#22-Le monde de Sophie (Hunger)

15 février 2013
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Les guirlandes lumineuses enveloppent la scène d’un halo douillet, chutant avec élégance sur les instruments. La salle abrite un air chaud presque vicié par la sueur des danseurs transis de la première partie. Sans plus attendre, Sophie Hunger et ses musiciens – Alberto Malo (batterie, beats, voix) ; Simon Gerber (basse, guitare, clarinette, voix) ; Sara Oswald (contrebasse, voix) ; Alexis Anerilles (claviers, trompette, voix) – s’avancent sur scène sous les acclamations sincères mais encore timides de la foule. Le spectacle est une réelle performance tant sur le plan artistique que sur la durée et les « clap clap » sont de plus en plus rigoureux à mesure que le show avance. Sophie Hunger est une artiste complète : douée, généreuse, humaine. Ce qu’on retient de ses concerts est son pouvoir caméléon car elle est capable de douceur et de rudesse, portées par une voix qui s’envole dans les airs comme deux trapézistes en représentation. Sans filet, chaque note rattrape l’autre au vol avec précision. Tour à tour à la guitare et au clavier, Sophie Hunger porte un regard frondeur mais sans animosité sur le monde qui l’entoure. Elle affiche une candeur déroutante de lucidité. Entre deux morceaux elle gratifie le public de mercis sincères voire étonnés. À ce titre, Sophie Hunger me rappelle le personnage de Sophie Amundsen dans le roman philosophique de Jostein Gaarder. « Les philosophes gardent toute leur vie une peau aussi fine que celle d’un enfant » (Le Monde de Sophie. p.31). Une étrange coïncidence que de porter le même prénom quand on y pense. Sophie Hunger pour moi c’est ça. Elle ne s’est pas habituée au monde qui l’entoure, elle ne le catégorise pas, et continue de le percevoir avec des yeux d’enfants. Mieux, cet étonnement non dissimulé, Sophie Hunger nous le fait partager. Suisse-alémanique (née à Berne), elle maîtrise néanmoins très bien la langue française, avec ce petit accent si sexy tant dans l’articulation d’écolière que dans les petites erreurs grammaticales. Son humour est touchant, rare, elle passe du premier au second degré sans prévenir. Comme par exemple lorsqu’elle raconte la condition peu enviable de la statue de la liberté. À première vue on pourrait s’attendre à un discours conceptuel sur la liberté mais il n’en sera rien. Sophie Hunger aborde la captivité de cette statue géante dans son évidente concrétude. Immobile. Prostrée. Otage des photographies. Elle imagine ce que peut penser la sculpture… en suisse-alémanique. La chanson a capella entonnée par Sophie Hunger et ses musiciens, même incompréhensible et étrange, est très belle. À contre-courant, Sophie Hunger séduit sans chercher à séduire. Lors de ce concert, elle ne sera rappeler pas moins de trois fois et offrira plus d’une heure et demie de spectacle. Aussi connue pour sa fascinante reprise de « Le vent nous portera » de Noir Désir, son quatrième album « The danger of light » est un bijou jazz pop et rock (voire très rock sur scène), qui ne demande qu’à être écouté et réécouté.

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http://www.sophiehunger.com

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One Response to #22-Le monde de Sophie (Hunger)

  1. Lou
    20 février 2013 at 18 h 12 min

    Tout juste! Merci de traduire mes pensées en mots.

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