Chronique anti-girly #8 : Le paradoxe de la bite

15 septembre 2011
Par

Préambule.

Qu’on se rassure, cet article ne concerne pas tous les hommes.

Maman ne suce pas.

Pourquoi, au moment où leur compagne devient mère, certains hommes bannissent-ils du lit conjugal la fellation ? L’accouchement fait-il perdre le coup de langue ? Que nenni. Ces hommes refusent purement et simplement que la même bouche embrasse leurs enfants et leur pénis. Apparemment, il faudrait deux bouches différentes (Balzac prévient pourtant qu’« il ne faut pas courir deux lèvres à la fois »…). Une bouche immaculée, pour la peau de Bébé Cadum. Une bouche éculée, pour la peau de l’organe. Une bouche d’égout en somme.

Dégoût ?

Outre le fait qu’on en revient à l’éternelle dichotomie de la maman et la putain, l’aveu éjacule éclate au grand jour : ces hommes pensent que leur bite souille. Comment peut-on à ce point mépriser son propre sexe (et son propre plaisir) ?

La fête du slip ?

Il paraît surprenant que des hommes eux-mêmes voient leur sexe si sale. Que se passe-t-il dans les caleçons de ceux-ci ? Et le slip devient alors un antre secret et mystérieux à l’intérieur duquel séjourne une créature monstrueuse. On ne va pourtant pas soupçonner ces hommes de manquer d’hygiène et de ne pas prendre soin de leurs parties intimes. N’empêche, la tentation est forte quand on ne peut s’expliquer autrement cette salissure associée à son propre sexe.

Sperme 2 en 1.

Si l’on suit la logique, le sperme, qui, d’un côté, a permis de concevoir cet innocent enfant pur et intact, a, de l’autre, cette capacité à tout dégueulasser sur son passage. Réversibilité. Tout le paradoxe est là. Sperme dans la chatte, c’est beau. Sperme ailleurs, c’est pas beau. Le sperme change d’allure suivant l’utilisation qu’on en fait. Tout est là.

Gaspillage.

Tant qu’on en fait une utilisation procréatrice (saine et bénie ?), le sperme est noble et digne. Dès que le sperme n’est plus que réduit au rang de témoin d’ébats et galipettes, c’est gâché. Et gâcher, c’est gâter, bousiller, cochonner, saloper…

Honte.

Et voilà. Toute nana qui se trouve le réceptacle de ce sperme galvaudé n’est et ne peut être qu’une salope. Raccourci facile ? Il y a pire. Toute jouissance ressentie alors n’est et ne peut être que honteuse, enlaidie, dégradante. Pour Monsieur comme pour Madame. On en revient toujours là, jouir c’est mal. Vieux relent d’habitudes judéo-chrétiennes dont certains ne parviennent pas à se défaire, même avec le meilleur détachant du monde. Or ce sperme qui dégouline, c’est la marque, la trace, la preuve que l’homme a joui là où il ne fallait pas. Et ça, cet homme ne l’assume pas.

Dégradant.

Parce qu’il n’accepte pas son sexe et sa jouissance, cet homme préfère faire semblant de ne pas aimer jouir. Frustration à venir ? Aseptisation des relations sexuelles ? Sacralisation de la femme et de la mère ? Sans doute. C’est le risque encouru. Ça et le mépris, le sentiment de supériorité, la déconsidération. L’avilissement ressenti en soi que l’on rejette sur les autres. Constat tragique ? Il semble qu’il existe une issue de secours.

Savoir aimer sa bite.

