#Etés 2011 – Des BD pour l’été

1 juillet 2011
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Voilà l’été, le soleil, la piscine, le hamac… C’est donc le moment de buller et qui dit buller dit pouvoir lire tout ce qu’on a voulu lire ces derniers mois ! Dans ce numéro, les Fauteuses vous ont donc concocté une sélection de BD aux petits oignons que vous pourrez lire en étant confortablement installé dans votre lit, votre transat, sur votre serviette de plage, votre matelas gonflable, votre chaise pliable…

Tout d’abord, les deux prix révélations du festival d’Angoulême sont absolument à ne pas louper. Si vous voulez vous replonger dans votre adolescence rebelle et punk, la BD autobiographique Trop n’est pas assez de Ulli Lust (Editions Ca et là) est faite pour vous ! On suit le périple d’Ulli et son amie lors de l’été 1984. Elles sont parties d’Autriche pour aller jusqu’en Italie sans un sous et sans papiers d’identité… Elles ont rencontré de nombreuses galères et ont vécu des aventures totalement folles. A la fin de la BD, finalement, on se dit qu’on a été hyper calme pendant son adolescence ! L’autre prix révélation est un véritable coup de cœur et aussi une autobiographie. La Parenthèse d’Elodie Durand (Editions Delcourt) raconte le combat contre une maladie qui grignote petit à petit la mémoire. La mémoire d’Elodie étant abîmée, la narration fait intervenir plusieurs voix et notamment celles de ses parents qui sont des personnes clés pour l’aider à reconstruire son histoire. Cette narration multiple souligne d’autant plus l’importance du soutien familial dans cette bataille contre l’adversité. La vraie force de cette BD et qu’elle rend parfaitement compte de la souffrance et la douleur sans être larmoyante. La maladie n’est jamais abordée comme quelque chose d’irrévocable. En effet, la vie, l’espoir et même l’humour prennent toujours le dessus et donnent une vraie légèreté au récit. De plus, le graphisme en noir et blanc est sublime.

Au festival d’Angoulême, on pouvait aussi voir la talentueuse Pénélope Bagieu (que l’on ne présente plus) qui était nommée mais qui, malheureusement, n’a rien eu. Néanmoins, on vous conseille vivement Cadavre Exquis (Edition Gallimard dans l’excellente collection le Bayou) avec la jeune Zoé, hôtesse d’accueil, qui va faire une drôle de rencontre. Le scénario et l’intrigue sont rondement menés et on retrouve avec plaisir la belle plume de Pénélope. Dans cette même collection, véritable coup cœur pour Lo de Lucie Dubiarno. Lo est orpheline et elle vit, avec plusieurs autres nymphes, chez la Déesse Diane (Déesse frustrée, frigide et rigide). Elle tombe éperdument amoureuse du jeune pâtre prénommé Daphnis après l’avoir vu se laver nu dans la cascade. Malheureusement, son cœur est déjà pris par la jeune bergère Chloé et Lo va devoir user de nombreuses stratégies, plus ou moins efficaces, pour essayer de le séduire… Lucie Dubiarno nous emmène avec beaucoup de poésie et d’humour dans un monde peuplé de nymphes, de satyres, de sorcières et de dieux. Les dessins, très colorés, donnent un bande-dessinée pétulante où les décors bucoliques ont une place de choix. Le trait, tout en rondeur, est maîtrisé avec beaucoup de talent. Le tout donne une histoire drôle et polissonne que l’on prend beaucoup de plaisir à découvrir!

Dans un tout autre style, si vous aimez les enquêtes policières complexes et si en plus vous vous intéressez à l’actualité, les trois tomes de L’Affaire des affaires de Denis Robert et Laurent Astier (Editions Dargaud) devraient vous plaire. Denis Robert, qui a été au cœur de l’affaire Clearstream en tant que journaliste d’investigation puis, après, en étant mêlé à ce procès si médiatique, raconte sa version de l’histoire. On découvre donc avec grand intérêt les enquêtes de ce journaliste, on se rend compte de l’ampleur de cette machinerie et surtout, on arrive à mieux comprendre et à y voir plus clair !

Toujours pour rester dans le policier mais fictionnel et à une autre époque, il y a également les 4 tomes de Miss Pas Touche de Hubert et Kerascoët (Editions Dargaud). On plonge ici dans le Paris des années 30 et dans l’univers des maisons closes. Agathe a été sauvagement assassinée, sa sœur Blanche va mener une enquête afin de découvrir qui l’a tuée. Cela va la conduire jusqu’à fameuse maison close la Pompadour dans laquelle elle va se faire embaucher pour pouvoir faire toute la lumière sur ce meurtre. Un conseil : achetez les 4 tomes d’un coup, sinon vous serez frustré de ne pas savoir la suite !

