Pénélope Bagieu, auteur-dessinatrice-illustratrice-blogueuse à succès, crée, en 2008, la BD Joséphine, dont on suit les aventures jusqu’au troisième album, sorti à l’automne dernier. Célibataire ronchon, amoureuse éperdue, cul-cul la praline et anti-girly, coureuse et romantique, battante et abattue, Joséphine est un concentré de femme qui se démène et s’agite dans une environnement qui ne lui accorde pas toujours la place qu’elle souhaiterait. Cette impression de se sentir à l’étroit, Joséphine la focalise sur son cul. Sans que ce soit le sujet des trois tomes de ses aventures, il faut bien dire que Joséphine a de sacrées fesses. De ce complexe féminin ultra répandu, Pénélope Bagieu tire des situations cocasses, touchantes et hilarantes.
Marguerite Tournesol : Pourriez-vous résumer Joséphine à trois défauts et trois qualités ?
Pénélope Bagieu : Volontaire, empathique, passionnée, et paranoïaque, névrosée et attentiste.
MT : Selon vous, lorsque l’on parle de Joséphine, doit-on plutôt dire qu’elle a : de grosses fesses, les hanches larges, le cul rebondi, le fessier mou… ?
PB : Elle a les fesses très rebondies et une jolie silhouette !
MT : Et selon Joséphine ?
PB : Elle, elle dit sans doute qu’elle a un gros cul, oui.
MT : Pourquoi avoir choisi de donner à votre héroïne des fesses au-dessus de la moyenne idéalisée ?
PB : Parce que la plupart des femmes ont un corps qui ne correspond pas à la moyenne idéalisée, j’imagine ? Non, honnêtement, je n’ai rien intellectualisé du tout, je l’ai gribouillée comme elle m’est venue, en cinq minutes.
MT : Est-ce une volonté de votre part, que Joséphine puisse représenter un peu le complexe universel de Madame Toutlemonde ?
PB : Non, il n’y a aucune volonté de ma part de faire de l’universel. Je raconte la vie normale d’une fille qui, les premiers temps, ne se sent pas super à l’aise toute nue devant son nouveau mec, comme beaucoup d’entre nous je pense.
MT : Les fesses, c’est un sujet qui vous intéresse, vous passionne, vous questionne, vous insupporte, vous titille, vous laisse indifférente… ? Et dessiner des fesses, c’est compliqué ? Amusant ?
PB : Alors les fesses euh… j’aurais tendance à dire que je m’en fiche un peu… à la limite, celles des mecs m’intéressent beaucoup plus. Ce qui est sûr, c’est qu’à dessiner, c’est plus rigolo si elles sont bien rondes, plutôt que dessiner des fesses toutes plates.
MT : Dans tout votre travail, vous arrivez à donner une très grande expressivité à vos personnages, et ce en très peu de traits, que ce soit chez Joséphine ou sur votre blog. Comment faites-vous ?
PB : Je joue tout ce que je dessine, pendant que je le dessine. Si on me filme pendant une journée de travail, je fais deux cent grimaces devant mon ordi, y compris celle de la terreur, de la surprise, de la rage, de l’étonnement… c’est la comedia dell arte dans mon atelier ! Quant à l’expressivité du trait (merci pour le compliment !), c’est quelque chose qu’on travaille beaucoup en animation, et c’est de là que je viens (j’ai fait des études de cinéma d’animation, je me suis retrouvée à faire des livres par accident). Il y a par exemple, en plus des cours de nu, beaucoup de mime, dans cette formation.
MT : Vous continuez à nourrir le blog qui vous a fait connaître (pour la plus grande joie de vos lecteurs !). Pourquoi ?
PB : Parce que j’en ai toujours besoin, pour la même raison que celle que j’avais quand je l’ai créé : le besoin de me défouler et de dessiner en dehors du travail.
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