#7 Osez… la sodomie : un livre à mettre en toutes les fesses !

28 juin 2011
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Osez la sodomie est peut-être le volume qui colle le mieux à l’injonction audacieuse de la collection de La Musardine « Osez… ». On en a effet l’impression que Coralie Trinh Thi, qui rédige ce petit guide, se substitue à la voix du Doc qui résonnait sur Fun Radio dans les années 90 pour dire, à propos des choses du sexe, que « Non, ce n’est pas sale ». Et donc, non, en effet, la sodomie, ce n’est pas sale. Enfin, faites attention aux germes quand même, hein, c’est LE conseil que j’ai retenu : un doigt ou un sexe (ou un gode) qui est allé faire un tour du côté de l’anus ne doit pas ensuite aller voir si l’herbe est plus verte dans le vagin. Voilà, ça c’est dit.

La qualité principale de ce guide est de prendre en compte la sodomie du point de vue féminin et masculin. En rebaptisant le pénétré, yin, et le pénétrant, yang, Coralie s’adresse à tous : hommes, femmes, hétéros, homos.

Par contre, j’ai eu un peu plus de mal à suivre la perspective mystico-tantro-philosophique et, surtout, j’ai été déçue par la construction du guide. Pourquoi ? Parce que tout comme je le fais en ce moment en laissant planer un incroyable suspens sur le contenu pratico-sexuel du livre, j’ai eu l’impression que l’auteur tournait un peu trop autour du trou, euh, du pot, en multipliant les pages sur le tabou de la sodomie, les barrières psychologiques, etc. Remarquez, il est nécessaire de tourner autour du trou pour préparer la sodomie : cette pratique, insiste Coralie, demande de la préparation (aussi bien seul qu’à deux), du doigté, du temps. Et le chapitre le plus intéressant est en ce sens celui qui est consacré… à la sodomie. Ben oui. Parce que le reste, bien qu’important, comme les recommandations préventives, les blocages psychologiques, est un peu longuet, voire placé là où on ne l’aurait pas mis (si si, pour le coup, vous pouvez penser « DTC ») comme les sex-toys, qui arrivent avant le chapitre sur la sodomie, alors qu’on pourrait penser qu’user de sex-toys dans la sodomie est une seconde étape dans cette pratique.

J’ai donc eu l’impression que la sodomie n’est pas tant envisagée comme un jeu, mais comme un blocage à résoudre. Ce n’est pas forcément incompatible, mais les pages consacrées à la façon de s’y prendre, très concrètement, sont les plus réussies, à la fois parce qu’elles disent clairement ce qu’il faut faire pour mettre l’autre à l’aise et se détendre soi-même, mais aussi, avouons-le, parce qu’elles titillent l’imaginaire et le désir… Par contre, le désir disparaît assez brutalement quand le texte est entrecoupé de témoignages piochés aussi bien sur Doctissimo que sur le forum d’Aufeminin. Mais c’est assez drôle et le ton de l’auteur commentant ces réflexions est lui-même amusant et amusé. D’ailleurs, si ce ton n’est pas toujours facile à saisir dans l’ensemble du livre (ironie ? sérieux ? distanciation ? humour ?), les petits clins d’œil de l’auteur à son expérience de hardeuse ou à des postures féministes caricaturales sont vraiment plaisants.

Ainsi, même si le guide dans son ensemble est un peu ennuyeux et parfois éloigné du sujet, la façon que Coralie Trinh Thi a de dédramatiser cette pratique en insistant sur la complicité, le respect et surtout le désir réciproque des partenaires brise l’image brutale de la sodomie pour en faire une source de plaisir sexuel parmi d’autres, ni meilleure ni moins bien, juste une possibilité de plus à explorer, ou non.

Morceaux choisis

« L’orgasme anal est peut-être le plus difficile à conquérir, mais aussi le plus total, le plus intense, le plus violent.

C’est enfin l’orgasme androgyne qui libère de l’oppression du genre, et u carcan d’une identité génitale. C’est l’orgasme pansexuel : femme, homme, transexuel ou hermaphrodite, hétérosexuel, homosexuel, bisexuel, ou transgenre, chacun peut apprendre à donner et recevoir ce plaisir ».

« Si vous devez vous interrompre… donnez-vous du plaisir autrement, afin de ne pas associer sodomie et déroute, ou échec. Ce n’est pas un échec, mais un apprentissage du plaisir. Il n’y a rien d’autre à gagner que cela : du plaisir… Prenez-le autrement sans vous torturer, votre anus ne va pas disparaître. »

Osez… la sodomie, Coralie TrinhThi, Paris, La Musardine, 2007.

