

Il s’agit donc de faire la part des choses et de faire attention au comportement des enfants en question. Comme en cas de conflit parental, il est bon de se rappeler que le but ici est de trouver le fonctionnement le plus constructif et sain pour votre enfant.

Le dernier recours : la Justice

Il faut toutefois savoir que les grands-parents peuvent demander des droits sur leurs petits-enfants devant le Juge aux Affaires Familiales, si aucun accord à l’amiable n’a pu être trouvé, et que les parents refusent qu’ils se rencontrent. S’ensuit une procédure comparable à celle engagée lors d’une séparation : le juge pourra, s’il pense que cela est dans l’intérêt de l’enfant, octroyer aux grands-parents des droits de visite avec ou sans hébergement, par exemple un week-end par mois, ou un samedi après-midi tous les quinze jours. Ou encore un « passage de bras », ou une rencontre de deux heures dans un lieu souvent appelé « Point Rencontre », qui permet aux adultes en conflit de ne pas se croiser, voire dans les cas plus délicats, de surveiller les temps de visite à travers la présence d’un travailleur social et/ou d’un psychologue.
Le juge prend en considération tous les éléments apportés par les deux parties, il peut même ordonner une enquête sociale pour se faire un avis. Il a aussi la possibilité de transmettre le dossier au Juge des Enfants (qui, comme son nom ne l’indique pas, ne fait pas que juger les mineurs, mais passe la majorité de son temps à les protéger), s’il estime que la situation peut mettre l’enfant en danger, et qu’il constate que les adultes en conflit ne semblent pas en capacité de faire des efforts mutuels. Autrement dit, si les adultes déconnent à plein tube, et qu’il est impossible de penser que les enfants vont aller bien si rien ne s’arrange…

On assiste parfois à des tragédies familiales, voire des gâchis, mais lorsque parents et grands-parents parviennent à coexister sans trop de vagues -c’est-à-dire dans la majorité des cas heureusement-, c’est le début d’une nouvelle famille. Les enfants sont autorisés à entretenir des relations enrichissantes avec leurs aïeuls, sans mettre en danger l’équilibre familial. Les grands-parents enseignent, transmettent, et protègent, et les petits-enfants commencent leur collection de bons souvenirs, l’héritage le plus précieux qui puisse être légué.

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