Les paradoxes du travail le dimanche

28 octobre 2013
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L’idéal français se rapprocherait-il de la vie des mégalopoles dans lesquelles mall, grandes enseignes, hyper-super-méga-marché ouvrent 7 jours sur 7 et cela de 8h à minuit ? Le savoir vivre à la française comme on aime tant le dire avec un petit ton empreint de chauvinisme bien de chez nous est donc celui de la surconsommation ?

A l’heure où l’on valorise le savoir-faire à la française, les productions françaises mais aussi et surtout les belles marinières qui nous rappellent l’air de la Bretagne, on veut – dans le même temps – voir des enseignes ouvertes jusqu’à point d’heure sur les Champs Elysées mais rappelons que ces enseignes arborent essentiellement des étiquettes estampillées made in Bangladeshmade in China  et consorts. Montebourg n’a qu’à bien se tenir, le made in France n’a pas toujours le vent en poupe !

©joliesceramiques (WikiMedia)

Là n’est pas le seul paradoxe… A l’heure où des personnes de tout bord (mais ce sont quand même souvent les bobos) aiment nous rappeler l’importance de prendre le temps, de consommer responsable, d’être altruiste, respectueux de la terre et des autres avec notamment des mouvements tels que le Slow Food qui voit son nombre d’adhérents augmenter de manière significative, une autre partie de la population (ou peut-être les mêmes, nous n’en sommes pas à un paradoxe près), crie pour que l’on puisse consommer du matin au soir, du lundi au dimanche. Il faut dire que pouvoir acheter son pot de peinture le dimanche à 16h, ça n’a pas la même saveur que de le faire le samedi à 15h ! Les promenades dominicales le long des rayons de bricolage c’est si bucolique, si reposant ! Mais ne plaisantons pas sur un sujet si sensible, il vaut mieux aborder de ce pas le troisième paradoxe qui est de loin mon préféré !

Alors que l’on a vu dans les médias des représentants de collectifs se battant pour pouvoir travailler les soirs et les week-ends (l’ensemble des syndicats est depuis sous prozac) tout en nous expliquant que – bien évidemment – cela reste un choix du salarié et que – bien évidemment – le salarié qui refuse ne subira aucune pression et qu’à l’embauche – bien  évidemment – un employeur prendra aussi facilement une personne qui veut bien travailler le dimanche qu’une personne qui ne le veut pas, un sondage publié le 5 octobre par BVA pour I-Télé souligne qu’en fait travailler le dimanche c’est bien mais pas pour soi, pour les autres ! Que de bonté dans ce monde de brutes ! En effet, comme le souligne Libération : « les Français se déclarent à 69 % pour l’ouverture des commerces le dimanche, mais avouent, dans le même temps, et à 56 %, ne pas vouloir travailler eux-mêmes ce jour-là… Sauf, éventuellement, et pour 63 % d’entre eux, en cas de doublement du salaire et d’un repos compensateur ». Ayant moi-même travaillé dans un centre d’appels pendant deux ans et demi deux dimanches par mois, je peux vous dire que les deux closes mentionnées juste avant relèvent de l’utopie. L’ouverture le dimanche n’est absolument pas une démarche altruiste vis-à-vis des employés pour leur permettre de mettre du beurre dans des épinards (en échange de sacrifices) c’est seulement s’assurer plus de flexibilité et un meilleur chiffre d’affaire. Mais revenons-en au début de la citation, les personnes qui se positionnent en faveur du travail du dimanche ne sont pas forcément prêtes à aller turbiner pour autant mais par contre le faire subir aux autres n’est pas un problème… Je vois déjà certains hurler que non, ceux qui travaillent le dimanche sont des VOLONTAIRES ! Premièrement, j’en doute fortement (mais cela n’est que mon point de vue). Deuxièmement, le jour où le travail le dimanche deviendra la norme, les employeurs ne se poseront plus la question de savoir si travailler le dimanche arrange ou non leurs employés et si cela doit faire l’objet de compensations salariales et sociales… Non, cela deviendra normal et chacun sera alors confronté à une banalisation du travail 7 jours sur 7 de 8h à minuit. A ce moment là, il ne sera absolument plus question de volontariat ! Alors si je veux bien que les autres travaillent mais pas moi, il serait bon de comprendre qu’avec ce genre de raisonnement qui ne voit que son nombril et son pot de peinture, les autres qui turbinent le dimanche – un jour – cela deviendra moi.

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