Chronique anti-girly #23 – Télévision, La Nouvelle Part : donner de la voix aux femmes

15 mars 2013
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Quand on parle représentativité des femmes à la télé, nombre de personnes ont envie de glisser bien vite tout ça sous le tapis tellement le chantier est lourd.
Après tout, des femmes à la télé, il y en a. Plein. Des tas même.
Qui fait le buzz en ce moment ? Nabila qui a perdu contact avec la tour de contrôle et Véronique Genest qui a un petit problème physique. De quoi se plaint-on.
Des experts ? Oh, pourquoi faire. Pourquoi pas des journalistes et des profs aussi.

Et du côté des jurys de radio-crochets de tout style ? Oui, oui, ceux qui se multiplient ces dernières années. Si la parité est généralement respectée du côté des candidats, on est loin du compte chez ceux qui donnent les points. La Nouvelle Star présentait cette saison dix candidats lors de son premier prime en direct : cinq garçons, cinq filles. Le jury, qui n’a cessé d’être renouvelé depuis 2003, n’a pourtant jamais accueilli qu’une seule femme sur quatre jurés. Les coachs de The Voice reproduisent le même schéma : quatre membres dont une seule femme. Idem pour le jury d’Encore une chance, de Top Chef. Sans parler de la Star Academy qui, selon les saisons, n’a parfois même pas compté de femmes dans les rangs du jury, ce qui est constamment le cas pour Masterchef.
Paradoxalement, l’émission qui semble respecter le plus la parité représentative dans son jury, On ne demande qu’à en rire, est celle qui creuse le plus l’écart au sein des candidats. Et finalement, la seule émission à observer une implacable parité reste Danse avec les stars, depuis cette année qu’une seconde femme a grossi les rangs du jury désormais composé de deux hommes et deux femmes. Comme par hasard, cette égalité observée coïncide avec un objet considéré comme proprement féminin par beaucoup, la danse.

À l’heure où l’on réclame des experts féminins, il faut les demander dans tous les domaines, y compris le divertissement. Pourquoi, encore, les femmes seraient-elles écartées de la rigolade ? Pourquoi Lio, Maurane, Marianne James, Jenifer, Mia Frye, sans vouloir leur manquer de respect, seraient-elles des exceptions ?
Alors qu’on prend rarement un tel risque avec les jurés féminins, les jurés masculins sont souvent une découverte pour le grand public. Qui connaissait Olivier Bas, Dove Attia et même André Manoukian avant La Nouvelle Star ? D’ailleurs, qui se souvient des juges hommes de Popstar ?
Pourquoi, dès qu’il s’agit d’être un peu exigeant, d’exprimer une opinion, d’estimer, de juger, restreindre la parole féminine ? Si une femme donne un avis, il faut que ça reste une exception et que cette femme soit déjà connue du public.
Le petit écran, s’il est le reflet de la société, est aussi un puissant moyen de faire changer les mentalités. Aurélie Filipetti, ministre de la Culture, blaguait récemment en déplorant que les victimes des criminels télévisuels soient trop souvent des femmes. Las, c’est bien le cas en vrai. Mais la boutade ne manque pas de pertinence. La télévision exerce une influence considérable qu’on serait fou d’ignorer. Et si le prêt-à-penser du divertissement se mettait à donner l’exemple à défaut de donner le change ?

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