#9-Les (més)aventures de Phèdre : la grenouille qui s’enfle et se gonfle…

15 octobre 2011
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Chère lectrice, cher lecteur,

Non, je ne vais pas t’adresser une lettre sanglante, te narrer un volet ensanglanté de mes aventures ou suer sang et eau pour rejoindre la thématique mensuelle. Car j’ai une annonce tonitruante à faire :

On m’a engrossée.

Je suis en cloque.

En mode baleine (en moins funky car je ne crache pas de supers jets qui volent haut, pire qu’à Aqualand ).

Bref, je suis enceinte.

Non, ne me félicite pas. Je vis une infamie et supporte stoïquement les dommages collatéraux occasionnés… Laisse-moi te dépeindre quelques-unes des chagrinantes situations auxquelles sont confrontés les œufs Kinder de mon acabit :

- La problématique de l’alcool

Sans alcool, la fête est plus folle, qu’il m’avait fait croire, ce salaud de Mister Cocktail. Mensonge ignominieux. Exit le martini-olive ravissant mon palais à l’apéro, le pinard velouté épousant un bon fromage de chèvre extra-sécos sur l’autel de ma langue ravie, le petit digestif de pépé Louis qui t’envoie direct croquer un moelleux bout de paradis. L’ère baleinienne est assurément et désespérément sobre. J’ai bien tenté de m’enfiler un petit blanc de temps en temps, mais depuis que deux ou trois dames ont miaulé d’un ton réprobateur que je tuais mon fœtus avec trois gorgées de muscat, j’essaie d’éviter (en public). J’ai bien tenté le Champomy mais c’est comme voir un concert du sosie d’Elvis : indigeste. Y a pas à tortiller, une copie ne sera toujours qu’une pâle imitation de la Réalité, la Vraie (voir cette vieille peau de Platon pour plus de détails).

Je me rabats donc piteusement sur le jus de tomates, ferme les yeux intensément, presque violemment, et imagine avec délectation que je sirote un bloody mary. Peu corsé certes. Mais un bloody mary quand même…

- La problématique de l’émotion

Un des attirails obligatoires de l’ère cachaloesque est le sourire niais. S’il est accompagné en extra de quelques larmichettes de bonheur extatique, c’est encore mieux.

Tout commence avec les félicitations éperdues à l’annonce de mon entrée dans la guilde des œufs de Pâques. C’est là que je dois ressasser intérieurement mon mantra afin de garder intact mon honneur : Avoir-l’air-touché-et-ne-pas-rétorquer- « j’ai-fait-que-niquer. » : C’est généralement mal perçu et ça donne l’air d’une fille de mauvais genre, comme dirait Tatie Claudette. Le top du must de la cerise sur le cheesecake est de rougir légèrement en susurrant : « Je suis tellement heureuse ! ».

Vient ensuite la première échographie : après t’avoir inséré une webcam dans le fion, on te fait voir un machin (flou) en claironnant : « Voilà votre enfant ! ». D’un point de vue strictement personnel mais objectif,  l’enfant en question ressemble furieusement à un curly (en moins croustillant). A tel point que j’ai envie de foncer au Monop du coin me baffrer un paquet format familial. J’en oublie même d’afficher le sourire de circonstance qui sied à toute baleine échographiée. Le praticien répète l’affirmation, ne constatant aucune réaction de ma part. Il faut que je me force à pleurer. Je repense à la première fois où mon cœur s’est brisé, quand Jérémy m’a dit qu’il ne souhaitait pas être mon amoureux car mon pull à chamois doré le choquait visuellement. Mais une juste colère m’envahit (quel plouc, celui-là…) : je dois avoir l’air d’un taureau fumant au lieu d’une femme enceinte ravie. Le gynécologue, apeuré, passe à autre chose. Je suis une mère indigne.

-La problématique du ventre

Au début de l’ère bide-en-inexorable-extension, la vie est croquable comme une part de pizza steack-roquefort  : mon ventre reste aussi plat que ma poitrine en CM2. Je peux encore me trémousser en top ajusté sans avoir honte. Puis vient la période un peu moins euphorique de la bedaine de buveur de Kro qui mollit aussi sûrement que la motivation d’un élève en fin de journée et devient bientôt aussi flasque que la bajoue de Kermit la grenouille. Mais le fond du gouffre est atteint lorsque le tout est bien rond, parce que sonne l’affligeante heure du pelotage bedonnant : Je  trône paisiblement sur une terrasse ensoleillée, engloutissant consciencieusement chaque miette de mon sandwich ayant échappé à ma passion dévorante quand soudain, une connaissance fond sur moi et pose sa main sur MON ventre en hurlant (postillons à l’appui) : » Mais tu es enceinte !!!! » Après avoir réprimé une folle envie de lui répliquer que non, non, non, j’ai le syndrome du ballon de baudruche, un truc hyper hyper rare qui me condamne à vivre ainsi le reste de ma courte vie, je cale sur mon visage déjà blême d’angoisse un petit sourire 100%-I-love-baleine et bouge subrepticement, histoire de dégager sa patte moite qui risque de tâcher ma jolie tunique Véronique Delachaux. Mais elle s’accroche en entonnant un joyeux : « Ça pousse bien !!!! ». Et là, je me sens carrément plante grasse. Je n’ai d’autre solution que de fuir, fuir, fuir, loin là-bas, laissant au moins quatre miettes non ingérées sur la table. Situation hautement intolérable.

- La problématique de la GPF et autres angoisses hautement glam’shine

L’idée de la Grande Ponte Finale est censée occasionner de nombreuses angoisses profondes (Vais-je être une bonne mère ? Vais-je aimer mon enfant ?) que les sages-femmes sont ravies de pouvoir apaiser. Aussi n’ai-je pas compris l’expression interloquée de la mienne lorsque je lui ai demandé si on déféquait systématiquement sur son bébé en accouchant et si c’était donc pour cela qu’on nommait les enfants des « chiards ». N’ai-je pas le droit d’avoir mes propres peurs, mes questionnements personnels ?

Autres sources d’angoisse : les seins se loloferrarisant à la vitesse de Flash Gordon, la pêche aux prénoms-que-vas-y-qu’il-faut-en-trouver-un-original-et-classieux-mais-qui-plaise-à-papé-et-mémé, les gens qui te disent de bouffer comme quatre, histoire de rendre le curly boulimique avant même qu’il ait goûté un vrai Big Mac, la charcutaille qu’il ne faut pas manger…

Mais je m’arrête là, chère lectrice, cher lecteur, je ne voudrais pas te dépeindre un tableau trop noir de la situation…Il y a quand même un point positif dans cette affaire : ça ne dure QUE neuf mois…

D’ici la prochaine fois, porte-toi bien, des bises !

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2 Responses to #9-Les (més)aventures de Phèdre : la grenouille qui s’enfle et se gonfle…

  1. anthi....
    16 octobre 2011 at 21 h 02 min

    J’ai échappé de peu à l’étouffement riresque en lisant cet article ….
    Baleine indigne va ;)
    Ps: moi j’ai adoooooooooooré être enceinte …. Mais tout l’attirail de la baleine au sourire figé …..
    Perte de neurone exponentielle à l’extension abdominale ….
    J’ai trop ri quand même ;)

  2. teutonette
    15 octobre 2011 at 13 h 45 min

    Phèdre, te lire me rassure, je n’ai donc pas été la seule à ne pas apprécier cet état qui semblait ravir mes congénères. TOP LA …

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