Ah vous dirai-je maman
Ce qui cause mon tourment
Papa veut que je raisonne
Comme une grande personne
Moi je dis que les bonbons
Valent mieux que la raison
C’est une comptine qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. Chansonnette pour enfant, elle dit bien, hélas, la dure réalité de la vie d’adulte : il faut être sage et raisonnable. Mais c’est pénible, d’être sage et raisonnable tout le temps. Ce n’est pas drôle. Alors, parfois, il est si bon de faire des trucs pas du tout adultes, pas du tout raisonnables, mais tellement agréables. Manger le pot de pâte à tartiner à la petite cuiller. Sauter dans les flaques. Courir sous la pluie. Se faire porter pâle au travail et passer la journée à lire sous la couette. S’acheter une robe de soirée importable ailleurs que devant le miroir. Manger un paquet de bonbons pour le dîner. Passer la nuit à faire la fête et aller directement au travail sans avoir dormi. Chanter à tue-tête devant la glace de la salle de bain avec une brosse à cheveu en guise de micro. Tirer la langue au présentateur du JT qui annonce des mauvaises nouvelles. Sauter comme un cabri dans le salon en entendant une chanson entraînante à la radio. Rire aux éclats à une blague médiocre. Draguer un inconnu dans le bus, comme ça, pour voir. Voire plus. Prendre la voiture et rouler toute la nuit juste pour voir la mer. Se baigner dans un lac en avril. Cueillir des cerises sur un arbre qui ne nous appartient pas, et s’enfuir en riant. Imiter son patron quand il a le dos tourné. Sonner chez son homme au milieu de la nuit, nue sous un manteau. Se déguiser en fée. Jouer avec le feu.
Oui, parfois il est bon de se lâcher et de faire des trucs fous, sans culpabiliser, sans mesurer toutes les conséquences possibles, sans penser au futur, au lendemain. Juste suivre ses envies, être dans l’instant, comme un enfant, vivre le moment présent, laisser faire le hasard et les imprévus. S’accorder la joie d’être vivant et même un peu fou.
©Cédric Chort
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