#21-Les dessous de Wonder Woman

15 janvier 2013
Par

La voix claire au timbre suave scande « Wonder Womaaaan », elle est rattrapée par la ligne de basse au rythme funk qui promet une intrigue incroyable : vite, ça commence !

Petite, je me souviens avoir suivi avec assiduité les « Nouvelles aventures de Wonder Woman » incarnée par Lynda Carter. A l’époque j’étais fascinée par cette femme aux super pouvoirs à laquelle je pouvais m’identifier plus facilement qu’à Superman ou à Batman. Aujourd’hui je réalise combien son costume ou plutôt l’absence de costume la rend sexy et combien j’y suis encore sensible. Dans la série télévisée, Wonder Woman ne porte qu’un corset rouge qui lui encercle la taille. Ses seins sont barrés par les ailes d’un aigle doré en forme de « W » et elle ne dispose pour tout pantalon que d’une culotte bleue aux étoiles blanches rappelant le drapeau américain. Le tout ressemble à une sorte de body bigarré et sans manche.

Brune aux yeux bleus, le teint parfait, Wonder Woman est plantureuse, sa poitrine à moitié dissimulée, elle évolue avec grâce dans des bottes à talons rouge vif, ornées d’une fine bande blanche cousue sur toute la longueur. Héroïne ultra-féminine à la force sans pareil (la voir tordre une barre de fer sans sourciller est mon passage préféré du générique), Wonder Woman est douée dans tous les domaines, elle est altruiste et ne présente quasiment aucun point faible.

La série tournée dans les années 70 ne correspond pas à la naissance du personnage puisque Wonder Woman est avant tout un personnage de comics. L’héroïne voit donc le jour en 1941 sous le crayon graphite de William Moulton Marston (qui publia sous le nom de Charles Moulton). William Marston est un psychologue américain qui a travaillé sur la pression systolique sanguine sensée détecter la déception chez les sujets testés. Cette découverte fera de Marston l’un des piliers fondateurs du détecteur de mensonges. Cela expliquerait pourquoi le lasso de son égérie est aussi appelé « lasso de la vérité ». Elle est également coiffée d’un diadème agrémenté d’une étoile rouge plantée en son centre et dispose de deux larges bracelets en or (ou en argent selon les versions) qui lui permettent d’éviter les balles. Dans cette première version, Wonder Woman est une Amazone qui vit sur Paradise Island. Elle est envoyée sur Terre et prend le nom de Diana Prince pour sauver le Monde de l’envahisseur nazi. Dans l’esprit de son dessinateur, Wonder Woman doit accomplir sa mission par la seule force de l’amour. Wonder Woman devient rapidement un symbole du féminisme qui raconte comment les femmes sont aussi bien armées que les hommes pour affronter les épreuves physiques et intellectuelles. Il est facile d’imaginer que dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale, cela a fait l’effet d’une petite bombe. Le seul moyen de maîtriser la force de Wonder Woman est de lui attacher les poignets, acte qui doit être réalisé par un homme pour devenir effectif. Sa tenue osée et son goût prononcé pour des jeux de ligotage à connotation sexuelle auxquels elle s’adonne avec les Amazones lui feront pourtant perdre du crédit. Toutefois, elle conquit le public féminin et masculin et ses aventures se vendent aussi bien que celles de Batman ou de Superman.

A la mort de Moulton en 1947, le personnage subira de nombreux remaniements. Dans la version de George Perez par exemple (1970), Wonder Woman vient de la planète Themyscira, une société matriarcale où aucun homme n’est autorisé. Le pilote Steve Trevor s’écrase sur cette planète et rencontre Wonder Woman. Elle tombe amoureuse de lui et l’accompagne sur Terre où elle est missionnée pour sauver le monde d’une guerre nucléaire. Dans cette version, Wonder Woman naît d’une union entièrement féminine sur fond de mythologie grecque. Hyppolite, désirant un enfant, modèle un poupon d’argile qui prendra vie sous l’intervention d’Athéna. Wonder Woman a deux mamans. Si la question de l’icône gay s’est parfois posée, Trina Robbins, artiste et historienne des comics américains a tentée d’y répondre en montrant notamment que Wonder Woman était très appréciée de la communauté LGBT. Le Dr. Wertham a même qualifié les aventures de Wonder Woman des années 40 à 50 de « L’homologue lesbien de Batman ». Malgré son statut ambivalent, Wonder Woman reste une super héroïne aussi vénérable que Superman et refera peut-être surface sur le petit écran. Le pilote d’une nouvelle série, produit par David E. Kelley (Ally Mc Beal, The practice) et interprétée par Adrianne Palicki a d’ores et déjà été tourné aux Etats-Unis et attend le soutien d’une chaîne pour être diffusé.

Tags: , , , , , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Suivez-moi sur Hellocoton
Retrouvez Fauteuses sur Hellocoton