Un retour à nos racines
Cette émission me fascine depuis le départ. Pourquoi ? J’adore l’idée du dépassement de soi par le sport, le lien à la fois difficile et excitant avec une nature sauvage et en même temps nourricière.
Qui, parmi nous, peut survivre sans feu, sans électricité, sans supermarché pendant 40 jours ? Par procuration, la télévision nous promet ce spectacle qui doit faire vibrer nos atavismes.
On me promet cela, une nature hostile, des épreuves physiques. Alors, je regarde.
© Alain Issock /ALP
Qu’en est-il en réalité ?
La nature est réduite à une succession de paysages, de courtes scènes de pluies diluviennes ou encore une anecdotique probable visite de caïmans du campement des candidats repassée en boucle pour nous effrayer. Le lieu est, en fait, épuré de sa sauvagerie animale par la production pour que s’installe pleinement la furie des hommes et des femmes aiguisée par l’appât du gain. Bien entendu, je n’ai pas envie que les gens se retrouvent face à une panthère, ou qu’un candidat se réveille avec un cobra endormi sur le ventre mais je voudrais moins d’ellipses dans la difficulté de la vie au camp. Ce doit être un vrai parcours du combattant de se débarrasser des insectes, de laver la vaisselle, de trouver un bout de bois sec dans ces régions tropicales… Tout cela est évoqué, survolé. L’important est qu’on assiste au spectacle affligeant d’un candidat, qui tout en se curant les dents, qu’il n’a pas lavées depuis des jours, avec un bout de bois, débine un ou une de ses co-équipier(e)s ou explique rageusement le complot qu’il a ourdi contre lui ou elle pour s’en débarrasser au prochain conseil. L’apparence du Robinson croisé avec Glenn Close dans Les Liaisons dangereuses.
Quelques héros se démarquent dans ces épreuves et sont rarement vainqueurs au grand dam des téléspectateurs et des fans.
Pourquoi ? Parce que l’émission est tournée vers la nature humaine avec laquelle elle joue et qu’elle pique au vif en interdisant tout simplement les principes fondamentaux que sont l’entraide, la solidarité, la franchise. Et parce que les héros sont éliminés à la première occasion par ceux qu’ils ont nourris pendant des jours et des jours.
Parfois, les hommes et les femmes engagés dans l’aventure oublient que c’est un jeu car il y a urgence pour ces volontaires. Alors, la nature humaine reprend le dessus et les candidats se laissent aller à la compassion, à la tribalisation. Denis Brognart intervient et rappelle les règles : » On ne s’aide pas pendant les épreuves. » – Le règlement a d’ailleurs changé avec les fameux colliers d’immunité qui évitent maintenant d’assister à l’égrènement, conseil après conseil, d’une équipe de la couleur minoritaire après la réunification.
Tout cela mis à part, c’est quand même une émission que je loupe difficilement car comme beaucoup je pense, j’attends la victoire du vrai héros ou de la vraie héroïne. Ici, à Tahiti, on a failli assister à cet instant magique avec le aito du fenua (le guerrier du pays) : Teheiura.
Il faudra donc continuer à regarder, à vibrer, à se manger la moitié des doigts quand l’animateur retourne les bulletins de vote vers eux, vers nous.
Le vocabulaire de Koh Lanta
Conseil : Réunion des candidats sous la férule de Denis Brognart, le soir en pleine forêt. La tribu qui n’a pas gagné l’immunité doit éliminer un des siens.
Réunification : Au départ les candidats sont séparés en deux tribus aux noms exotiques et au bout de quelques semaines, les deux tribus n’en font plus qu’une, la tribu réunifiée. Les règles du conseil changent à ce moment-là. C’est chacun pour soi dans les épreuves d’immunité.
immunité : Personne ne peut voter contre vous.
Totem : Statuette qui se gagne à l’issue d’une épreuve d’immunité et qui empêche que l’on vote contre vous au conseil.
Réussir son Koh Lanta : Aller jusqu’à l’objectif qu’on s’était fixé. Par exemple, parvenir à la réunification, réussir une épreuve de confort, d’immunité, etc.
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