#20-La broyeuse

15 décembre 2012
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Lorsque je tape broyeuse dans mon moteur de recherche, voilà les premières lignes qui apparaissent : « pour vider votre appartement en un clin d’œil ou se débarrasser des corps encombrants ».

La broyeuse dans le monde du travail n’est pas seulement une machine physique qui vise à se débarrasser des corps et à détruire. La broyeuse peut être beaucoup plus insidieuse. Des mots qui claquent, des mots qui giflent, voilà les armes utilisées par la broyeuse. Le pouvoir des mots pour détruire un être humain n’est pas à négliger. Jamais.


Les mots ne laissent pas de traces physiques mais des traces psychiques profondes :

  • En façade : être debout, donner le change
  • A l’intérieur : se sentir vidé, avoir envie de hurler

Les mots sont sournois et il est difficile aujourd’hui pour un travailleur de se dire : « je suis victime de harcèlement moral ». Car avant d’en arriver à cette conclusion qui fait froid dans le dos, les étapes sont multiples.

Il y a d’abord cette sensation de nullité. Si on s’acharne ainsi sur moi, c’est bien que je le mérite. Et si je le mérite, c’est que je fais mal mon travail. Et si je fais mal mon travail, c’est que je suis incompétent. Et si je suis incompétent, c’est que je suis nul.

Puis, il y a la honte. Dans une société qui prône la réussite et le dépassement de soi, ne pas être à la hauteur, c’est honteux. Honte sur moi de m’être attiré les foudres à cause de ma nullité. La broyeuse est perverse, ne l’oublions pas.

Enfin, il y a la sensation de dramatiser pour rien : « Non mais attends, ce n’est pas si grave si en réunion on ne m’a pas adressé un mot puis qu’on m’a coincé dans un couloir pour me dire que mon dernier dossier est à chier et qu’entre temps on m’a envoyé six dossiers à boucler pour le lendemain tout en me disant que je n’ai vraiment pas l’esprit d’équipe. C’est normal, le monde du travail est dur ». Mais non, ça ne l’est pas. La normalité n’est pas de maltraiter ses employés, c’est au contraire les accompagner. Un comportement aussi violent ne peut se justifier en rien.

Et puis progressivement, souvent grâce à l’entourage, à l’aide des proches, on arrive à penser que l’on vit une situation de harcèlement. Le harcèlement moral au travail est aujourd’hui juridiquement difficile à prouver car il s’agit souvent d’une somme de petits mots, d’actions malsaines, de phrases qui appuient là où ça fait particulièrement mal. Ces mots, ces phrases qui blessent et qui abaissent plus bas que terre.

La broyeuse est une sale langue de vipère voire même une langue de pute qui vomit ses mots jusqu’à voir ses employés plonger dans les abîmes de la dépression. La broyeuse est coupable de harcèlement moral et ça, pour une victime, c’est important de le dire et de se l’entendre dire. Les mots, toujours les mots.

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