#2 Le film classique : The Kid (Le Gosse, Le Kid), Charlie Chaplin, 1921

15 décembre 2010
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Une jeune femme (Edna Purviance), abandonnée par son séducteur, ne voit d’autre issue que de déposer son nouveau-né dans une luxueuse voiture en espérant lui offrir ainsi une vie meilleure. Malheureusement, le véhicule est dérobé par deux malfaiteurs qui laissent l’enfant au détour d’une ruelle. Ce dernier est alors recueilli par le vagabond (Charlie Chaplin) qui décide de l’élever. Nous les retrouvons cinq ans plus tard vivant de petites combines, très attachés l’un à l’autre et n’ayant de cesse de se retrouver malgré une société hostile des pouvoirs publics qui veulent placer le petit garçon (Jackie Coogan) dans un orphelinat à la police qui poursuit le vagabond. De son côté, la mère devenue une chanteuse célèbre a fait fortune et son enfant lui est rendu par un gardien d’asile de nuit véreux qui a arraché le petit au vagabond. Alors que celui-ci, anéanti, rêve de sa mort et voit le gosse en ange pleurer sur son corps en sang, il est réveillé par un policier qui le conduit auprès de la mère et du kid.

Le premier carton du film résume toute l’ambition de Charlie Chaplin :

« Un film avec un sourire… et peut être aussi, une larme »

La tragédie familiale qu’il traverse quelques jours avant le début du tournage le conduit à se concentrer uniquement sur la mise en Å“uvre de son nouveau projet. Marié à la jeune Mildred Harris, Chaplin a la douleur de perdre quasiment à la naissance son premier enfant né mal formé. L’événement permet aussi sans doute en partie d’expliquer pourquoi son ambition personnelle est alors renforcée. Méticuleux, soucieux de chaque détail, Chaplin produit, tourne, réalise, compose, choisit ses partenaires et élabore le scénario tout au long de l’année de travail que nécessite ce moyen-métrage, tournant cinquante-trois fois la durée du film (le record de son réalisateur). Il s’interrompt juste pour un court-métrage — où joue également Jackie Coogan — destiné à calmer les angoisses du studio qui craint de ne jamais voir le projet arriver à son terme. De « The Waif » (L’Orphelin), le titre du film devient « The Kid » à la portée encore plus universelle. Le réalisateur veut faire nôtre cette histoire bouleversante qui interroge nos propres liens familiaux : ce vagabond, ce miséreux, qui a recueilli l’orphelin est sans nul doute le meilleur des pères, la famille se révélant dans la solidité et la profondeur des liens affectifs. Il y jette également une autre partie de son histoire personnelle à laquelle il réfléchit ; lui-même, placé à l’âge de sept ans dans une maison pour enfants nécessiteux, a vécu la scène d’arrachement qu’il transpose ici de la mère au père. Il reconstruit Londres en décor, la chambre est également sienne. Pourtant l’édition DVD de MK2 montrent que les scènes coupées auxquelles il donne accès concernent toutes le personnage de la mère : le montage a donc eu pour but de lier quasi exclusivement le père à l’enfant.

Il est difficile aujourd’hui d’imaginer The Kid avec une autre bouille que celle de Jackie Coogan. Chaplin partagera l’affiche dans ce seul moyen-métrage, semblant avoir trouvé dans le petit garçon son alter ego, sa réplique visuelle. Jackie, trouvé au hasard d’un spectacle, applique parfaitement les consignes de son réalisateur, très exigeant, et fait preuve d’un mimétisme qui le ravit. Il révèle un véritable talent comique dans les scènes où il est « instruit » par le vagabond et parvient à arracher des larmes aux cÅ“urs les plus endurcis à chaque séparation. Le contexte social vient soutenir la réflexion sur les rapports entre les personnages qui vivent tous dans une grande détresse. Chaplin regarde sans misérabilisme cette Amérique pauvre où les vagabonds affluent, où les femmes sont contraintes d’abandonner leur bébé, où les liens affectifs sont rompus au sens propre par une société qui écrase l’individu le plus faible. Le happy end final ne fait nullement oublier les bras implorants du vagabond levés vers le ciel, ni le rêve qui nous donne une fin moins cinématographique. Commençant comme une petite comédie où les gentils et les méchants sont affublés d’une paire d’ailes, le rêve s’achève alors que le vagabond, après avoir été tenté par le démon féminin, est mortellement blessé. Il contemple une dernière fois son fils chéri qu’il imagine revêtu lui aussi de petites ailes, créature fragile et désespérée, perdue dans un monde brutal.

A sa sortie en février 1921, le film connaît un succès immense et international qui ne se dément toujours pas. Il est souvent considéré comme le chef d’œuvre de son réalisateur, mêlant à la perfection le comique et le tragique. Grâce à l’argent récolté, Charlie Chaplin continuera son œuvre avec United Artists USA qu’il a créée avec Douglas Fairbanks, Mary Pickford, David Wark Griffith le 19 mars 1919, et il endossera le rôle de « Charlot » jusqu’aux Temps Modernes. Jackie Coogan devient mondialement connu. Cependant il reste aussi associé aujourd’hui au « Coogan Act » (ou « Child’s Actor Bill ») acté en 1939, loi qui protège la fortune des artistes mineurs. A sa majorité, et alors que sa carrière n’avait jamais décollé, le jeune homme avait découvert que ses parents avaient dilapidé toute sa fortune. Il sera sauvé quelques années plus tard par une nouvelle famille d’adoption, les Adams, dont il sera l’improbable Oncle Fester.

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2 Responses to #2 Le film classique : The Kid (Le Gosse, Le Kid), Charlie Chaplin, 1921

  1. gruau anais
    11 novembre 2011 at 12 h 49 min

    bonjour, jaurais voulu avoir quelque renseignement sur le kid, jaurais voulu savoir la durée de l’histoire et la proportionnalite du telos consacré aux differents événements du film ? merci de me repondre au plus vite si vous le pouver car ces pour un exposer meri beaucoup

    • ZR
      28 avril 2015 at 10 h 56 min

      « The Kid » dure 68 minutes.

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