Vous êtes en couple ? Ce n’est pas une fatalité. Pour briser vos entraves et retrouver votre liberté perdue, voici un petit livre indispensable à mettre dans toutes les bibliothèques !
« Vous n’êtes pas amoureux, vous êtes ACCRO ! Vous n’êtes pas en couple, vous êtes en cage ! » Pour remédier à cette aberrante situation dans laquelle des milliards de personnes se complaisent, un manuel existe, qui propose une méthode « simple, claire et sans effet secondaire », ainsi que « non violente et garantie 100% efficace et définitive » (en fait, on apprend à la fin de l’ouvrage que l’efficacité constatée n’est que de 75%, mais passons).
Le couple fait grossir et diminue la libido
Ce petit livre, qui se présente comme une véritable méthode avec slogans, fiches-soutien et tests, émane de la série télé d’Arte Les Invincibles, qui racontait en deux saisons (la diffusion de la saison 3 n’est pas confirmée) l’histoire de quatre potes trentenaires ayant décidé de rompre simultanément avec leurs copines du moment, pour se lancer dans une vie fêtarde de relations sans lendemain (ou alors, pas plus de 7 lendemains).
La méthode, rédigée avec rigueur en trois parties (« Pourquoi il faut abolir le couple », « Sortir du couple » et « Devenir célibataire et le rester »), se veut stimulante et progressive, et se fonde sur une réflexion nourrie de chiffres et d’exemples concrets. Un essai-manifeste qui articule avec brio théorie et pratique. Car pour ses auteurs, Robert Macia et Julien Péluchon, le couple est bien un « enfer » (qui coûte cher, fait grossir, augmente le taux de cholestérol, diminue la libido, altère la bonne humeur naturelle et rend sourd, entre autres), malgré l’idéologie dominante, dont il s’agit de démonter les principes : « Rares sont les espèces dans la nature à vivre en couple. À part quelques oiseaux qui, de toute façon, vivent en cage. »
La pression sociale favorisant le couple n’est, selon les auteurs, qu’un vaste mensonge inoculé aux enfants dès le plus jeune âge, et auquel il convient de substituer le modèle social des bonobos, qui s’envoient en l’air avec le premier venu pour éviter les conflits. « On nous ment en affirmant que le couple est un facteur d’équilibre, non seulement pour l’individu, mais aussi pour la société tout entière. Inutile de s’attarder sur les sombres statistiques des violences conjugales ni sur les troubles latents liés à la vie en couple. Adultère. Petites et grandes lâchetés : “Mais bien sûr que j’étais au bureau, où voulais-tu que je sois ?” Mesquineries en tout genre : “C’est déjà moi qui ai vidé le lave-vaisselle hier.” »
D’ailleurs, le couple contrevient aux valeurs de la République et fait régner la loi du plus fort : les gens beaux, grands et riches ont statistiquement plus de chances d’être en couple. Mais voilà : le couple, comme la cigarette, rend accro ! Une addiction à laquelle bien peu échappent ; parmi eux, les ados, qui ne sont que 0,6 % à vivre en couple : « Mère Nature semble les avoir dotés d’une protection naturelle contre le couple : l’acné. » Mais l’Histoire est en marche, l’augmentation du nombre de divorces dans toute l’Europe le prouve. On avance inexorablement vers une abolition du couple.
SMS ou face-à-face ? La bonne façon de rompre
L’ouvrage dispense quelques précieux conseils pour rompre. On apprend ainsi que le vendredi soir est un jour idéal pour opérer. Il convient de s’y préparer un peu, par exemple en prévoyant une solution de relogement, pour ceux qui vivent ensemble. Il faut aussi choisir soigneusement le lieu de la rupture : « Si vous avez pensé à une rupture en extérieur, avez-vous pensé à la topographie des lieux ? Falaise à proximité, gouffre, marnière, champ de tir militaire ». On peut aussi (pour les timides ou les lâches) choisir de procéder à distance, par exemple par SMS (« c fini » ou « dsl mé je préf kon en reste la. ») ou, mieux, par e-card : simple et pratique, ce moyen de rupture présente de plus l’avantage d’être tout à fait moderne. Quelques idées trouvées sur ce site :
Classique :
Espiègle :
Comparatif :
Ou plus trash :
On peut aussi s’inspirer de ces deux cartes animées.
Les auteurs conseillent toutefois, dans ce cas, d’associer ce procédé à « un autre medium de rupture qui confirmera que vous ne plaisantez pas ».
Mais la plupart des gens choisiront la voie courageuse : le face-à-face. Ils trouveront dans ce livre de nombreux conseils pour réussir ce grand oral, parmi lesquels celui d’être « pédagogique » : « Assurez-vous que votre partenaire vous comprend bien en vous servant de formules du genre : “Tu comprends ce que je te dis ?” “Allô, toc-toc, tu es avec moi ? ” ».
Vous ne savez pas quoi dire ? Là encore, on vous livre des arguments « clés en main » pour vous tirer d’affaire, du « classique » (« Tu pues ») à l’excentrique (« J’entre dans les ordres ») en passant par le faux-cul (« Je ne te mérite pas »). Les auteurs proposent également des réponses toutes faites pour remédier à une absence momentanée de répartie sous le coup de l’émotion, ou pour savoir réagir devant un(e) partenaire qui fond en larmes (« Je ne le prends pas dans mes bras. Je ne culpabilise pas. Je m’en vais. »).
Ne pas se faire embobiner dès le premier baiser !
Une fois cette épreuve réussie, toute la difficulté est de ne pas rechuter ! Ce serait idiot, après tant d’efforts et de chemin parcouru sur la voie de la guérison. Le livre donne des conseils pour apprivoiser sa nouvelle vie de célibataire (s’offrir des cadeaux à chaque nouveau palier franchi – comme ne pas penser à son ex pendant trois jours, par exemple –, changer ses habitudes…) et indique comment gérer les crises de manque, et éviter de retomber dans le panneau ensuite.
Les auteurs conseillent de ne pas reprendre une activité sexuelle trop vite après la rupture : « le risque de vous faire embobiner dès le premier baiser est maximum. Donc prudence, doigté et beaucoup d’huile de coude ». Une période d’abstinence de six mois minimum est à observer pour les plus fleur bleue. Ensuite, pour ne pas retomber dans la mascarade couplesque, s’interdire toute relation de plus de dix jours, et éviter les « individus trop beaux, dont vous risquez de tomber amoureux, ou trop laids, qui tomberont amoureux de vous ». Et toujours, « restez persuadé que vous avez pris la bonne décision » et « aimez-vous ».
Cette méthode miracle n’ayant pas été testée par les Fauteuses de trouble, nous ne pourrons confirmer ou infirmer le taux de réussite de 75% que déclarent les auteurs en conclusion de l’ouvrage (« Les 25% d’échecs correspondent généralement à des erreurs graves de jugement. Tomber amoureux de sa belle-mère ou de son professeur de tango »). Nous proposons donc à nos lecteurs de nous communiquer leurs résultats après lecture et mise en application. Sans doute que peu d’entre vous serez convaincus par cette méthode à lire au dixième degré, qui pourrait même renforcer votre addiction au couple… mais vous avez au moins l’assurance de passer un bon moment et de détendre un peu vos zygomatiques (avec le risque de vous poser aussi quelques vraies questions…).
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