#12-Les (més)aventures de Phèdre : couple et (déchéance du) glamour

15 janvier 2012
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Chère lectrice, cher lecteur,

Si je te dis « Couple », il est probable qu’une kyrielle d’images extra-sensuelles jaillissent en toi soudainement, instantanées comme un choco-nesquick au micro-ondes : Baisers torrides et langoureux (sans les bruits de succion et de salive)… Etreintes aussi collées-serrées qu’une queue au Monop’, rayon saumon fumé, le jour de Noël… Confidences amoureusement murmurées autour d’un subtil verre de Chardonnay-qui-non-non-non-ne-refile-pas-une-haleine-de-chacal-à couper-le-souffle (avec la musique de fond chuintant un discret « Chabadabada, chabadabada…»)… Réveils à deux l’œil vif et le poil brillant… Bref, du glamour, quoi. Du 100% Dallas. Du rêve dans lequel un brushing, même balayé par des rafales à 70 kilomètres/ heure, ne saurait être déplumé. Une vision qui ne saurait tolérer qu’un rouge à lèvre bave lamentablement en fin de soirée, qu’un slip soit troué ET en coton le soir d’une rencontre et que l’être aimé fasse caca.

Haaaaa…. Si seulement… Personnellement, j’ai su aussi rapidement qu’on enfile une chaussette Damart en période de grande froidure que l’ère du Glamour dans mon couple serait aussi passagère qu’une envie de travailler et cela dès l’Infâme Episode de La Brindille.

Au début de ma relation avec LHLV (L’Homme Le Vrai), l’image que je renvoyais était, je te l’assure, proche de la perfection… Élégance, mystère et charme : telle était la glorieuse aura se dégageant de moi. Puis il y eut cette fatidique journée d’été, journée qui débuta par une proposition tout à fait anodine :

- Et si nous allions à la plage ? Me susurre-t-il un matin, après avoir constaté le temps top radieux-pire-que-le-sourire-de-Justin-Bieber-en-couv’-de-Télé-Star.

Quelle merveilleuse idée ! Quel homme plein de ressources !

Je file shopper un petit bikini rouge, couleur de La Passion et virevolte en rejoignant l’Elu. Je chausse mes lunettes de soleil de star et nous voilà partis, gais comme un escadron de lutins, direction Carnon-est, le top de la plage dans le coin (si tu arrives à immiscer astucieusement ta serviette entre celle de la grosse dame rouge à la serviette bleue à pois blancs reniflant d’émotion devant son Marc Lévy et celles des djeuns aux boutons dans le dos et aux poils naissants écoutant David Guetta à fond les ballons en s’apostrophant de leurs voix éraillées en pleine mue pire-qu’une-chenille-processionnaire-devenant-papillon.)

Bref, une fois arrivés, je m’allonge précautionneusement sur ma serviette (je compte attendre un peu avant d’avouer à LHLV que ce que j’aime à la mer, c’est faire des concours d’équilibre dans les vagues et me rouler mouillée dans le sable pour voir si la totalité de mon corps jusque dans le moindre recoin peut être ensablée). Ma pose est parfaite et les rayons du soleil éclairent prodigieusement mon vernis. J’esquisse un sourire absolument Marilynéen et me détends. On entame une causette bien sympathique mais quelque chose me dérange… L’expression gênée ET amusée de l’Elu. Ai-je déblatéré une connerie plus énorme que La tour Eiffel, la Statue de la Liberté et la Tour de Pise réunies ? Pourtant, j’étais sûre de maîtriser méchamment le sujet du logement étudiant aussi rare qu’un bon poisson à la cantine…

Et soudain…

- Tu as une brindille, me dit LHLV en enlevant rapidement une chose agrippée à ma narine droite.

