Les beaux jours arrivent, bien qu’ils aient tardé cette année, et la même rengaine commence ! Les maillots de bain et les tenues légères parsèment les étals dans les boutiques, on peut se faire cramer sous UV grâce à une offre alléchante qui affiche 5€ la séance et surtout, les magazines féminins nous assènent, comme chaque année, le fameux régime qui nous fait perdre 3 kilos (si ce n’est plus) en une semaine. A croire qu’une seule chose intéresse les femmes lorsque le soleil pointe le bout de son nez : maigrir !
Les magazines féminins, qui ne sont pas avares en paradoxe, aiment nous rappeler pendant les mois précédents qu’il faut assumer ses rondeurs et que les hommes préfèrent les rondes (d’ailleurs on ne sait plus trop à qui l’on doit plaire, à nous même ou aux autres…). Et pour illustrer ces femmes rondes, on a toujours droit aux mêmes : Beyonce ou Jennifer Lopez. Et là je me dis que je n’ai pas tout à fait le même concept de la rondeur. Parce que certes, Beyonce a une jolie paire de fesses arrondies mais je ne vois pas le moindre pet de graisse à l’horizon… Alors oui, elle ne ressemble pas à un cintre comme la plupart des filles sur les podiums mais de là à dire qu’elle est ronde, il y a un monde ! Ces magazines veulent donc nous faire croire que la rondeur s’étale, que la rondeur s’assume, que la rondeur se démocratise mais pour ça ils ont toujours recours aux mêmes exemples et la seule vraiment ronde à qui ils font appel est Beth Ditto (la chanteuse du groupe Gossip) mais toujours en nous la présentant comme une figure d’exception : elle est obèse et elle a réussi à en faire une force. Mais à part ce seul exemple, les couvertures de magazines affichent toujours les mêmes mannequins photoshopées et généralement, l’épaisseur de leurs cuisses correspond à l’épaisseur de mes bras. Et lorsque par miracle une (vraie) ronde fait la couverture ou bien une femme de corpulence normale, il s’agit d’un numéro spécial.
Mais lorsqu’on arrive au mois de juin, il n’est plus du tout question de faire l’apologie de la ronde, vous comprenez la vue de cellulite sur la plage, cela pourrait choquer (ou en tout cas, c’est ce qu’on essaie de nous faire croire). Si on veut porter le même bikini que Kate Moss ou la même micro-robe que Marie-Kate Olsen, il va falloir faire des efforts bande de feignasses ! Et pour ça, il ne faut pas manger équilibré mais s’affamer.
Sur une semaine ou deux, il va falloir ingérer seulement du surimi ou du yaourt, suivre les mêmes rituels que ceux des stars pour atteindre leurs silhouettes. Ainsi, on nous fait part de tous leurs trucs et astuces comme boire un grand verre d’eau avant de se lever et on oublie de nous mentionner que Julia, Charlize et Scarlett ont derrière elles des armées de diététiciennes et coachs en tout genre et que leurs dépenses mensuelles en soins sont équivalentes au PIB du Pérou. Il ne s’agit donc pas de se faire plaisir, d’écouter son corps, de retrouver la sensation de satiété, il s’agit seulement de se priver dans l’espoir de perdre quelques kilos. Ces régimes prescrits vont à l’encontre de l’équilibre alimentaire et de la vie sociale (difficile de sortir au resto lorsqu’on ne peut manger qu’une tranche de dinde et trois bâtons de surimi) les rendant ainsi très difficiles à suivre. Et puis à force de s’affamer, on se crée alors des carences, on se fatigue et surtout on finit par détester du plus profond de soi même les haricots sans sel et sans beurre.
Prescrire les régimes des stars comme LA vérité est un leurre puisque ces stars sont suivies médicalement et qu’elles font rarement cela toutes seules. Mais dire ceci, cela serait voler de la part aux rêves. Imaginer un peu, le charme risquerait d’être brisé : « grâce à son coach sportif, sa nutritionniste et ses diététiciennes, Scarlett garde une silhouette de rêve et peut même de temps en temps manger un carré de chocolat ». Ça casse l’image glamour… Alors, on nous fait croire que Scarlett elle a de la volonté ELLE et que nous, on peut bien faire de même ! Mais personne ne nous dit qu’après avoir perdu trois kilos dans la souffrance et la privation, on en reprendra quatre avec de la culpabilité. Il est tellement plus facile de prescrire des régimes à tout va que de changer les mentalités surtout qu’au final, la cellulite que l’on a sur les cuisses tout le monde s’en fiche. Lorsqu’on regarde sur la plage les gens qui nous entourent, les silhouettes sont loin d’être celles de magazines. Mais à force de nous abreuver avec ces images déformées en nous faisant croire que c’est la normalité, on éprouve de réelles difficultés à être en accord avec son corps.
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