Chronique anti-girly #12 : Ces femmes qui aiment les hommes qui aiment le foot

15 janvier 2012
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Si on tend bien l’oreille, on peut entendre, les soirs de Classico*, des phrases comme « Ta copine te laisse regarder le foot ?! Han, la chance… » Ou « C’est admirable/remarquable, ce que tu fais, Aglaé… Merci. » Étonnant, non ?

« On s’aime » ≠ « on aime les mêmes choses »

Apparemment, il existe des hommes qui aiment le foot qui sortent, emménagent, se marient, voire font des enfants avec des femmes qui n’aiment pas le foot. Des flopées, même, il paraîtrait. Bon. Ça se conçoit assez facilement. S’il faut tout partager avec sa moitié avant de faire quoi que ce soit, l’humanité va s’éteindre plus vite que prévu. Et puis, toutes les femmes qui aiment la danse n’attendent pas de rencontrer le cavalier idéal pour se lancer dans la ronde du couple. « On s’aime » ne veut pas dire « on aime les mêmes choses ».

Là où le crampon blesse, c’est qu’il existe un monde parallèle dans lequel ces mêmes femmes interdisent (oui, oui, interdisent !) à leurs hommes de regarder le foot. Pire, ces mêmes hommes obtempèrent. Ou négocient. S’ensuivent alors des pourparlers assommants de promesses et de menaces. Alors que, au départ, c’est juste l’OL qui joue contre l’OM. Pas de quoi fouetter un penalty ? Si.

Fan de foot ≠ beauf

Une page de So Foot : le fan de foot a bien changé...

Deux questions se posent alors. Pourquoi, dans ce monde parallèle donc, Mirabelle ne supporte-t-elle pas l’idée que Léon regarde un match de foot, alors qu’Aglaé n’a jamais pensé à empêcher Titouan de se faire ce plaisir ? Et pourquoi Léon se laisse-t-il faire ?

Bien sûr, dans l’imaginaire collectif, le téléspectateur de match de foot, c’est, vite fait, un supporter en délire devant son petit écran, canette de bière à la main, short immonde sur le cul, écharpe bariolée sur les épaules, rot en gorge, pizza froide sur la table basse et injures gueulées à pleins poumons à la moindre occasion. Glamour, quoi. Sauf que ça, c’est un stéréotype. Et si Mirabelle (ou Aglaé) a un stéréotype sur son canapé, on serait tenté de lui dire aussi que si elle a épousé un beauf, elle l’a un peu cherché, non ?

Car le fan de foot n’est pas un stéréotype. Y en a pour tous les goûts. Et pour toutes les culottes. Ces dames n’ont qu’à choisir le leur.
Oui, le fan de foot a bien changé. N’y a qu’à lire un numéro de So Foot pour s’en rendre compte.

Match de foot pour Léon = Mirabelle s’emmerde

Une fois les clichés évacués, la question persiste : qu’y a-t-il d’insupportable pour Mirabelle ?
Ce n’est pas le salon occupé. Mirabelle déteste autant que Léon regarde le match à la maison, que chez des potes ou dans un bar. Ce n’est pas que Léon se transforme en beauf pour un soir, car, on l’a vu, soit Léon est un beauf depuis toujours, soit Léon sait profiter d’un match sans épeler le nom de son équipe favorite en rotant. Ce n’est pas non plus parce que ce soir Mirabelle voulait regarder un autre programme, car Léon peut aller voir le match ailleurs (et Mirabelle aussi peut se bouger les fesses de temps en temps, hein).
Mais alors quoi ? Il semblerait – mais on attend encore des analyses scientifiques plus poussées sur la question – il semblerait, donc, que Mirabelle, les soirs de match, se sente délaissée, abandonnée, mal aimée, inutile, esseulée. Faut dire aussi qu’y a Messi qui joue là ! Sauf que Mirabelle s’en fout. Parce que, pendant le match, Mirabelle se fait chier.

Il aime le foot ≠ il ne m’aime pas

Elle se met aussi à croire que Léon s’amuse plus avec ses potes qu’avec elle. Ah, le salaud. Eh oui, elle est jalouse. Jalouse du foot ! Comme c’est un goût qu’elle ne partage pas, elle se sent rejetée. Et voilà que ça recommence, Mirabelle se sent seule au monde.

Qu’en est-il d’Aglaé pendant le match ? Aglaé en profite ! Elle fait ce qui lui plaît. Elle peint, elle chante, elle écrit, elle tricote, elle dort, elle lit, elle joue, elle regarde sa série préférée, elle s’adonne à sa passion, elle travaille même si elle veut. Ou elle sort, se fait un ciné, avec des ami(e)s. Bref, le match se termine toujours trop tôt pour elle.

Et c’est bien là le problème : si Mirabelle savait s’occuper toute seule, elle n’emmerderait pas Léon chaque fois qu’il fait quelque chose qu’elle n’aime pas, et donc sans elle. Parce que, en fait, ce que voudrait Mirabelle, c’est que Léon arrête immédiatement de s’adonner à toute activité qui n’est pas de son goût, à elle. Euh… Qui est l’égoïste, là ? Ahum.

Couple ≠ privation de liberté

Parce que, le couple n’étant pas la privation de liberté, il y a des soirées à deux et d’autres où chacun fait fait fait c’qui lui plaît plaît plaît… Sans que ce soit un crime de lèse-amour ou quoi.
Il faut que Mirabelle comprenne que regarder un match de foot de temps en temps (et même tous les mercredis) n’est pas une insulte faite à leur amour, n’est pas non plus une cause de divorce, n’est pas, enfin, le signe que Léon ne l’aime plus (sauf, peut-être, s’il est soudainement devenu fan de foot depuis trois mois…).

Un homme qui apprécie le foot, c’est somme toute ultra banal. Si, malgré tout, on est définitivement allergique, on n’est pas obligée de sortir avec. Et si Mirabelle n’aime rien faire toute seule, ce n’est quand même pas la faute de Léon, si ? Non.

* Quand Madrid joue contre Barcelone. Et réciproquement.

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One Response to Chronique anti-girly #12 : Ces femmes qui aiment les hommes qui aiment le foot

  1. Eva
    15 janvier 2012 at 22 h 41 min

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