Vous l’aurez remarqué : c’est la rentrée ! Enfin c’était la rentrée. Selon les secteurs, de mi Août à fin octobre. Bref, le mois de septembre, grosso modo, c’est la rentrée, et qui dit rentrée, dit nouveauté. Allez savoir pourquoi la rentrée s’accompagne toujours de l’idée d’un nouveau départ, d’un changement, et d’une excitation qui n’a rien à envier aux bonnes résolutions du 1er janvier : la rentrée littéraire et ses 654 nouveaux romans cette année, la rentrée télé et ses nouvelles grilles de programmes, la rentrée radio et ses nouveaux départs (France Inter plus désertée chaque année…) la rentrée scolaire et ses nouveaux cartables, la rentrée boulot et sa (ou plutôt notre) nouvelle garde-robe… Bref, tout le monde attend plus ou moins la rentrée et s’interroge sur ce qu’elle va bien pouvoir lui réserver comme lot de surprises.
Le truc, c’est que, comme son nom l’indique, il n’y a pas beaucoup de surprises en fait à la rentrée. Sinon, elle ne s’appellerait pas la rentrée, mais plutôt la sortie. Le mot n’a d’ailleurs pas vraiment évolué depuis ses origines au 12ème siècle : rentrer, c’est recouvrer, entrer de nouveau, récupérer. Au 15ème siècle, la rentrée, c’est d’abord la retraite, puis « le retour en un lieu d’où l’on est sorti », et enfin, deux siècles plus tard, la reprise d’une activité. Re, re, re… tous ces mots-là ne cachent pas leur navrante signification : la rentrée, c’est bien plus la répétition que l’innovation !
En dehors du bien connu métro-boulot-dodo, que nous réserve cette rentrée 2011 que nous ne connaissons pas déjà ? Pas grand-chose hélas ! Le 27 septembre, ce sera, encore, diront beaucoup, la grève des enseignants. Certes, tous les ans c’est la même (c’est bien ce que je dis…). Et tous les ans le franchouillard de base
n’aura pas la présence d’esprit de penser que si tous les ans c’est la grève, c’est peut-être que tous les ans c’est la même m… ! En l’occurrence, des postes supprimés, des moyens enlevés, et des élèves toujours plus nombreux et pas plus gérables pour autant.
Donc c’est la rentrée, et pour les politiques aussi. Dès fois, on aimerait bien qu’ils fassent grève aussi. Mais non, ils sont toujours là, et pas plus efficaces pour autant. C’est la rentrée, et, comme d’habitude, c’est aussi le retour des guéguerres entre les camps, mais aussi à l’intérieur des camps. Des guerres civiles en somme. Au PS, Martine Aubry se fout de François Hollande, qui ignore Ségo, qui est mauvaise joueuse, tape du pied et parle de « François Hollande » pour désigner son ex. Heureusement que DSK est hors course. Il les aurait mis tous KO, on aurait moins rigolé !
Côté UMP, c’est bluff et langue de bois, encore et toujours. Chatel et son tour de passe-passe : plus d’élèves + moins de profs = plus de personnalisation. Magique ! Chirac et sa perte de mémoire réversible, mais qui tombe à point nommé. Pas mal ! Lefebvre et ses raccourcis idiots et bien sûr Sarko dans le rôle (de composition ?) du bientôt jeune et heureux Papounet !
A droite toute, rien de nouveau sous le soleil non plus, puisque notre Marine nationale met l’accent sur les savoirs fondamentaux du FN, à savoir « l’immigration massive » et « la préférence nationale ».
C’est la rentrée, et nous retournons effectivement en terrain connu : le chômage ne baisse toujours pas, bien au contraire. C’est la rentrée et comme d’habitude ce sont un peu toujours les mêmes qui trinquent : la hausse du chômage touche plus les femmes, et même leurs innocents petits enfants : non seulement les fins de mois seront difficiles, mais les voilà maintenant potentiellement interdits de cantine. C’est la rentrée, et comme d’habitude, on nous prend pour des cons : si le chômage augmente, c’est de notre faute. Nous n’avons qu’à être moins heureux et amoureux et arrêter de fabriquer des petits chômeurs en babygros ! Remarquez, celle-là, on nous l’avait encore jamais faite ! Rien ne change en ce mois de septembre, surtout pas le prix des choses. Ou plutôt si, il augmente, encore et encore. Pour preuve, le coût de la rentrée justement : 6,8 % de plus que l’an dernier.
Passons sur le énième roman d’Amélie Nothomb ou sur les soi-disant nouvelles émissions de téléréalité, tout ça n’est pas très grave, c’est d’ailleurs seulement passager c’est-ce pas ? Nul doute que cette année électorale, théâtre de très prochaines guerres intestines et autres combats de coqs, sera marquée par le changement…Vous en doutez ? Moi aussi !
Chapeau pour ce nouveau numéro! Maquette, ligne éditoriale, qualité d’écriture, ton, j’aime vraiment beaucoup beaucoup!
Bon, je n’ai pas trop le temps de tout décortiquer mais je salue votre « petite entreprise ». Longue vie aux fauteuses de trouble!