#24-Cette semaine, mes larmes ont coulé

15 avril 2013
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Cette semaine, mes larmes ont coulé. Mercredi 10 avril à 7h52, une voix s’élève dans ma radio sur France Inter. Je suis arrivée devant le boulot mais je ne sors pas de ma voiture, j’écoute. J’écoute avec attention pour ne pas perdre une miette. L’homme qui avait jusqu’alors un visage tuméfié, le visage de l’homophobie, fait aussi entendre sa voix. Wilfred de Brujin témoigne face à Pascale Clark, ses propos font couler mes larmes. Enfin on entend une autre voix que celle de Frigide Barjot, ce témoignage est courageux, ce témoignage est bouleversant, ce témoignage fait du bien.

Wilfred raconte l’homophobie ordinaire, celle qui semble communément admise sans que l’on ait à rougir… Celle qui s’est complètement décomplexée. Frigide aime nous le rappeler avec son sourire figé « on aime les homos », « les homos sont nos amis » et elle s’est même trouvée une caution pour appuyer ses propos : Xavier Bongibault, l’homo de service qui sert la cause des antis mariage pour tous. Et pourtant, Frigide, Christine et les autres ont tenu des propos qui vont à l’encontre de l’égalité et sont à la tête de mouvements dans lesquels on repousse toujours les limites du nauséabond.
Au début, j’ai pensé qu’il valait mieux rire de tant de conneries mais mis bout à bout, tout ceci n’a rien de drôle. L’absurdité, la peur de l’autre, la haine, se sont invitées dans un débat qui devait ouvrir à plus de tolérance, de respect. L’irresponsabilité des uns, la passivité des autres nous ont conduit à une situation intolérable dans laquelle aimer devient un acte terrible, un acte qualifié de contre nature. L’amour est vilipendé, stigmatisé, parfois réduit à une seule pénétration. Et oui, les pédés ne font que s’enculer, ils ne savent pas aimer. Comment accepter d’en être arrivé là ? Sous prétexte qu’il n’y a qu’un schéma familial possible : un papa, une maman et de beaux enfants ? Mais dois-je rappeler le taux de divorce ? Le nombre de familles monoparentales ? Le nombre de familles composées de deux papas ou de deux mamans et qui vivent dans un cadre juridique inexistant ? Les familles recomposées ? Est-ce que tous ces schémas familiaux font des générations de déséquilibrés ? Je réponds avec certitude : NON. Soyons des optimistes, de grands fous même et faisons le pari que la différence nourrit, rend plus tolérant et plus ouvert sur le monde !
Les amalgames, la démagogie, les raccourcis sont aujourd’hui la règle alors qu’ils devraient être vivement sanctionnés. Wilfred a eu le courage de montrer son visage tuméfié, le visage de l’homophobie et de faire entendre sa voix, une autre voix. Une voix censée qui dénonce l’absurdité d’une société qui se mobilise pour que des gens aient moins de droits que les autres, une société dans laquelle aimer peut conduire à se faire rouer de coups. Wilfred raconte qu’aujourd’hui il est difficile de tenir dans la rue la main de celle ou celui que l’on aime, d’embrasser l’être aimé sur le quai d’une gare, de montrer publiquement ses sentiments pour l’autre. L’homophobie ordinaire balaie sans concession l’amour, être coupable d’aimer, un tel constat me glace et fait couler mes larmes.

Pour écouter l’émission, c’est ICI.

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