#4 And the Wooooooooooscar goes to

3 mars 2011
Par

Livia Giuggioli et Colin Firth (Ivan Vejar / ©A.M.P.A.S.)

En cette belle et fraîche soirée du 27 février, Ils sont venus, Ils sont tous là pour fouler le Red Carpet le plus flashé de l’année.

Les jeunes mamans donnent envie de repeupler la planète de petits Bardem, les frêles adolescentes se sont parées de leurs robes de princesse, les Anglaises portent des jarretelles aux couleurs de l’Union Jack, Mark presse amoureusement une délicieuse Française, une fille à frange qui a le bon goût de nous ressembler, Colin s’exprime dans un italien parfait et nous voguons les yeux mi-clos, sourire aux lèvres, le long de la côte Adriatique, Nicole s’est drapée de blanc, Gwyneth enlace Nicole, Gwyneth enlace Penelope, Gwyneth enlace… Gwyneth est visiblement en mal d’affection ou peut-être se doute-t-elle que dans quelques heures, à la suite de sa prestation scénique et de ses quelques inflexions de voix, elle aura du mal à obtenir de nouveaux free hugs… les lunettes de Robert sont orange, R’né a lustré son crâne avec un soin gourmand. Nous sommes bien.

Tous là ?

Anne Hathaway et James Franco (Michael Yada / ©A.M.P.A.S.)

Dans la tourmente psychodramatique que seuls les meilleurs d’entre eux savent se permettre, Tom et Katie ont fait savoir qu’ils ne fouleraient pas la pourpre… L’absence de leurs noms à l’affiche de films primables ? Le syndrôme Agammemnon ? Non. Anne Hathaway, la femme grenouille, l’hôtesse de la soirée, a imité lors d’une parodie télévisuelle, Katie-Joey, mèche de cheveux calée derrière l’oreille, sourire timide, regard complice, voix inaudible. Et effrayés par la qualité du jeu de la femme-aux-mille-dents, ah, au temps pour moi… Et blessés par cette attaque d’une violence d’autant plus cruelle qu’elle fut soudaine, ils ont décidé avec courage de ne pas venir s’asseoir dans les rangs d’un Kodak Theatre qui ne les attendait pas. Eux qui, plein de sollicitude, avaient emmené Anne au restaurant alors que son premier amour était poursuivi pour détournement de fonds, ne pouvaient laisser impuni ce crime de lèse-majesté.

Anne Hathaway et James Franco (Michael Yada / ©A.M.P.A.S.)

Je pense qu’ils l’ont regretté tant il est apparu évident dès les premières minutes de la cérémonie que les Academy Awards ne seraient qu’une longue et insupportable torture pour celle qu’une amie peu charitable, mais dénonçable, surnomme La Cruchaway. Les spectateurs purent profiter des cris de douleur de la pauvrette, qu’à demi-ensommeillée, lovée au creux de ma couette, j’eus d’abord du mal à identifier : ces wooooooo suraigus, qui finirent par frôler l’hystérie lorsqu’elle effraya une chorale de malheureux enfants venus pacifiquement nous chanter Over the Rainbow, annonçaient les différents remettants de la soirée.

À sa décharge son compagnon de route avait dû, lui aussi, être une victime des facéties de la donzelle ou peut-être apprendrons-nous bientôt que Katie est son père… car James Franco avait visiblement décidé d’être aussi impassible que sa camarade était excitée en arborant l’air de celui qui « n’en a rien à foutre de vos conneries de récompenses à paillettes et de votre monde artificiel de merde, que j’ai une conscience, que je twitte toute la soirée avec mes copains en relayant les derniers assauts sur Tripoli, et que la gonz’ à côté de moi qui ne sait pas distinguer le Pacifique de l’Atlantique, je te la calcule même pas, d’ailleurs tiens, je te parie que je peux tenir les deux heures sans croiser ses fucking yeux de veau ».

Dur.

Melissa Leo, Christian Bale, Colin Firth et Natalie Portman (TODD WAWRYCHUK / ©A.M.P.A.S.)

Jennifer Lawrence (Darren Decker / ©A.M.P.A.S.)

Elle ne pouvait pas compter non plus sur un suspense hitchcockien dans le Money time pour faire diversion sur le manque d’alchimie de leur couple ; les jeux étaient faits depuis longtemps n’en déplaise à ceux qui militaient activement pour que l’enfant de Natalie Portman grandisse au sein d’un foyer heureux et soudé. Seul Colin paraissait épuisé par ces dernières semaines d’intense promotion. Par moments, au fond de son doux regard, se lisait la petite inquiétude de celui qui se dit qu’il ne sait pas s’il sera assez bon acteur pour masquer sa déception au cas où Sandra Bullock ne prononcerait pas son nom le moment venu. Colin et Natalie se trouvaient de plus tenus de ne pas se laisser déborder par leur émotion naturelle, lui, pour correspondre au cliché du flegme britannique et espérer ainsi poursuivre sa carrière d’« enfant prodige », elle, parce qu’un fou rire disgracieux aux Golden Globes avait failli lui coûter l’Oscar. Nous en fûmes réduites à observer que les places légèrement excentrées garantissent l’accès au trophée…

Billy Crystal (Michael Yada / ©A.M.P.A.S.)

Lorsque la fatigue nous gagna vers les quatre heures du matin, nous oscillions entre penser à The Ruffalo sur sa moto dans The Kids are all right, apparition qui valait bien les trente kilos perdus de Bale pour The Fighter, et nous demander ce qui avait bien pu pousser Jennifer Lawrence, nommée pour Winter’s Bone, à choisir une robe dans le rouge des maillots de Baywatch. Était-elle au moins née quand Pamela s’ébrouait au ralenti pour sauver les vacanciers imprudents ? Au moment de l’Oscar de la meilleure actrice, un événement inattendu sauva cependant notre nuit blanche ; Nicole voulut nous prouver qu’elle avait bien ralenti le botox et dans un effort désespéré, elle tenta de sourire en haussant les sourcils pour remercier Jeff Bridges de son petit compliment. Et elle y parvint. D’un côté. Sandra Bullock réchauffa les derniers instants, terrassant définitivement la petite Anne qui avait déjà eu à souffrir les plans fréquents sur Hugh Jackman, l’hôte hot de 2009, la standing ovation faite à Billy Crystal, et l’hologramme de Bob Hope. Le calice jusqu’à la lie.

Elle pourra se consoler en songeant que George VI, le roi du discours qui emporta le trophée du meilleur film avait connu des moments publics difficiles avant de se réaliser, que les frères Coen n’étaient venus que pour le panier garni des nommés, que les petites 4e du monde entier ont pleuré des larmes de sang en revoyant pour la 346ème fois sur youtube Justin embrasser Selena à la sortie de la soirée Vanity Fair et que, même si les organisateurs ne veulent plus rendre hommage à la gloire hollywoodienne passée, elle peut se répéter comme chacune d’entre nous au moment où nous tombons,

After all… tomorrow is another day.

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