#19-Et toi quand est-ce que tu t’y mets ? 2. On l’appellera Simone

26 novembre 2012
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Désacraliser l’avortement est un challenge bien difficile à relever aujourd’hui mais pourtant, Véronique Cazot et Madeleine Martin le font avec brio. Dans le premier tome de Et toi, quand est-ce que tu t’y mets ? l’auteure et la dessinatrice nous contaient merveilleusement l’histoire de Jeanne qui ne désirait pas avoir d’enfant. Aujourd’hui elles reviennent avec un deuxième tome, On l’appellera Simone, tout aussi réussi.

Dans ce nouveau tome, on retrouve Jeanne qui va épauler Lucie dans son parcours de la combattante pour avorter. Lucie a vingt ans et est encore étudiante lorsqu’elle tombe enceinte par accident. On suit à travers cette bande-dessinée le cheminement qu’elle va entreprendre tant du point de vue social que du point de vue médical.
Socialement, elle doit expliquer voire justifier son choix, notamment auprès de sa sœur Adeline, jeune mère de famille qui aime profondément pouponner. Ceci n’est pas toujours aisé tant les deux jeunes femmes ont des avis qui divergent. Elle découvre également avec effroi les anti-ivg qui sévissent avec virulence sur internet et qui tiennent des propos extrêmement violents envers les femmes qui vont ou qui ont avorté. Lucie se retrouve ainsi parfois déstabilisée par ces discours profondément culpabilisateurs alors même qu’elle est convaincue par le fait que son choix est le bon. Heureusement, il y a la réalité des choses qui s’impose tout doucement à elle : une femme sur deux recourt à l’avortement au cours de sa vie. Jeanne fait partie de ces femmes là. Ces femmes qui ont avorté et qui ne sont pas aujourd’hui rongées par la culpabilité. Lucie rencontre aussi d’autres femmes qui sont dans le même cas qu’elle lui permettant ainsi de conforter son idée qu’être tombée enceinte par accident ne signifie pas être une demeurée : « n’empêche t’es tombée enceinte sans le vouloir, comme cela arrive à des millions de femmes. Pas parce qu’on est toutes débiles et inconscientes, mais parce qu’on ne peut pas tout maîtriser ! ».

Médicalement, Lucie se retrouve confrontée à beaucoup de violence de la part des médecins. De celui qui ne veut pas la prendre en consultation alors que la situation est urgente à celui qui lui montre délibérément l’écran lors de l’échographie, Lucie subit de plein fouet la réalité anti-ivg. Finalement, elle arrive à se faire prendre en charge et c’est avec un immense soulagement et beaucoup de sérénité qu’elle va avorter.

A travers de nombreuses saynètes, on suit le parcours de Lucie entourée de sa sœur Adeline et de Jeanne qui va devenir sa principale alliée. Le poids de la culpabilité est longuement discuté au cours de cette bande-dessinée à travers les agissements médicaux et les idées préconçues véhiculées. Le poids social est tel qu’il impacte tout un système dans lequel on a la triste sensation qu’avorter n’est pas un droit comme les autres. Il s’agit d’un droit qui doit être justifié et qui doit laisser des plaies. Mais Lucie va bien, elle ne culpabilise pas d’avoir fait ce qui est bon pour elle, pour sa vie.

Véronique Cazot et Madeleine Martin signent ici une BD divinement libératrice. Merci ! (A mettre d’urgence sur sa wishlist de Noël, conseil de Fauteuses).

Et toi quand est-ce que tu t’y mets ? 2. On l’appellera Simone
Véronique Cazot et Madeleine Martin
54 pages
Fluide.G

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