Mon sang ne fait qu’un tour… Mon cerveau tourne comme une toupie de chiard et s’arrête sur un effroyable, abominable et avilissant constat : UNE CROTTE DE NEZ ! Il m’a enlevé UNE CROTTE DE NEZ ! Alors que je me croyais divine, il était probablement captivé par le balancement du loulou au fil de mes hochements de tête ! Horreur suprême, honte sans fond, déshonneur tragique. Je ne serai plus désormais Phèdre-la-belle mais Phèdre-le-gros-mickey… La confusion me laisse plus morte que vive. « Fuir ! Là-bas fuir ! », comme dirait l’autre : c’est tout ce dont j’ai envie. Après avoir lâché un rire gêné, je me soustrais de cette situation embarrassante en allant piquer une tête (veillant bien à renifler en sortant, histoire de ne pas réitérer la pêche à la moque…).

Nous avons survécu à cette pénible trouvaille et poursuivi joyeusement notre route sur le chemin conceptuel du Vivons-amoureux-sans-glamour. Qu’est-ce donc que cette philosophie de vie à laquelle de nombreux couples succombent ?

Tu dois connaître le principe du avant/après en coiffure (sinon, voir les Marie-Claire de ta mère) ? On prend un modèle coiffé comme une serpillère Spontex et on en fait une déesse à la chevelure flamboyante. Le couple, c’est du avant/après à l’envers : on passe de la touffe luxuriante au balai à chiottes. Trois exemples, histoire que tu saches à quoi t’attendre si tu n’es pas encore entré dans le processus vie à deux :

La parure nocturne

Au tout début que vas-y-que-tu-veux-lui-en-mettre-plein-les-yeux, tu portes un léger déshabillé comme y disent dans les Harlequins de Tantine Augustine, et ce coûte que coûte, qu’il pleuve, vente ou neige. Tu te balades pieds et peau nus (c’est plus sensuel) d’un air dégagé et naturel alors que ton gros orteil est raide comme celui d’un cadavre et tes tétons durs comme du béton armé sous l’effet du froid pernicieux : c’est l’jeu ma pauv’ Lucette, quand on veut instaurer le glamour dans un couple naissant.

Et puis….

Plus tard, le Confort prime : Friday night fever : tu enfiles guillerettement ton jog’Décath-à-fond-la-forme et tes chaussons en peau de mouton shoppés dans le Larzac : c’est la teuf : en route pour un visionnage intense de Koh-Lanta.

La bouffe odorante

Au tout début que-tu-te-la-joues-délicate, tu refuses poliment la salade à l’échalote et le gigot fourré à l’ail sur son lit de flageolets, les bruits incongrus étant hautement anti-glamshine. Un rôt ou pire, un pet, échappé malencontreusement, font désordre sur l’oreiller…

Et puis…

Quand Tata Michou, après un gargantuesque repas, te propose de te coller les restes dans un tupperware, tu acquiesces avidement, surtout s’il s’agit de chou braisé à la saucisse de Morteau.

L’humour

Au tout début que-tu-fais-la-finaude, tu pouffes sur un bon mot de La Fontaine et ton rire cristallin charme les oreilles de ton compagnon. Tu n’as jamais de graines de pavot coincées entre les dents lorsque tu lui offres ta palette en contemplation.

Et puis…

Peu à peu, tu partages avec l’homme une forme d’humour légèrement moins subtil…

Et tu n’as plus peur de t’esclaffer bruyamment…

Ainsi s’achève ma lettre. Chère lectrice, cher lecteur n’ayant pas franchi le cap de la déchéance du glamour, tu dois t’inquiéter en lisant mon sinistre constat… Mais rassure-toi, malgré la déchéance glamouresque qui s’opère au fil du temps dans le couple, ce qui est quand même top, c’est que souvent, le désir reste, malgré les chaussettes sales, les haleines d’âne matinales et les pyjamas en pilou !

Je te laisse, j’ai rendez-vous avec LHLV à la Fête du Saucisson… A très vite pour de nouvelles aventures, bises.

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One Response to #12-Les (més)aventures de Phèdre : couple et (déchéance du) glamour

  1. 18 janvier 2012 at 23 h 22 min

    Mouhaha ! Merci Phèdre pour cette mise au point.

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