#24- »De l’art d’être bobo », petit précis d’auto-dérision

15 avril 2013
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Clara et Florence Bamberger, « sœurs jumelles nées sous le signe du Taureau », publient un drôle et joli premier livre illustré. De l’art d’être bobo aurait aussi bien pu s’appeler « Êtes-vous bobo ? » ou « Quel bobo êtes-vous ? » Difficile, en effet, de ne se reconnaître dans aucune page de l’ouvrage. Les auteurs dressent un portrait tellement détaillé du bobo qu’on s’aperçoit rapidement qu’on a tous quelque chose en nous de bourgeois bohème.

Rendant hommage, dans leur Avant-propos, à Maupassant qui inventa l’expression, elles rappellent que le bobo peut être une bobo et mettent en scène, avec autant de derision que d’auto-derision, les versions mâle et femelle du phénomène.

Les personnages sont essentiellement et profondément parisiens – c’est pour mieux se moquer, mon enfant –, mais les situations sont adaptables. Et qui a dit qu’il n’y a pas de bobos au-delà du périphérique ?

Si, comme le dit Benabar, « un Parisien, c’est un provincial qui était bon à l’école » (voir la vidéo vers 2’30″ ), « le bobo voue une admiration sans bornes aux enseignants, qui exercent “ le métier le plus noble de la République – et les traders ne peuvent pas en dire autant ”. »

Le bobo voudrait n’être pas comme tout le monde, il n’est finalement qu’un touriste précautionneux. Si « le bobo n’aime pas les Champs-Elysées car “ on y croise trop de kékés au mètre carré ” », il « s’est fait photographier devant les homards géants en aluminium polychrome de Jeff Koons au château de Versailles. ». Le bobo serait en fait un kéké cultivé.

Qu’il s’agisse d’avoir « une poule sur son balcon » ou de prôner « le port du col Mao », la culture est le grand mot du bobo. La bobo est ainsi fan d’Isabelle Huppert et Pierre Arditi, des films d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, de Picasso et Murakami, le bobo d’Albert Camus, Michel Foucault, Stéphane Hessel et Arthur Rimbaud. Alors qu’ils ne succombent pas à « cet engouement généralisé pour Lady Gaga », même si le « bobo chante “ Allumer le feu ” sous sa douche mais s’interdit d’aller acclamer Johnny au Stade de France ».

Le bobo a aussi des valeurs politiques, d’Eva Joly au Canard enchaîné. D’ailleurs « le bobo refuse de trop critiquer les grèves de la RATP car il est “ très attaché à la notion de services publics ” » et il « prend son thé à la menthe à la mosquée de Paris. Il se vante d’un tel geste écoresponsable, “ moins polluant qu’en escapade à Marrakech ”. »

C’est finalement le régime alimentaire qui semble le plus compliqué. Entre thé fumé Lapsang Souchong, sel d’Himalaya, macaron de Pierre Hermé, figues de Barbarie, makis thon-avocat, Coca light, poisson frais au marché de Saint-Malo, jus de pastèque et sauce soja, difficile de concocter un menu cohérent. À quand un livre de recettes pour apprendre à cuisiner bobo ? On gage facilement que les auteurs seraient encore capables de faire sourire tout en amusant les papilles.

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