#21-Mariage pour tous : du pour et du contre ?

15 janvier 2013
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Quand il est question du mariage gay ou du mariage pour tous, les arguments pleuvent. Pour et contre. À y regarder de plus près, les arguments anti sont-ils vraiment contre ?

Ce n’est pas la priorité. 
Que ce soit vrai ou non n’est pas la question. Seulement si les opposants veulent accorder une quelconque crédibilité à cet argument, il ne faudrait peut-être pas revendiquer un million de manifestants ce dimanche 13. Car, apparemment, c’est la priorité de ce million d’opposants, qui n’ont que ça à faire, un dimanche de janvier, par 3 degrés à peine, d’aller défiler dans les rues de la capitale. Pour venir par cars et TGV entiers, il faut bien que ce soit une priorité. Ou alors ce n’est pas une priorité et seuls quelques illuminés ont fait le déplacement. Dérisoire.

Les anti sont opposés au mariage gay. 
Faux. D’une part, ils se disent non homophobes et mariageophiles. D’autre part, les manifestants interviewés dimanche n’avaient qu’un mot à la bouche : la famille. Il n’y avait même qu’à lire les slogans comme « pas d’ovules dans les testicules », ou les innombrables références au « papa » et à la « maman ». Il n’est pas là question de mariage, mais bien de procréation. Ce n’est donc pas le mariage de deux hommes ou de deux femmes qui pose problème aux anti, c’est le fait que les homosexuels aient des enfants. On peut donc tranquillement voter la loi édictant le mariage pour tous et recentrer le débat sur la filiation.

Si les homosexuels se marient, c’est la fin du mariage. 
Ouvrir le mariage aux personnes de même sexe, c’est annuler, d’un coup, tous les mariages hétérosexuels. C’est leur ôter tout leur sens. Les homosexuels veulent se marier pour ridiculiser une belle institution. Se marier avec une personne du même sexe, c’est insulter les hétéros. C’est les traîner dans la boue. Les piétiner rageusement. Les humilier. D’ailleurs, tous les enfants qui veulent faire comme papa, comme maman, comme grande-sœur ou comme grand-frère, ce n’est absolument pas parce qu’ils les considèrent comme des modèles, tut tut tut, c’est uniquement pour se foutre de la gueule de maman en marchant avec ses talons trop grands. C’est connu.

Le mariage, c’est un papa + une maman. 
C’est pas faux. Il faudrait donc prévenir tous les futurs mariés. Leur donner un délai. Pour être raisonnable, peut-être quelque chose comme trois ans. Passé le temps imparti, les couples mariés restés sans enfants verraient leur union annulée. Divorcés d’office. Qu’ils aillent se reproduire avec d’autres s’ils n’y parviennent pas ensemble. Et s’ils ne souhaitent pas d’enfants, à quoi bon se marier, sérieusement ?

Être homosexuel, c’est être subversif, pas rentrer dans le rang. 
C’est bien connu, les homos bossent dans la mode, le chaudbise ou la poésie. Ce sont des êtres à part, dans leur monde, avec un charisme fou, tout ce qui fait qu’on leur pardonne cette petite originalité sexuelle. On ne compte pas d’ouvrier homosexuels, de profs homosexuels, de boulangers homosexuels, de tourneurs fraiseurs homosexuels. À la rigueur, un fleuriste ou deux. Et encore, attention aux clichés.

L’homosexualité n’est pas soluble dans la religion. 
Ça tombe bien. Il n’est aucunement question des mariages religieux, quels qu’ils soient. La loi ne concerne bien évidemment que le mariage civil. Les associations et personnalités religieuses peuvent donc se retirer du débat, merci.

Et quand bien même, Michel Serres prouve que la religion chrétienne est fondée sur une filiation à mille lieues du stéréotype papa-maman.

L’égalité des droits est respectée : les homosexuels ont déjà le droit de se marier. 
C’est vrai. Et ils en usent. Depuis des siècles. Effectivement, depuis toujours, les homosexuels se marient. Avec des hétérosexuels, bien sûr, ou du moins avec des personnes de l’autre sexe, mais ils se marient. On ne peut pas le nier. Le mariage ne leur est donc pas interdit.
C’est d’ailleurs aussi ainsi qu’ils fondent des familles, donnant naissance à des filles et fils d’homosexuels. Des enfants déjà élevés, éduqués par des parents homosexuels, donc. Et cela, il faut le rappeler, depuis que le mariage existe.