La sexualité de cet homme ne trouvera son salut que dans la reconsidération qu’il offrira à son sexe. Cet organe n’est pas moins beau ou plus sale que ses oreilles. L’homme doit apprendre à aimer son pénis. Oui, oui, le sien (celui du voisin, c’est une autre histoire). Et, comme disait un grand auteur, « Savoir sourire, À une inconnue qui passe, N’en garder aucune trace, Sinon celle du plaisir ». Euh, non, pas celle-là, zut… Non, un peu plus loin : « Mais savoir donner, Donner sans reprendre, Ne rien faire qu’apprendre, Apprendre à aimer, Aimer sans attendre, Aimer à tout prendre, Apprendre à sourire, Rien que pour le geste, Sans vouloir le reste »…

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8 Responses to Chronique anti-girly #8 : Le paradoxe de la bite

  1. 18 septembre 2011 at 12 h 12 min

    Merci à tous pour vos remarques.
    Bien sûr, il ne s’agit pas de nier la pruderie existante de certaines femmes. Mais cette chronique est anti-girly. Ce mois-ci, elle se penche (si j’ose dire) sur certains hommes (pas tous, loin de là) et sur un certain schéma masculin de la pensée. C’est sans doute un modèle assez rare. Cela dit, il n’est pas trop rare pour être représenté, par exemple, au cinéma, puisque Joe Pesci et Robert De Niro ont incarné ce type de mentalité, l’un dans Casino, l’autre dans Mafia Blues.

    • buchanan
      11 novembre 2015 at 16 h 32 min

      mais cette pruderie est largement crée par la peur d’être jugée qui pèse sur les femmes enfin !!!! les hommes ne grandissent pas avec le risque de se voir insulter de pute ou de salope parce qu’ils couchent à droite à gauche. votre article est très pertinent au contraire. bien sur qu’il s’agit de projections masculines qui en fait ne concernent qu’eux et leurs propres conceptions… et qui ont des répercussions sur la sexualité des femmes et leur liberté de se définir elles mêmes. ce ne sont pas les femmes qui se considèrent comme des putes ou des salopes mais bien les hommes dans une société encore fortement imprégnée de patriarcat et de religion et de cette dichotomie vierge (maman)/putain. ce sont les hommes qu’il faut libérer !!! je l’ai toujours pensé

  2. Gino
    17 septembre 2011 at 9 h 15 min

    Je connais plus de filles embrassées par la fellation (ou le cunnilingus d’ailleurs), qui trouvent ça sale, et qui évacuent tout ça de leur vie sexuelle lorsqu’elles ne se considèrent plus « jeunes filles », par exemple une fois mères. Je ne dirais pas que l’article est à côté de la plaque mais je ne suis pas sûr de connaître beaucoup d’homme qui soient concernés.

    • buchanan
      11 novembre 2015 at 16 h 27 min

      oh si… beaucoup d’hommes sont concernés justement par cette dichotomie qui leur est propre… ils projettent sur les femmes ce qu’ils pensent d’eux mêmes d’où les sobriquets et insultes habituelles de « salope » et de « pute » à l’endroit des femmes libres qu’ils associent à la baise, et la baise pour la baise pour eux ne peut être que sale et dégradante vu que leur pénis souille selon leurs conceptions des chose… la salope et la pute sont dans le regard de ceux qui les désignent comme telles…

  3. TMC
    17 septembre 2011 at 2 h 22 min

    Pas d’accord avec cet article.
    soit, il faut aimer sa bite, et encore. etc.
    Mais le sperme, ce n’est pas sale, c’est biologique. ce qui est sale, c’est un angle de vue. Cf The Rocky Horror Picture Show. ^_^

  4. Dref
    17 septembre 2011 at 0 h 16 min

    Délire… tout ce que je lis là est ce que pense ma compagne … et ça s’est renforcé quand elle est devenue mere.

    • buchanan
      11 novembre 2015 at 16 h 25 min

      et à votre avis pourquoi votre compagne pense t-elle ça si ce n’est parce qu’elle intégré cette dichotomie propre… aux hommes à la base !!! êtes vous certain de ne pas la faire vous même, sinon ça ne poserait pas de problème à votre femme (eh oui…)

  5. 17 septembre 2011 at 0 h 06 min

    Et ces mecs du coup frustrés chercheront à se taper une chatte « pure ».

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