#24-Jeune grand-mère : la première fois, ça fait quoi ?

4 mai 2013
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On parle beaucoup de la maternité et de ses bouleversements, de la jeune mère et de son nouveau statut. Qu’en est-il de la grand-maternité ? Rencontre avec Agnès, quinqua, active et grand-mère pour la première fois depuis un an.

« Être grand-mère : un concept, un peu comme la paternité »

Tout d’abord, quel que soit l’âge, est-ce que ça file un coup de vieux, d’être grand-mère ?
Non, pas un coup de vieux, plutôt une modification des perpectives et donc un coup de jeune, un avenir tout neuf ! Même si l’image sociale nous renvoie à l’âge, le vivre est dynamisant.

Qu’est-ce que ça fait d’être grand-mère pour la première fois ?
Être grand-mère… un statut avant d’être un état, mais d’abord un concept, un peu comme la paternité. Et comme pour la maternité, la première fois est celle qui nous transforme de façon inéluctable, c’est rédhibitoire. Un peu d’appréhension durant l’attente associée à l’impression d’impuissance, puis viens le jour de la rencontre. J’ai craint de ne pas être à la hauteur, de ne pas savoir ou de ne pas ressentir. J’ai essayé de ne rien imaginer, de ne rien prévoir, de ne rien préjuger, pour être entière pour la rencontre. Et dès que je l’ai vu, pris dans mes bras, le choc. Une sensation très forte, celle d’être au bon endroit, au bon moment. L’impression de fusionner, d’être envahie par une grande douceur.

« On traite de grand-mères les vieilles femmes ! »

Comment fait-on pour être grand-mère lorsqu’on travaille toujours et qu’on a encore des enfants à charge ?
Être grand-mère est souvent associé à la retraite, pourtant nos mères travaillaient encore lorsque nos enfants sont nés. On traite de grand-mères les vieilles femmes ! C’est vrai qu’avec l’âge viennent la fatique et le manque d’énergie, mais être grand-mère peut être considéré comme une activité en plus, dans un planning déjà bien chargé lorsque l’on travaille. Cependant, un des avantages de l’âge est de savoir rester serein et de choisir très vite ses priorités. On apprend aussi à maîtriser son énergie et donc ne pas en perdre contre les moulins à vent.
Être grand-mère c’est aussi renforcer le rôle de mère ou plutôt le décliner autrement, l’aborder par un autre aspect, une autre perpective sur sa vie de mère, un nouveau lien avec son enfant. J’espère seulement que mes enfants eux ne me trouveront pas trop hors jeu!

Contrairement à la maternité, on ne choisit pas d’être ou de ne pas être grand-mère. Comment vit-on cette absence de choix ?
Comme un cadeau, c’est un plus. Et on a le choix, car on choisit comment on sera grand mère. C’est l’aventure.

« La pression sociale ne pèse pas lourd, encore un bénéfice de l’âge »

Comme pour la maternité, on a quelques mois pour se faire à l’idée d’être grand-mère. Et toi, tu y as réfléchi avant ou tu as attendu que ça devienne une réalité concrète pour toi ?
Je suis restée en attente, sans a priori, comme pour me préserver. Mais l’idée était conceptuelle jusqu’à la naissance. Je connaissais d’autres grand-mères parmi mes amies qui m’en disaient monts et merveilles. J’avais peur d’être déçue par moi-même. Et puis tout s’est concrétisé à la naissance, sans déception avec simplicité, douceur et profondeur.

On parle aujourd’hui beaucoup de la pression sociale à être une bonne mère. Dans le même genre, ressens-tu une pression à être la grand-mère parfaite ?
Non, la pression sociale ne pèse pas lourd, encore un bénéfice de l’âge. Je pense qu’il y a autant de grand-mères que de petits-enfants, on n’est pas grand-mère toute seule.

Quelle est pour toi la différence principale entre une mère et une grand-mère ? Est-ce qu’on se construit grand-mère forcément de la façon dont on s’est construite mère ?
La première différence est le poids de la responsabilité, il est très léger sur la grand-mère. On ne se construit pas de la même façon, être mère est immédiat et totalitaire. Être grand-mère se tisse au fil des rencontres, des moments avec ce nouveau petit être, même si l’amour est venu tout de suite. Des liens ténus tout d’abord qui vont se renforcer en se découvrant mutuellement au cours du temps et des aventures vécues ensemble. Des liens nouveaux sont aussi à nouer avec les parents-enfants, cela promet une tapisserie très riche.
C’est aussi une différence avec le rôle de mère qui se joue d’abord à deux ou trois, celui de grand-mère se joue tout de suite à quatre ou plus. Et puis être grand-mère n’empêche pas de rester mère, comme d’être une femme.

« Être grand-mère : profiter de la vie et redécouvrir le plaisir de s’émerveiller, alors que nos illusions sont devenues bien pâles »

Avant, quel était, selon toi, le portrait type de la grand-mère ? Te sens-tu aujourd’hui proche ou éloignée de cette image ?
Je n’ai pas de portrait type, j’ai une image souvenir attendrissante, celle de la grand-mère de mes enfants, je n’ai pas connu de meilleure grand-mère.
Mais je ne pense pas être comme elle. Je cherche mon style ! Non, en fait je deviens grand-mère au fil des moments partagés. J’essaie d’être toute à l’écoute et en éveil pour apporter ma part, ma toute petite part.

Au final, qu’est-ce qu’être grand-mère, selon toi ?
Profiter de la vie et redécouvrir le plaisir de s’émerveiller, alors que nos illusions sont devenues bien pâles. Découvrir une autre forme d’amour tout aussi fort et plein que celui pour notre enfant, et le sentir s’épanouir. Savourer cette découverte d’un être nouveau à portée de notre vie, et qui vient d’y entrer. Essayer de transmettre et de partager le meilleur de nous-même et de ce que l’on a retenu du monde. Offrir le maximum.

Quelque chose que tu voudrais ajouter ?
Merci à mes chers enfants pour ce cadeau.

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