La Diaspora des Desrosiers n’est pas ma première saga du québécois Michel Tremblay, puisque j’ai en effet découvert cet auteur avec La Grosse dame d’à côté est enceinte, premier épisode des Chroniques du Plateau Mont-Royal. J’avais été enchantée par ce roman, mais n’étais pourtant pas parvenue au bout de la saga pour diverses raisons : je m’étais emmêlée les épisodes et ne les avais pas pris dans l’ordre – ce qui est assez déroutant car les Chroniques suivent l’évolution des personnages – et, surtout, le rythme, bien mené, le récit, parfaitement structuré, dans La Grosse dame me paraissaient moins réussis selon les volumes. Ces petites déceptions ne m’ont cependant pas éloignée de Michel Tremblay et c’est avec un certain plaisir que j’ai accueilli cette autre saga parue récemment, La Diaspora des Desrosiers.
Ce que j’en pense au point où j’en suis
Je n’ai lu pour le moment que le premier volume, La Traversée du continent. Et quelle belle expérience de lecture ! J’ai parcouru ce continent en un jour, avec le bonheur de retrouver tout ce que j’avais aimé dans La Grosse dame : la perfection du récit, l’élaboration minutieuse de la narration et surtout des personnages incroyablement attachants et cocasses. La Diaspora des Desrosiers, pour rapidement présenter l’histoire, c’est un peu Star Wars Episode I : il s’agit de remonter avant les Chroniques du Plateau Mont-Royal, puisque c’est l’arrivée à Montréal de Nana, la grosse dame de La Grosse dame d’à côté est enceinte, qui est racontée. Elle n’est alors qu’une petite fille qui débarque de la Saskatchewan, ou plutôt, dans ce premier volume, qui traverse le Canada, de son petit village jusqu’à la ville de Montréal. On suit son voyage en train, après une magnifique première partie consacrée à ses derniers jours à Sainte-Maria-de-Saskatchewan auprès de ses sœurs et de ses grands-parents. D’ailleurs, je vous préviens : La Traversée du continent est un des seuls romans où l’on pleure au début et pas à la fin ! Les différentes étapes du voyage sont marquées par les rencontres avec les membres de sa famille qui l’accueillent entre deux trains : la tante Regina-Coeli à Regina, la tante Bebette à Winnipeg et la cousine Ti-Lou à Ottawa.
Si la gouaille québécoise est moins présente dans ce roman que dans La Grosse dame, Michel Tremblay y excelle pour deux choses : la peinture du Canada – de la campagne profonde aux espaces urbains du début du XXe siècle – et ses portraits de femmes. Ceux de Regina et Ti-Lou sont particulièrement forts : la première semble tout droit sortie d’un Balzac et la seconde n’a rien à envier à la duchesse de Sierra-Leone dans La Vengeance d’une femme de Barbey d’Aurevilly.
Et pour la suite ?
Un seul mot : encore ! C’est un roman qui donne envie : envie d’être dans ces trains qui traversent le continent, envie de découvrir en même temps que Nana ces villes nouvelles (et quand on les connaît déjà, c’est un bonheur encore plus savoureux de les découvrir avec les yeux de cette petite fille et l’écriture de Michel Tremblay), envie de rencontrer tous ces personnages à la fois secrets, exubérants, passionnés, et surtout, envie de lire.
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