#12-Une seule bonne résolution : revenir à la raison !

15 janvier 2012
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Ce mois-ci, au lieu de prendre de fausses bonnes résolutions qui ne tiendront pas au delà du mois de janvier, pourquoi ne pas simplement commencer par revenir aux valeurs sûres ? Se faire une petite piqure de rappel en quelque sorte, un retour aux vieux principes, un peu poussiéreux, certes, mais qui, contrairement aux méthodes d’éducation aussi nombreuses que contradictoires qui sortent chaque jour dans toutes les bonnes librairies, ont fait leurs preuves…

1er principe : il faut accepter de se tromper

Bon, c’est sûr, comme démarrage, ce n’est pas très engageant. Mais soyons honnête, c’est vrai. Parce qu’en matière de parentalité, il n’y a pas de théorie, pas de 20/20, pas de perfection. Autant le savoir tout de suite, et ne pas l’oublier, histoire de s’éviter un peu d’angoisse, de doute, et surtout beaucoup de culpabilité… Alors oui, vous allez vous planter, mais non, ce n’est pas une raison pour laisser tomber. Se tromper, ça ne veut pas dire traumatiser, vous avez le droit d’évoluer, de tester, de changer d’avis, comme dans la vie, quoi. La cohérence, c’est important, bien sûr, mais ça ne veut pas dire être buté et refuser de réfléchir, quoi qu’il en coûte.

2ème principe : même si ça fait réac, ce sont les parents qui commandent

Eh oui, ça peut paraître vieux jeu, mais finalement, on dirait bien que c’est pas idiot. La preuve, quel que soit le système éducatif dont on parle, que ce soit les parents, les grands-parents, les oncles, les tantes, qui élèvent les enfants, le point commun à toutes les cultures, c’est la transmission d’adulte à enfant. Partout, c’est l’adulte qui apprend à l’enfant à prendre soin de lui-même et à vivre avec ses pairs. Même si parfois on aimerait laisser les enfants libres de leurs décisions, ne serait-ce que pour avoir le beau rôle pour une fois, pour avoir un peu la paix, ou, plus noblement, pour respecter l’individu différencié qu’il est déjà, et bien non, ce n’est pas une bonne idée. Parce qu’au début, cette liberté va évidemment lui faire plaisir, et puis rapidement, elle va surtout l’angoisser, l’exciter, beaucoup le perturber, car il n’a absolument pas les moyens de l’assumer.
Mais attention, les parents sont les commandants, mais dans le sens de guide, et non de dictateur. Il ne s’agit pas de vouloir être obéi au doigt et à l’oeil, mais de montrer le chemin. Pour cela, il faut d’ailleurs maîtriser l’art de la nuance…

3ème principe : l’art de la nuance

En matière d’éducation, tout est question de curseur. Nous parlions de liberté de l’enfant, et bien justement, il peut être intéressant de faire la différence entre laisser un enfant de trois ans choisir son dessert à la fin de son repas, et le laisser choisir son menu entier en ouvrant devant lui frigo et placards. Il y a des règles strictes, indiscutables, comme «non, tu ne peux pas essayer de marcher en équilibre sur la rambarde du balcon » ou « tu ne dois pas mordre les gens », et il y a des règles parfois flexibles, adaptables, voire négociables, comme « au lit à huit heures ! », ou « je te raconte une seule histoire ». L’art de la nuance permet de faire la différence entre les deux, de doser ses exigences de manière sensée, bref, de dédramatiser. Ce sont les parents qui établissent les règles, ce sont eux aussi qui en définissent les exceptions !

4ème principe : chacun sa route, chacun son chemin

Tous les enfants sont différents, tous les parents sont différents, ce qui marche pour les uns ne conviendra pas à d’autres, bref, il n’y a pas de « bonne méthode », et pourtant plein de mauvaises… Je parle ici de celles qui ont prouvé depuis longtemps qu’elles sont dangereuses, comme la maltraitance physique, psychologique, la négligence, la fusion extrême, la manipulation, et autres joyeusetés. Pour le reste, difficile de donner des leçons. Pour ou contre l’allaitement ? Pour ou contre la punition ? Pour ou contre la tétine ? Pour ou contre le doudou ? Pour ou contre le co-dodo ? Et là encore, en l’occurrence, l’art de la nuance peut se révéler fort utile. Dormir avec un bébé n’est pas la même chose que de dormir avec un enfant de cinq ans, ni pour lui, ni pour vous. Autoriser votre enfant de six ans à venir vous rejoindre dans votre lit après un gros cauchemar n’est pas la même chose que de dormir toutes les nuits avec lui.
Tous les parents tâtonnent donc, ils font des essais, ils établissent des priorités, fixent des limites, et si jamais celles des voisins ne coïncident pas avec les nôtres, elles ne sont pas pires ou meilleures  : il peut toujours être enrichissant de s’y intéresser, histoire d’ouvrir son regard, mais gaffe à ne pas aussitôt culpabiliser !

5ème principe : trop d’empathie tue l’empathie

Ça part en général d’une bonne intention : « mais il est trop triste, il pleure…! ». Et on retire la punition, on donne le gâteau jusque là refusé, on rend le jouet confisqué, et on croit faire du bien à l’enfant dont les larmes cessent. Mais tout d’abord, ce n’est pas parce qu’il pleure qu’il est triste, il peut aussi être en colère, fatigué, affolé, malade, vexé… Les pleurs sont une manière d’exprimer de nombreuses émotions, distinctes ou associées, ils ne signifient pas que l’enfant est malheureux, et vouloir à tout prix l’empêcher de pleurer c’est aussi l’empêcher de prendre le temps de comprendre ce qu’il vit.
Entendons-nous bien, je ne dis pas que l’empathie est inutile, bien au contraire, mais, comment dire, trop d’empathie tue l’empathie. A trop s’identifier à l’enfant, on finit par donner à ses demandes des réponses totalement inadaptées à ses besoins, car basées sur les nôtres. « Trop de bonté dans les parents cause la perte des enfants » disait Charles Perrault…

Soyons des parents suffisamment bons !

En résumé, donc, arrêtons de culpabiliser en permanence, des bêtises, on en fera, et les enfants aussi, et revenons simplement à la raison. Il n’y a pas besoin d’être pédopsychiatre pour élever un enfant, il suffit d’avoir du bon sens, et de savoir, parfois, demander conseil. Cette année, fauteuses, fauteurs, reprenons confiance en nous, et soyons, comme aurait pu le dire Winnicott, des parents suffisamment bons !

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