#18 – Sous le soleil de Cat Power

31 octobre 2012
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Forte de vingt ans de carrière, Chan Marshall n’est plus une artiste à découvrir et pourtant. Si la chanteuse américaine éclaire la scène indé depuis de nombreuses années, elle reste peu connue du grand public. Son dernier album sorti le mois dernier est l’occasion d’en parler en arpentant d’autres sentiers. Après six ans d’absence, Cat Power revient donc avec Sun (Matador records), qui s’écoute comme on déguste un croissant frais, tout juste sorti du four. Fan des débuts, j’attendais ce nouvel opus comme on attend le bus. Le disque en mains, je monte illico, m’assois au premier rang, évite les regards inquisiteurs des mères-grand qui occupent habituellement la place. Décor. C’est parti pour cinquante minutes au-dessus du monde. Sur cet album, seuls trois beats ne sont pas signés Cat Power, mais Mark Lee, un ami Jamaïcain qu’elle a rencontré à Miami. Belle performance. J’embarque dans une montgolfière qui vole au-dessus des étoiles. Si la musique se veut plus pop, les textes sont toujours aussi poétiques, sa voix enchanteresse. Certains diront qu’elle s’est débarrassée de ses démons car l’album se prête plus à la danse qu’à la méditation. A l’instar de son nom de scène, Chan Marshall ne se soumet pas, elle ne se laisse pas dompter et chante toujours son courage, son tiraillement et ses doutes. Apprivoisée peut-être, car la musique de ce dernier album est plus accessible. Certains fans boudent et cherchent la noirceur des débuts. Bizarrement, Sun me ramène justement à ses débuts. Je ressors Moon Pix de ma discothèque (quatrième album, 1998)… et le soleil a bien rendez-vous avec la lune. En bref, ce nouvel album au titre évocateur repousse l’automne et fait chanter les oiseaux migrants regroupés en bancs. « Ruin » (1er titre), raconte The Dirty Delta Blues Band avec qui Chan Marshall enregistra Jukebox en 2007. Le morceau nous emmène sur les traces de ses voyages, et résonne d’une force quasi mystique. Le clip de Cherokee, sorti fin septembre, est entièrement réalisé par Chan Marshall. Le film réalisé dans un élan fantastique montre une chasse aux vampires. « Marie moi au ciel, enterre moi au ciel,» chante Chan Marshall dans ce titre, de sa voix suave hors du temps. Enfin (last but not least), le morceau dix « Nothin but time », en duo avec Iggy Pop, est également un petit bijou. Huit minutes réjouissantes qui s’éteignent puis laissent réapparaitre les voix langoureuses pour encore deux minutes trente de musique. Récemment, sur sa page Twitter, Chan pose avec un ami sur une photo en noir et blanc. Elle apparaît blonde aux racines brunes, rasée de frais à la base de la nuque, de derrière les oreilles jusqu’au-dessus des tempes, laissant la voie libre à une crête en pagaille. Peu coutumière de la coupe punk, la tournée s’annoncerait-elle rock and roll? Auteur-compositeur, artiste engagée, toujours en proie à la décadence, à 40 ans, Chan Marshall est une artiste hors pair, libre, semblant peu consciente du talent qui l’habite. Alors si Cat Power enregistre seule pendant dix-huit mois, cette petite heure intimiste mérite le détour. Sa tournée l’emmènera en France l’espace d’une soirée seulement : le 10 décembre à Paris (Trianon).

Ecouter « Ruin »

Le clip de « Cherokee »

 

 

 

 

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