L’intérêt de l’enfant d’abord : l’homoparentalité n’est pas un cadre épanouissant pour un enfant. 
On l’a vu, les homosexuels n’ont pas attendu une loi pour faire des enfants. Si, désormais, on se mêle de dire qui a le droit et qui n’a pas le droit d’avoir des enfants, alors la loi doit mettre en place un permis d’être parent.
Ce qui n’est pas loin d’être déjà le cas vu le nombre d’enfants qu’on retire à leurs parents – hétérosexuels – actuellement. Alors plutôt qu’un permis à points, il faudrait une autorisation ou une interdiction. « Toi, tu peux. Toi, non, ce serait gâcher. »

On ne peut pas accorder la Procréation Médicalement Assistée aux homosexuels car ce n’est pas naturel. 
C’est vrai que la PMA, c’est tout sauf naturel. Si l’on part du principe que l’on doit faire des enfants naturellement, autant arrêter la PMA, pour qui que ce soit. Pour tous. Si un couple hétéro n’arrive pas à faire d’enfant, ben c’est la nature qui veut pas, ça reste naturel. Tant pis, c’est comme ça. C’est la nature, on n’a pas à intervenir.
Si l’on veut être logique, si un enfant a absolument besoin d’un papa et d’une maman, il faut interdire l’adoption  aux femmes célibataires. Comme le rappelait le député PS Olivier Faure sur BFMtv ce 13 janvier.
Pour pousser le raisonnement jusqu’au bout, il faut également interdire les familles monoparentales.
Finalement, il faut interdire le divorce. En fait. Cela aura l’efficace avantage d’empêcher les homosexuels ayant épousé en justes noces un(e) hétérosexuel(le) de se barrer avec les enfants. C’est déjà ça.

Si l’on autorise les homosexuels à se marier, ils vont avoir des enfants. 
C’est surtout que, on l’a dit, les homosexuels n’ont pas attendu une loi pour faire des enfants. Les faire, oui. Avec un ovule et un spermatozoïde. Et parfois même une position du missionnaire. Ces enfants d’homosexuels existent bel et bien, depuis des générations (comme le rappelait François Bayrou lors de la campagne présidentielle). La plupart sont devenus des adultes, mais on a aussi des bébés, des petits garçons et des petites filles, des ados qui continuent à grandir, élevés par deux parents, mais avec un seul responsable légal officiel. À l’heure actuelle, la loi ne leur reconnaît pas leur deuxième parent, qu’il soit papa ou maman.
Oui, la loi sur le mariage pour tous permettra à ce second parent d’adopter son propre enfant, comme, aujourd’hui, tout hétéro peut adopter l’enfant de son conjoint. Il n’est pourtant ni le père ni la mère de cet enfant. Et cela ne choque personne. En son temps, Jacques Demy adopta la fille d’Agnès Varda, Rosalie Varda-Demy.

On ne ment pas aux enfants : un enfant a besoin de savoir qui est son père et qui est sa mère. 
C’est vrai. C’est le cas pour tous les enfants, adoptés ou non. C’est pourquoi les procédures d’adoption évoluent. Avec la société. Un enfant adopté est en droit de vouloir savoir. Qu’il ait été adopté par un couple hétéro ou homo.

Si l’on ouvre l’adoption aux couples homosexuels, ils passeront devant des couples hétéros.
Ah bon ? Comment est-possible ? Cela voudrait-il dire qu’une institution aussi sévère et exigeante que le protocole d’adoption estimerait un couple homo capable d’élever des enfants ? Et même mieux qu’un couple hétéro ? Nooooon ?!

Ce n’est pas naturel. 
Sans doute. Deux papas, ça ne suffit pas pour faire un enfant, c’est vrai. La médecine non plus n’est pas naturelle. Elle est humaine. La religion, ce n’est pas naturel. Le viagra. Les soins palliatifs. La pilule. La constitution. Le TGV. L’aérospatiale.
Le tsunami, c’est naturel. La sécheresse. La stérilité. La maladie. Le cancer. Le sida. La vieillesse. Le viol. Le mariage n’est pas naturel.
Comme le rappellait Raphaël Enthoven, ce dimanche dans le 13h de France 2 (à retrouver dans le zapping du 14/01/13, à 4’20), lutter pour la nature, ce n’est pas lutter pour la civilisation. C’est le contraire.
S’il faut suivre la nature, alors il faut vivre dans une caverne, vêtu d’une peau de bête, et manger de la viande crue qu’on a chassée soi-même. Cuite ? Tut tut tut, c’est pas naturel.

 

Pour rappel, la Manifestation pour l’égalité des droits, le mariage, l’adoption, la PMA et la filiation pour tous les couples aura lieu le 27 janvier à Paris.

 

Plus d’infos sur Agissons pour l’égalité

Page Facebook de l’événement

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