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8 Responses to #7 Osez… la sodomie : un livre à mettre en toutes les fesses !

  1. lexingtonsteel
    18 novembre 2014 at 15 h 34 min

    en ce qui me concerne j’aime sodomiser, pourquoi ? je ne sais toujours pas. Le vagin me plait toujours énormément mais, la sodomie me procure comme une « exclusivité », une exploration profonde de ma partenaire, un plaisir dont je n’arrive pas à me lasser; alors que je peux plus facilement me lasser du vagin. je ne peux pas trop m’étaler mais, j’avoue que ce qui me met mal c’est de trouver chaussure à son pied:cela me crée un gros blocage.

    C’est pourquoi j’aimerais savoir pourquoi j’aime autant sodomiser, pourquoi ?

  2. 25 juillet 2013 at 11 h 27 min

    Une référence incontournable pour toutes celles qui doutaient encore ! Un petit conseil d’expert : commencez par vous équiper d’un sextoy anal ! C’est un excellent moyen de s’initier à la sodomie en douceur.

  3. Polinisateur
    22 mars 2013 at 20 h 13 min

    Je ne pense pas que la sodomie est répréhensible ni dégoûtante. Au contraire, il est tout a fait possible d’y trouver un plaisir encore plus immense que par les voies habituelles.De plus avec de la douceur, de l intimité et du temps, cette pratique, dans un couple peut rapprocher considérablement. Il faut savoir que cette pratique n’est pas non plus a prendre a la légère. Au mauvais moment , elle peut être douloureuse surtout si elle n’a jamais été expérimentée auparavant.Quelques soit les raisons de ce choix, il faut savoir que ce n’est ni mauvais, ni répréhensible, c’est simplement un choix dans la vie intime d’un couple que PERSONNE n’a le droit de juger.

  4. 2 janvier 2013 at 15 h 21 min

    Je suis d’accord avec tout ce que tu dis. Moi qui étais partagée entre curiosité et blocage, j’ai été séduite par ce petit guide que j’ai trouvé très progressif, justement

  5. 17 juin 2012 at 0 h 59 min

    Je ne comprends pas pourquoi l’homme seul à l’instar de tous les vivants cherche à explorer l’inexplorable et ensuite justifier son acte insensé. Certes la sodomie est pratiquée à gogo mais il faut croire profondément et incontestablement que ceux-ci ont besoins d’aide psychologique plutôt que des éloges! Enjoliver le moche n’est qu’un métier ignoble! Ou tout simplement le pratiquant a besoin d’urgence d’aide pour être digne du titre d’humain!

    • ciaocricri
      25 juin 2012 at 1 h 37 min

      Euh… si tu dis « l’homme seul », c’est « contrairement à tous les vivants », pas à l’instar d’eux. Et la sodomie est répandue aussi chez certaines espèces du règne animal donc elle est littéralement naturelle. Je ne vois donc pas en quoi ses pratiquants auraient besoin d’aide psychologique. Après, si t’es pas fan, c’est ton choix et ça n’engage que toi…

    • toto
      3 août 2013 at 22 h 26 min

      .et la fellation ?
      ..et l’union entre personnes du même sexe ?

      > Qu’en penses-tu ?

      : Sais-tu que c’est en cherchant à « explorer l’inexplorable » qu’une paire de singes, il y a très longtemps, a réussi à faire du feu avec des cailloux.

    • Dathaniel
      3 février 2014 at 3 h 31 min

      @SMAIL,

      Commentaire rapide. Du point de vue sexuel l’Homme, quoi qu’il serait plus correcte de parler de l’humanité, est terriblement en retard par rapport aux animaux. Prenons l’exemple du bonobo, ce grand singe des forêts congolaises règle ses disputes par des câlins et le sexe. Si bien que toutes les pratiques sexuelles que vous connaissez ou même imaginez est courantes ou, au moins, présente chez ces singes. Ainsi donc, à peu prêt n’importe quel acte sexuel que nous pourrions immaginer a probablement déjà été tenté par un Bonobo quelques par.

      Ensuite, j’avoue que, d’un point de vue éthique, je n’approuve pas l’utilisation de la formulation « être digne du titre d’humain ». Cette dignité est acquise à la naissance et ne peut être perdue. Il s’agit du droit fondamentale de chaque être humain d’être considérer comme et il est de notre devoir à tous et chacun de respecter la dignité humaine. Je m’arrête là cependant, car ce n’est pas le sujet de l’article.

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