#11-Quand « lit » rime avec « pipi »

15 décembre 2011
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L’énurésie se soigne-t-elle ?

Votre enfant fait pipi au lit toutes les nuits (et parfois plusieurs fois par nuit) et ça commence doucement mais sérieusement à vous rendre dingue ? Le vôtre ne s’oublie que lorsqu’il dort ailleurs que chez lui ? Celui des voisins seulement quand il est chez son père, jamais chez sa mère ? Comment vaincre ce fléau banal et pourtant parfois franchement insupportable, que ce soit pour l’enfant lui-même ou pour ses parents ? Bref, l’énurésie se soigne-t-elle ?

Tout d’abord, voyons de quel pipi au lit au juste nous parlons ici. On parle d’énurésie lorsqu’un enfant n’est pas propre la nuit à cinq ans, mais on peut pousser la limite jusqu’à sept sans avoir besoin de paniquer.
Ensuite, il faut différencier les deux types d’énurésie : l’énurésie primaire, celle d’un enfant qui n’a encore jamais été propre la nuit, de l’énurésie secondaire, c’est-à-dire celle d’un enfant qui a déjà été propre la nuit pendant au moins six mois, et qui recommence à s’oublier, que ce soit ponctuel ou régulier.

Oui, les enfants veulent apprendre à être propres

Dans le cas de l’énurésie primaire, il faut avant tout rechercher les causes physiques. Parce que oui, à part quelques rares cas, les enfants veulent apprendre à être propres, et voir la fierté dans le regard aimant de leurs parents. Et surtout se réveiller dans un lit sec et qui sent bon, parce que mine de rien, c’est vachement plus agréable…
Donc, même si on entend encore trop de parents soupçonner ouvertement leurs enfants de pisser au lit par flemme, ou même pour embêter le monde, nous partirons ici du principe que le gamin aimerait bien arrêter de mouiller ses draps, mais n’y arrive pas.

Trois causes, souvent cumulées, sont généralement évoquées : une propension à produire beaucoup d’urine la nuit, une vessie à capacité réduite, et une difficulté importante à se réveiller en plein sommeil. On parle aussi de très léger retard de développement du système nerveux, qui se retrouve généralement dans d’autres domaines.
Vous me direz, c’est bien joli tout ça, mais ça nous dit pas comment on peut l’aider à arrêter, notre petit manneken-pis !

Le fameux Manneken-Pis... Photo : François Trazzi

Ne jamais l’humilier : le pipi s’en charge pour lui…

Le mot d’ordre, c’est de ne jamais l’humilier : le pipi s’en charge pour lui… Garder quoi qu’il arrive un discours encourageant, lui dire qu’il n’est pas tout seul, que vous aussi, quand vous étiez petit, ça vous arrivait. A éviter absolument : la punition et la récompense, la moquerie, les coups bien sûr (ça ne fait jamais de mal de rappeler les basiques…). De même, lui laisser ses draps sales n’est pas non plus une bonne idée (juré, y a des gens qui font ça…).

Il faut ensuite tout simplement être logique : limiter au maximum les boissons en fin de journée, apprendre à l’enfant à uriner régulièrement toute la journée, le réveiller quand les parents vont au lit, pour le porter à moitié endormi sur la cuvette et réduire ainsi les dégâts.

Responsabiliser, pas culpabiliser

Responsabiliser l’enfant est évidemment essentiel et toutes ces précautions pratiques ne servent qu’à l’aider à gagner petit à petit le contrôle sur son corps. La méthode bien connue du calendrier des nuits a depuis longtemps fait ses preuves : il s’agit d’un cahier dans lequel l’enfant marque la date du jour, et selon s’il a été propre ou non, il dessine un soleil ou de la pluie. Mais attention, ce cahier appartient à l’enfant, il ne doit être ni public, ni source de sanction ou de rétribution.
Il est aussi recommandé d’associer l’enfant au nettoyage du matin, toujours dans cette idée de le responsabiliser, et aussi pour lui éviter de penser que le sujet est tabou. Il peut par exemple mettre son pyjama et ses draps au sale.