La danse classique est à l’honneur cette année. Après le magnifique film Black Swan, voici Polina de Bastien Vivès (Editions Casterman). C’est tout aussi fort et intense. Cette BD raconte la vie de Polina à ses début, lorsqu’elle est seulement âgée de 6 ans, jusqu’à ce qu’elle devienne une danseuse russe très connue. On suit ce personnage dans sa vie de danseuse mais également, dans sa vie de petite fille, de jeune fille et de femme. Ce n’est donc pas seulement l’histoire d’un ballet ici mais l’histoire d’un personnage avec ses interrogations, ses moments clés de vie, ses choix, ses doutes… Le graphisme, tout en mouvement, est parfaitement adapté à cette belle histoire pleine de poésie et de grâce.

Toujours dans les nouveautés, il y a également la dernière BD de Leslie Plée à ne pas louper. On retrouve ses belles planches colorées dans L’Effet Kiss pas cool : journal d’une angoissée de la vie (Editions Jean-Claude Gawsewitch). Au sein de cette BD, Leslie Plée nous raconte ses angoisses, sa claustrophobie, son rapport à la peur avec beaucoup de justesse, de sincérité et d’humour! L’auteur s’attache ici à souligner qu’on a tous des névroses, que tous les individus de cette terre sont un peu barrés mais que ça ne fait pas forcément de nous de profonds déséquilibrés ! Bien au contraire, toutes ces petites failles rendent l’individu attachant puisqu’humain ! Pour rappel, vous pouvez vous délecter des tribulations de Leslie Plée à travers ses planches désopilantes postées sur son blog.

Et en parlant de blog, comment ne pas parler du dernier Boulet sorti en février 2011 et qui reprend ses notes publiées en 2008 et 2009. Dans Quelques minutes avant la fin du monde (Editions Delcourt), il y a un véritable fil rouge : la fin du monde, l’apocalypse, la mort de l’humanité. Boulet aborde cette thématique avec beaucoup d’humour, une autodérision savoureuse mais également avec un véritable regard critique sur la société actuelle : les modes de consommation, la production d’énergie, l’irrationalité… Ces notes thématiques sont entrecoupées de billets exquis sur la vie quotidienne. Et puis, on retrouve tous les styles de Boulet qui s’adonne tout aussi bien à l’aquarelle, qu’au dessin en noir et blanc avec seulement quelques touches de couleur (sa fameuse tignasse rousse), qu’au graphisme type vieux jeu vidéo. Lorsqu’on lit les Notes version papier, on en prend plein la vue et on se rend compte réellement de tous les univers graphiques et artistiques que Boulet maitrise avec brio. De plus, Boulet a un véritable sens du détail et ses dessins sont toujours savamment chiadés !

Les Fauteuses vous ont parlé de Nine Antico et de sa fameuse BD Coney Island Baby. Cette jeune auteure, bourrée de talent, a également sorti Girls don’t cry (Editions Glénat). Nine Antico nous raconte ici l’histoire de trois copines qui ne sont plus des adolescentes mais qui ne sont pas encore des femmes non plus. On les voit évoluer dans leur quotidien : le shopping, les verres pris en terrasse (pendant lesquels elles déversent leur venin), les soirées pyjamas mais également, dans leurs vies amoureuses. Ces filles bien que peu âgées semblent parfois désabusées et ont un regard souvent très cynique sur les choses ! Cela donne une BD pas du tout gnangnan et très drôle. Le graphisme et les couleurs très seventies sont superbes.

Si vous avez envie de voyager, tout en restant couché au bord de votre piscine, suivez Guy Delisle. Par contre, on vous prévient, vous irez plutôt dans des dictatures ! Dans Shenzen, Pyongyang (L’Association) et Chroniques Birmanes (Editions Decourt), Guy Delisle nous emmène au cœur de sa vie d’expatrié en nous montrant dans les moindres détails ce que cela signifie pour un occidental de venir s’expatrier dans ces pays tout en nous offrant un véritable aperçu de ce que peut être la vie pour les populations locales. Guy Delisle est toujours très fin dans ses analyses et nous permet de connaître de l’intérieur des pays bien lointains et pour lesquels peu d’informations filtrent.

Bon été et bonne lecture !

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