#23 Les quatre saisons des Doors

29 mars 2013
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À quelques jours du printemps, l’hiver a refait surface et décidé de faire un peu de résistance. Si depuis la neige a disparu et le soleil se montre de plus en plus, ce n’est pas encore le printemps niveau températures… De quoi alimenter les conversations et nous faire râler, à la maison, dans la rue, à la télé. Y a vraiment plus de saisons, ma bonne dame ! À croire qu’on redécouvre les caprices de la météo chaque année. Les saisons sont changeantes et imprévisibles, et face à cette inconstance constante, ça fait du bien parfois de pouvoir se tourner vers de bons vieux classiques. Quelque chose qui nous ancre, qui nous sert de bouée face aux aléas du temps et de la vie, qui nous accompagne dans ce mouvement perpétuel.

Parfois, on associe un groupe/un(e) artiste à une saison particulière. Dans le genre évident, il y a le Rat Pack et leur album de Noël (hiver), la chanson « Summertime » interprétée par Ella Fitzgerald (été), ou encore Rabbit Songs du groupe Hem (printemps). Dans le genre plus personnel, Elise Costa écoute tous les printemps les White Stripes ; de mon côté, je sais que j’ai des envies de printemps et de soleil quand Jimi Hendrix fait un retour quotidien sur ma playlist.

Et puis il y a ces artistes qui sont là toute l’année et dont l’œuvre forme la bande-son de nos saisons. Vous connaissiez Les quatre saisons de ce cher Antonio Vivaldi ? Laissez-moi vous présenter les quatre saisons des Doors. Si le groupe est clairement solaire (mais ce soleil n’est pas forcément clément), les six albums qu’ils ont eu le temps de produire avant la mort prématurée de Morrison offrent un tas de combinaisons saisonnières possibles. De quoi nous tenir compagnie face à toutes les intempéries.

©Henry Diltz

Printemps

C’est officiellement le printemps, mais on attend toujours le retour du soleil en grande pompe… Quelle autre chanson que « Waiting for the Sun » pour illustrer cet état ? La voix de Morrison porte encore les traces de l’engourdissement hivernal, mais se réveille petit à petit. Fini le décalage hivernal, c’est le moment d’aller se dorer la pilule et de reprendre vie. On redécouvre l’envie d’avoir envie, comme dirait l’autre ; on veut balancer « Hello, I Love You » autour de soi, de préférence à quelqu’un que l’on trouve physiquement intelligent. Message simple mais efficace. L’essence de cette chanson : croquer la vie à pleines dents. Le printemps, c’est bien la saison du changement. Dans « The Changeling », Morrison embrasse le changement, qu’il apporte fortune ou non (« I had money, I had none »), on s’en fiche, de toute façon on peut toujours décider de prendre la tangente (« I never been so broke that I couldn’t leave town »). Le changement est partout (« I’m the air you breathe / Food you eat »), alors autant se lâcher ! « Get loose ! », c’est bien le conseil des Doors.

Été

L’été est arrivé, et avec lui paresse, calme (ou pas) et volupté. « Indian Summer » est l’incarnation de cette saison : tout dans cette chanson rappelle l’atmosphère estivale, de la langueur affichée de la mélodie aux petits riens chantonnés par la voix adoucie de Morrison. À consommer sans modération lors d’une petite sieste à l’ombre. Mais l’été, c’est aussi la saison des orages, des road-trips et des rencontres… dangereuses ou non. Avec « Riders on the Storm », on prend son temps pour affronter tout ça. Et quand la fin de l’été approche, « Summer’s Almost Gone », c’est toujours trop tôt. Qu’est-ce qu’on va bien devenir quand cette saison bénie sera finie (« Where will we be / When the summer’s gone ») ? Alors on s’accroche aux derniers moments pour en faire des souvenirs qui nous accompagneront quand le soleil ne sera plus là.

Automne

« Strange Days »… L’automne est une saison étrange, entre la chaleur étouffante de l’été et le vent glacial de l’hiver. Une mélancolie ambiante nous poursuit sans relâche (« Strange days have tracked us down / They’re going to destroy / Our casual joys ») et nous donne l’impression d’entrer dans une autre temporalité, un peu comme l’été avant ça ; mais là où la temporalité estivale nous berçait, nous invitait à partager, celle de l’automne nous isole, nous ramène à nous-mêmes (« Strange days have found us / And through their strange hours, we linger alone »). Ce côté doux-amer de l’automne transparaît dans « Blue Sunday », où Morrison nous parle du grand amour, mais au passé : « I found my own true love was / On a blue Sunday ». N’empêche, ce grand amour est toujours présent et rayonne : « My girl awaits for me in tender time / My girl is mine / She is the world ». Comme quoi, il y a du bon aussi dans cette mélancolie, et dans cette saison. À l’automne, on retrouve le plaisir de cuisiner des plats bien chauds et réconfortants. C’est la période où on voudrait passer son temps dans une cuisine chauffée et accueillante, comme le chante Morrison dans « Soul Kitchen » : « Let me sleep all night in your soul kitchen / Warm my mind near your gentle stove ».

Hiver

L’automne fait place à l’hiver, à ses jours qui raccourcissent, à ses chutes de neige et à son vent glacial comme celui qui souffle sur « Wintertime Love » : « Wintertime winds, blue and freezin’ / Comin’ from Northern storms in the sea ». Face à ce froid ambiant, c’est la chaleur humaine qu’on recherche, le remède ultime pour se réchauffer les os : « Fallin’ in love, I’m hopin’ to be / Wind is so cold, is that the reason ? / Keeping you warm, your hands touching me ». D’ailleurs, on aimerait bien pouvoir hiberner tout l’hiver sous la couette, pour cause de grosse flemme ou de déprime hivernale. « When the Music’s Over » est faite pour nous accompagner dans ces moments-là (11 minutes en tête à tête avec les Doors = parenthèse enchantée), parfaite pour exprimer à la fois la lassitude et le blues qui nous assaillent. La musique, après tout, est notre seule amie (« Music is your only friend / Until the end »). On se laisse alors emporter par la « Spanish Caravan » finale, celle qui doit nous emmener au soleil, vers un ailleurs meilleur, vers les fortunes printanières.

Une chanson pour toute l’année

Dans ce mouvement perpétuel des saisons, on peut retenir une devise atemporelle, pour nous aider à rester légers et légères durant l’année entière. Le secret ? Prendre les choses comme elles viennent, tout en prenant son temps et son pied ; dixit « Take It As It Comes ».

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2 Responses to #23 Les quatre saisons des Doors

  1. Ephemere_lune
    29 mars 2013 at 18 h 17 min

    J’adore les Fauteuses, et j’adore les Doors. Vous avez réalisé mon fantasme ! Excellent article !!!

    • Suzy Lee
      1 avril 2013 at 16 h 58 min

      Merci pour ce message enthousiaste! Long live The Doors.

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