#11-Le Kamasutra en cinq questions

15 décembre 2011
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Chaud devant ! Dans le cadre de notre numéro Lits, j’ai demandé à Marie-Hélène Martinolle, enseignante en yoga, passionnée de l’Inde et de sa culture, d’éclairer ma lanterne sur un ouvrage indien célèbre : Le Kamasutra

Comme les fêtes  rendent mon âme généreuse, je partage avec vous cet entretien qui, je l’espère, balaiera toutes les idées reçues sur cet ouvrage éminemment célèbre…

Nous avons tous entendu parler du Kamasutra, mais qu’est-ce exactement ?

« Le » Kamasutra ? Tu veux dire « les »  Kama Sutra ! Il y a erreur sur le déterminant ! Pour le comprendre, il faut décomposer le mot : « Kama » signifie « désir, plaisir amoureux » et « Sutra », les perles qu’on enfile sur un collier donc  par extension des « aphorismes », c’est à dire de courtes maximes. Les Kama Sutra sont donc des réflexions sur l’amour et ses manifestations, sur les relations hommes-femmes.

C’est un vieil ouvrage, écrit entre le IVème et le VIIème siècle par, dit-on, Vatsyayana.

Ancien ? Pourtant, le Kamasutra n’est-il pas au top des ventes du rayon 100% coquin ?

Bien sûr…Chez les occidentaux qui ont complètement occulté la majorité de l’œuvre pour ne conserver que la partie concernant les positions sexuelles et les manières très détaillées de donner du plaisir à son partenaire ! Le Kamasutra devient alors une source inépuisable de jeux érotiques…

Mais aussi un véritable guide pour novices, les actes intimes étant particulièrement détaillés :

Du baiser, classé en différentes catégories : « Le baiser nominal : Lorsqu’une fille touche seulement la bouche de son amant avec la sienne, mais sans rien faire elle-même, cela s’appelle le baiser nominal. Le baiser palpitant : Lorsqu’une fille, mettant un peu de côté sa pudeur, veut toucher la lèvre qui presse sa bouche et, dans ce but, fait mouvoir sa lèvre inférieure, mais non la supérieure, cela s’appelle le baiser palpitant. Le baiser touchant : Lorsqu’une fille touche la lèvre de son amant avec sa langue, et fermant les yeux, met ses mains dans celles de son amant, cela s’appelle le baiser touchant. »

Aux multiples positions sexuelles : « Lorsque la femme place une de ses jambes sur l’épaule de son amant et étend l’autre, puis met celle-ci à son tour sur l’épaule et étend la première, et ainsi de suite alternativement, cela s’appelle la fente du bambou.
Lorsqu’une des jambes est placée sur la tête et l’autre étendue, cela s’appelle la pose d’un clou. La pratique seule peut l’apprendre.
Lorsque les deux jambes de la femme sont contractées et placées sur son estomac, cela s’appelle la position du crabe.
Lorsque les cuisses sont élevées et placées l’une sur l’autre, cela s’appelle la position en paquet.
Lorsque les jambes sont placées l’une sur l’autre, cela s’appelle la position en forme de lotus…. »…

… En passant par les différentes manières de frapper, frotter, presser, frictionner, mordre, lécher et crier…

Mais je croyais que le Kamasutra était constitué en majorité d’images…

C’est faux, le Kamasutra est à la base un recueil austère, non illustré. Par la suite, il a été représenté en sculpture :

Ou encore en peinture par des artistes postérieurs à l’écriture de l’ouvrage…

Tu as tout à l’heure évoqué le fait que nous avions occulté toute une partie du Kamasutra… Peux-tu m’en dire plus?

En fait, le Kamasutra n’est absolument pas léger ou drôle. C’est un véritable traité, un guide  sur les relations hommes-femmes comprenant différentes parties que voici :

Partie 1 : Plan de l’ouvrage

Partie 2 : De l’union sexuelle

Partie 3 : De l’acquisition d’une femme

Partie 4 : De l’épouse

Partie 5 : Des épouses d’autrui

Partie 4 : Des courtisanes

Partie 5 : Des moyens de s’attacher les autres

Même la partie « sexuelle » est tout à fait sérieuse puisqu’il s’agit d’exposer les moyens d’exalter les sens et d’épanouir la vie de couple. L’homme et la femme s’unissent et recréent l’unité divine. Le plaisir doit être dirigé dans le but de la connaissance et ne doit pas devenir un mode de vie qui conduirait à accomplir des actes immoraux…

Le kamasutra était-il lu par les hommes ou les femmes ?

Le Kamasutra était destiné aux hommes nobles mais également à leurs femmes, censées satisfaire leurs époux à l’abri des  zenana, structures dans lesquelles les femmes étaient enfermées…

Toutefois, il ne s’agit pas de laisser les femmes dans l’ignorance, la liste des compétences que celles-ci devaient acquérir étant exhaustive…En voici quelques-unes parmi les soixante-quatre arts à maîtriser : Le chant, la musique instrumentale, l’écriture et le dessin, le tatouage, la magie et la sorcellerie, la chimie et la minéralogie, la conduite des combats de coqs, l’intelligence des écritures chiffrées et l’écriture des mots sous différentes formes, le théâtre…

Je dirais pour finir que même si l’on s’en tient à la version « light » et coquine, il est intéressant de parcourir l’œuvre intégrale qui se trouve en librairie ou sur internet

Bonne lecture… et bonne soirée !

Et c’est ainsi que nous achevons notre petit entretien, buvant une tasse de thé tchaï au gingembre tout en feuilletant Le Kama Sutra, présenté par Marc de Smedt aux éditions Liber, nous amusant de certaines image et admirant leur beauté.

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