#12-De l’obligation d’être en couple

15 janvier 2012
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Les réunions familiales de fin d’année ne sont pas loin et avec elles résonnent encore ces petites phrases qui font tilt. Qui font mal. Qui font chier, il faut bien le dire. « Tu viens accompagnée ? » « Tu n’as toujours pas trouvé quelqu’un ? » « Tu es lesbienne ? » Originalité des familles…
Avec ça, alors qu’on croyait trouver un peu de répit mérité en ce mois de janvier – même si on repense encore avec effroi au clin d’œil de Tata Hortense à propos des bonnes résolutions de l’an neuf -, février arrive au galop avec son sacro-saint Valentin.

Pas de pitié pour les célibataires

La société vénère le couple. Normal, c’est son avenir qui s’y joue. Il faut bien reconnaître qu’on n’a pas encore trouvé mieux pour assurer la survie de l’espèce. Ne pas croire, d’ailleurs, que la pression retombe, enfin, lorsqu’on est en couple. Que nenni. En couple ? Les petites phrases différent, mais reviennent encore en boucle. « Quand est-ce que vous nous faites un petit ? » Eh non, on n’en a jamais fini…

La pression, toujours la pression. On pourrait s’y habituer. Certains y arrivent. Mais cette pression fait souffrir.

Pourquoi serait-ce une tare d’être célibataire ? D’où vient ce sentiment de passer pour une bête de foire pas tellement moins drôle ni moins effrayante que la femme à barbe ?

Il FAUT être en couple

Sans quoi on n’est forcément pas heureux, pas honnête, pas normal.
Voilà, d’abord, le bonheur se résume au couple. Le couple semble être la clef de la félicité. Comme si l’homme – et la femme – était fait pour vivre à deux. Comme si dispute et souffrance n’existaient pas dans le couple. Voilà, c’est ça, chaque année les gens divorcent par ignorance sans doute.

Ensuite, le célibataire attire la méfiance. Ça cache quelque chose de pas joli joli, c’est sûr. Il est beau et pourtant seul ? C’est un impuissant. Elle est belle et pourtant ? C’est une chieuse. C’est un queutard. C’est une maniaque. C’est un psychorigide. Un attardé. Un homosexuel refoulé. C’est une immature. Une aigrie. Une féministe frigide.

Enfin, ça se sent, le célibat est synonyme de maladie : quelque chose ne tourne par rond. Il faut se faire soigner. On est trop exigeant, on ne sait pas se satisfaire des choses simples (« Quoi, il est pas mignon, le cousin Bébert ? »). On a été trop couvé ou à l’inverse mal aimé par Môman (« Nan, mais l’amour, ça peut venir après, à force »…). Si, malgré tout, l’on n’est pas en dépression, pas de panique, l’entourage se charge de pousser le bouchon.

Mais on le fait exprès ou quoi ?!

Paradoxalement, alors que le monde entier est persuadé que l’on n’est – obligatoirement ! – pas heureux célibataire, ce sont souvent les proches qui font le plus de mal par leurs petites remarques assassines. On pourrait croire qu’au contraire, ils seraient plus compréhensifs que les gens que ça ne regarde pas, mais non. Il n’y a rien à faire, il faut qu’ils s’en mêlent. Comme souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres

Au final, il y a fort à parier qu’on ne sache plus trop soi-même pourquoi l’on est célibataire (c’est vrai, ça, pourquoi ?). Par choix ? La bonne blague ! Un peu de sérieux. Qui peut décemment choisir le célibat ? On aura beau marteler qu’on préfère être seule que mal accompagnée, qu’on est un solitaire, qu’on tient à son indépendance, sa liberté, personne ne le croira jamais tout à fait. « Ouais, ouais, tu dis ça… »

Et si ce célibat n’est pas assumé, si on en souffre parce qu’on ne conçoit le bonheur que partagé, la famille et les amis sont toujours là pour remuer le couteau dans la plaie. Comme si on le faisait exprès, en fait.
C’est vrai, ça, on cherche aussi, hein. C’est pourtant pas compliqué de faire comme tout le monde. Est-ce que les autres sont célibataires peut-être ?!
Ce n’est pas comme si un tiers des foyers français étaient constitués de personnes vivant seules

Plat de résistance

En attendant, pour la Saint Valentin, on entre en résistance, avec ses potes célibataires et en couple, en réservant un resto à plusieurs pour faire la fête tous ensemble, selon l’appel toujours d’actualité des Fauteuses de trouble. Une façon bien agréable de lutter contre l’obligation d’être en couple.

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6 Responses to #12-De l’obligation d’être en couple

  1. Bertrus
    4 février 2012 at 22 h 37 min

    On peut être heureux ou malheureux en couple, idem si on est célibataire. Il n’y a pas de règles. Le tout est de trouver ce qui est le mieux pour soi. L’avis des amis qui souhaitent notre bien ou celui du pote du pote qui ne partage pas notre point de vue, on s’en tape non ? C’est comme si on vous demandait si le bleu était plus beau que le rouge, c’est purement subjectif. Et tant mieux.

  2. 27 janvier 2012 at 8 h 02 min

    Etre en couple, c’est une façon de rentrer dans le moule de la société bien-pensante et judéo-chrétienne, rester dans les clous, ne pas être différent, être bien lisse et correspondre à des types bien définis. En France, on n’aime pas les gens qui se démarquent, qui sont différents; on n’a pas, ou moins en tout cas, ces remarques déplaisantes à l’égard des célibataires, volontaires ou non, dans les pays du Nord ou anglo-saxons.
    Ah s’ils savaient ces proches qui s’interrogent ou s’inquiètent, comme on peut être bien tout(e)seul(e), libre d’aller et venir, libre de faire ce que l’on veut quand on veut; mais en fait, je crois qu’ils savent, mais qu’ils sont jaloux, ils veulent à tout prix faire plonger le célibataire heureux dans le même piège qu’eux.
    Allez, bonne journée en couple ou non !

    • Christophe
      4 février 2012 at 18 h 06 min

      Il est légitime que la famille ou les proches aient envie de nous voir construire une famille, parce que c’est la preuve aussi que notre vie tourne autour d’un projet plus noble que de vivre en ne pensant qu’à soit et en se regardant le nombril.

      • Gil
        4 février 2012 at 20 h 33 min

        Quelle ouverture d’esprit Christophe…

        Vivre et laisser vivre.

        Ayez un peu de respect pour ceux qui vous entourent, célibataires ou non.

      • Mustang
        12 août 2014 at 15 h 26 min

        C’est vrai qu’il n’y a famille pour prouver à quel point on est généreux…Vous le direz aux prêtres, aux moines, aux bonnes soeurs, aux personnes qui se dévouent aux autres de différentes manières sans avoir de famille, qui en bon célibataires sont des grands égoïstes. Et applaudissez tous ceux qui construisent des familles uniquement bien sûr pour penser aux autres. Tout cela est tellement évident et simple.

  3. Eva
    15 janvier 2012 at 23 h 03 min

    Ce que je trouve surtout indignant c’est de lire sur le net (et particulièrement les réseaux sociaux) des phrases du style  » ils me dégoûtent », « ils me font bader », et j’en passe de plus vulgaires, au sujet de couples. Pourquoi?
    Idem pour ces personnes qui se jettent corps et âme à la recherche du Grand Amour, de l’Âme Soeur. C’est ridicule, d’ou vient ce besoin frénétique de se mettre en couple ? Pourquoi vouloir absolument trouver un partenaire ? N’est ce pas quelque chose qui se fait naturellement et aléatoirement ?
    Cela s’expliquerait scientifiquement … Eh bien.

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