#Etés 2011 – Les mésaventures de Phèdre : carte postale de la plage…

1 juillet 2011
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Chère lectrice,

Je souhaitais ardemment t’envoyer une carte super funky avec un beau coucher de soleil et un « Je m’éclaaaaaate » suivi d’une centaine de points d’exclamation mais je ne puis me le permettre. L’heure est à la prévention intensive, option voix grave et empreinte d’austérité.

Je joins à cette lettre deux photos de moi. Observe-les avant de poursuivre ta lecture.

Tu te demandes probablement quelle est la cause de l’abominable déchéance qui m’a frappée. Je vais te le dire : LA PLAGE. Je sais pertinemment que tu considères que la mer, c’est fun : On clapote allégrement dans l’eau (on s’autorise même un petit pipi parfois), on se laisse bercer par les ouin-ouin-ouin des mouettes (qui ont l’obligeance de répandre leurs chiures bien loin de nos têtes), on est hypnotisée par le tac-tac régulier de la balle rebondissant gaillardement sur les raquettes de plage. Tout a l’air très innocent, extrêmement doux. Détrompe-toi. La plage, c’est fourbe. C’est un territoire de dangers et de risques extrêmes. La plage, c’est dantesque, crois-en ma pitoyable expérience. Autopsie d’un drame :

- Scène 1 : La crème solaire

Une fois ma serviette soigneusement étalée, je me tartine consciencieusement d’écran total formule-spéciale-que-ça-colle pas-et-que-ça-sèche-en-moins-de-temps-qu’il-n’en-faut-pour-siffler-un-martini-olive-en-terrasse-à-l’heure-de-l’apéro : j’ai en tête les recommandations de l’OMS et refuse d’avoir l’air d’une vieille clémentine fripée plus tard. Mon devoir étant fait, je peux me détendre. Je bronze comme une crêpe pourléchée de beurre brûlant… Je vais me baigner… Je rebronze en enfonçant délicieusement mes doigts de pieds dans le sable… Je me prélasse langoureusement… Et puis je somnole … et puis je m’endors et ronfle copieusement pendant une heure. Au réveil, j’ai la trace de la serviette sur la joue, je bave mais surtout, je suis brûlante et écarlate, pire que le visage d’un ado surpris en train de crapoter une gauloise, pire qu’un steack Charal tout frais. « Coup de soleil » serait un euphémisme pour décrire l’état de ma peau intégralement carbonisée. Intégralement ? Non. Car quand je baisse les yeux, je vois une trace blanche sur mon ventre. Une trace blanche en forme de doigts. Damned. Je m’endors toujours la main posée sur le ventre.

Bilan : Visage et bras brûlés impitoyablement. Ventre à moitié et ridiculement coup-de-soleillé. Jambes sauves grâce au parasol.

- Scène 2 : L’épilation.

Oui, parce que généralement, quand on va à la plage, on passe par la douloureuse mais nécessaire case épilation. Cire brûlante, poils sauvagement arrachés à la racine, bruit infernal de la bande qui détruit tout sur son passage : pire qu’un incendie de forêt. J’ai effacé de ma mémoire cette terrible obligation et me retrouve à 9 heures 03, juste avant de partir, en train de me raser la jambe à l’arrache au rasoir une lame de Bic (jamais tu trouveras moins cher sur le marché du dépoilage). Le résultat (sur le coup) est tout à fait acceptable. Mais quand je me baigne, je ressens une faramineuse brûlure au niveau des jambes et du maillot (comme disent pudiquement les esthéticiennes). C’est affreusement douloureux mais je parviens toutefois à sortir de l’eau en gardant ma grâce naturelle. Soudain, j’ai la sensation que tout le monde fixe mon entrejambe l’air horrifié. J’ose un regard sur mon corps et aperçoit ma peau constellée de petits points rouges phosphorescents qui fleurissent joyeusement sur tout le bas de mon corps (et surtout autour de la zone fatale de ma culotte). En regagnant bravement ma serviette, je me dis que sel + jambe rasée = couple qui ne fonctionnera jamais. Mais vu que je suis sortie de l’eau, j’ai l’espoir que tout s’arrangera, comme dans les comédies romantiques. Oui mais non. Ça empire en fait. Les minuscules points enflent et grattent. Je ressemble à une monstrueuse coccinelle (en moins aérien).

Bilan : Visage et bras brûlés impitoyablement. Ventre tatoué ridiculement. Jambes et maillot défigurés.