En cas d’énurésie primaire, donc, il faut avant tout être patient, ne jamais punir son enfant, l’encourager quand il réussit à passer une nuit au sec, mais ne jamais le dévaloriser. Car c’est comme cela que l’énurésie finit par être associée à des symptômes psychologiques de faible estime de soi, de frustration et de repli.

Médicaments et alarmes anti-pipi

Si malgré tout cela, l’énurésie persiste, il existe des traitements médicamenteux relativement efficaces. Mais leurs effets cessent dès l’arrêt du traitement, donc, ce n’est à recommander que pour rassurer et éviter l’accident avant une nuit chez un copain, ou soulager temporairement un enfant qui vit trop mal la situation. On peut aussi trouver des alarmes anti-pipi, qui permettent apparemment de résoudre le problème dans 50% des cas. Contrairement aux alarmes à l’ancienne qui envoyait une mini décharge à votre cher rejeton (carrément barbare, tout de même), les nouveaux modèles permettent, grâce à des capteurs dans un petit matelas et diverses sonneries intégrées (et même un système de vibration sur certains modèles), de réveiller le petiot à la première goutte lâchée. Il faut attendre plusieurs semaines au moins pour voir les résultats, mais il semble que le cerveau finisse par associer la sensation de vessie pleine à la nécessité d’un réveil.

Enfin, pour l’énurésie secondaire, elle est généralement provoquée soit par un problème médical (sistite ou autre joyeuseté du genre), ce qui peut être rapidement traité, soit par un événement plus ou moins traumatique pour l’enfant, un changement important dans sa vie quotidienne et/ou familiale. Le problème médical mis de côté, intéressons-nous aux causes psychologiques.
Un grand classique connu par de nombreux parents : la petite recommence à faire au lit depuis que son petit frère est né. Mademoiselle se sent un peu délaissée, et mouiller ses draps comme un bébé lui procure un peu d’attention de la part de ses parents. En insistant un peu, ils pourraient même se mettre à vraiment s’inquiéter, et ainsi oublier un peu le petit braillard qui leur prend tout leur temps… ! Un divorce fera aussi l’affaire, un déménagement, l’arrivée d’un nouveau beau-parent dans leur vie, la mort d’un grand-parent.

Little Nemo par Winsor McCay

Les faux « avantages » du pipi au lit

On peut en un sens trouver des « avantages » à la situation du point de vue de l’enfant : obtenir de l’attention, avoir une place au sein de la famille, même si c’est la place d’un enfant à problème. Le pipi au lit peut même se révéler protecteur dans le cas d’enfants victimes d’abus sexuel : l’énurésie est alors censée repousser l’agresseur. Mais il vous suffira d’interroger tous les enfants qui ont mouillé leur lit au moins une fois pour constater que le ressenti le plus présent est tout de même la honte, pas la satisfaction.
Quels que soient les prétendus bénéfices que l’enfant croit en tirer, il cherche surtout à échapper à une réalité trop difficile pour lui, et il préfèrerait trouver d’autres moyens pour y parvenir… Dans la plupart des cas, l’enfant va peu à peu s’adapter à la nouvelle situation, sans avoir besoin de traitement médicamenteux ou de soins psychologiques, et les choses vont rentrer dans l’ordre rapidement. Dans les situations plus difficiles, il peut être nécessaire de prendre conseil auprès d’un médecin, pédiatre ou pédopsychiatre, et éventuellement de mettre en place une thérapie. Mais rassurez-vous, au-delà de quinze ans, seulement 1% des enfants ont encore des problèmes d’énurésie, il n’y a donc pas de raison de céder à la panique.

Parent patient tu resteras…

Ne pas céder à la panique, donc, ni à la colère, la frustration, le découragement, l’envie de crier, de hurler, voire carrément de frapper (il faut appeler un chat un chat…), surtout à quatre heures du mat’, quand on s’est déjà relevé deux fois, qu’on n’a plus de pyjama propre pour le petit, plus de drap pour son lit, et qu’on commence à avoir des pensées pas positives du tout du tout… Et quand on se sent sur le point de craquer, aller parler à son pédiatre, qui, s’il est un peu charitable, vous aidera à relativiser, et à déculpabiliser…

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