-Ce salaud de marchand de beignet.

J’avais emporté des fruits et une bouteille d’Evian, histoire de me la jouer détox, comme y disent dans les magazines féminins. J’étais farouchement résolue à manger végétal … jusqu’à ce que j’entende le sensuel « Chouchou, beignet, à la glace, à la glace ! ». Mon sang ne fait qu’un tour, mon estomac frétille de contentement, je ne puis résister à la tentation. Wilde me susurre d’y céder. Allez, c’est parti pour un coca et un beignet-nutella, tavernier. Quoi ? Trois pour le prix d’un ? Fais péter le beignard ! Oui, je suis heureuse quand je boulotte mon beignet nut’s, tous mes soucis s’envolent tels les hirondelles du printemps. J’en deviens même lyrique..Mais les hirondelles sont vite plombées par les chasseurs et le l’ère optimiste se désagrège subitement quand une heure plus tard, mon ventre est aussi tendu que les strings de Britney.

Bilan : Visage et bras brûlés impitoyablement. Ventre tatoué ridiculement. Jambes et maillot défigurés. Ventre ultra bombé.

-La baignade, un moment intense

J’aime me jeter dans les vagues telle une sirène d’Andersen. C’est tellement exaltant de se laisser aller dans les rouleaux. J’en profite, malgré mes douleurs post-rasage. J’éclabousse mes amis, je ris telle une donzelle en fleur et bondis comme Bambi. Sauf qu’à un moment, quand je baisse les yeux pour ramasser un ballon égaré par un groupe de jeunes hilares, je tombe sur un de mes seins se dandinant comme une poule hors de sa cage. Fuck les vagues qui désordonnent mon bikini. Je rentre précipitamment la bête mais le groupe d’ado entonne une chanson qui m’est fatale : « Seins en l’air, nue comme une vers, ils sont tout p’tits, pense à la chirurgie ».

J’ai envie de me noyer. Sauf qu’il faut aller super loin pour que l’eau soit profonde. Donc je me résigne et décide de rentrer parce que trop, c’est trop.

Bilan : visage et bras brûlés impitoyablement. Ventre tatoué ridiculement. Jambes et maillot défigurés. Ventre ultra bombé. Sein exhibé.

Voilà la pathétique carte postale de mes vacances. J’espère vivement t’avoir ouvert les yeux, chère lectrice, sur les dangers de la plage. Ma conclusion : Be prepared.

Bises.

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5 Responses to #Etés 2011 – Les mésaventures de Phèdre : carte postale de la plage…

  1. Nom d'une plume
    29 août 2011 at 1 h 37 min

    C’est marrant comme article et bcp vont s y reconnaitre( nanas et autres ) mais en fait, who cares comme disent les Indigenes » ici au UK?
    T as pas besoin de creme solaire, de maillot ni de serviette ( ok la serviette je te l accorde) et les bains de lune sont plus sympas que les bains de soleil. Ton parasol, il peut faire pare lunes, par vent amsi pas maree, sauf en Mediterranée, pare -tonnerre ( quoique il risque d attirer la foudre)
    Pas besoin de portable non plus, par contre un gentil Medor qui aboie fort et fait semblant de mordre, cela peut etre utile. On ne sait jamis, une femme avertieen vaut 4!
    No j ai pas bu, sauf l eau du roninet

  2. 18 juillet 2011 at 9 h 52 min

    Très caustique effectivement et si juste… Oui la plage et ses dangers multiples ! Merci!!

  3. Eva
    5 juillet 2011 at 1 h 56 min

    Cet article donne envie de se remettre à l’épistolaire, de troquer nos (si chers)Short Messages Service contre quelques timbres et de s’adonner aux plaisirs de la carte postale caustique. D’ailleurs, découvrir une telle épopée au dos d’une vue de Juan-Les-Pins me réjouirait pleinement, le cachet et la créativité se font rares de nos jours.

    Pour Phèdre, je lève mon verre ! (de Badoit)

  4. Sand
    3 juillet 2011 at 21 h 04 min

    Excellent, Phèdre !

  5. James
    1 juillet 2011 at 6 h 43 min

    C’est dommage de commencer l’article par « chers lectrices ». C’est tres sexiste, alors que ce blog a aussi des lecteurs.

    Ps: pour l’épilation, rien ne vaut un tour chez son esthéticienne (rapide, efficace et propre)

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