#6 Maigrir et se faire plaisir !

15 avril 2011
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C’est le printemps ! Bientôt l’épreuve du maillot de bain… Pour perdre les kilos accumulés pendant l’hiver et retrouver son bien-être et sa forme, rien de tel qu’un petit régime détox avant l’été ! C’est possible même en restant gourmande : aujourd’hui, de nombreuses recettes permettent de maigrir sans renoncer à se faire plaisir. Pour ce numéro printanier, les Fauteuses vous ont concocté un résumé des dernières tendances détox et minceur, avec de nombreuses idées de recettes et des conseils pratiques !

Vous y avez cru ? Allez, on va dire que c’était un poisson d’avril tardif ! Non, vous ne trouverez pas de recettes de régime sur Fauteuses de trouble, même déguisées sous le très tendance « détox » (autre masque : « bien-être » ou « saveur »). Un régime reste un régime… Et malgré les régulières professions de foi des magazines féminins – vive la diversité, vive les rondeurs, à bas les privations, vive la gourmandise – on retrouve tous les ans, à la même période, des numéros « Spécial maigrir » présentant des conseils de régimes amincissants, des conseils de recettes « détox », « minceur », « bien-être », « légères »… La version internet du magazine ELLE, pape du secteur de la presse féminine, a même une rubrique pour cela :

Rubrique dans laquelle on trouve de très nombreuses « fiches régime » : après les fiches-cuisine, on a maintenant les fiches régime : un nouvel art culinaire, sans doute… So 2011 !

Mais depuis quelques années, non seulement les magazines féminins ne faiblissent pas dans leur croisade anti-gourmandise saisonnière, mais d’autres supports et d’autres médias prennent le relai : qui n’a pas entendu parler, aujourd’hui, du fameux régime Dukan ? Si vous faites partie de cette espèce menacée des gens qui ne connaissent pas ce monsieur, vous pouvez aller lire cet article qui résume assez bien la chose : envies de meurtre, pratiques bizarres, idolâtrie… Malgré cela, un succès étonnant ! Qui reflète le succès plus général des régimes en France.

Mais alors, si les régimes ont de plus en plus de succès (il y a même des sites comparateurs de régime, pour trouver celui qui vous convient), le nombre de personnes en surpoids doit baisser, non ?

Non.
Parce que les régimes ne servent à rien. Ils ne font pas maigrir sur le long terme. Ils peuvent même être dangereux. C’est prouvé par des centaines d’études depuis des années : l’organisme, face aux privations, réagit en augmentant ses réserves. Lorsqu’on reprend l’alimentation normale, les réserves se reconstituent tout naturellement. Plus récemment, un rapport de l’Anses mettait en évidence les dangers pour la santé de la plupart des régimes amaigrissants. La plupart des gens reprennent entièrement les kilos perdus, voire plus.

Faire un régime, c’est se punir pour s’être trop « laissé aller », laissé aller à la gourmandise, ce péché. Autrefois, on punissait les enfants désobéissants en les mettant au régime : au pain sec et à l’eau ! Le régime, c’est la punition des enfants désobéissants d’aujourd’hui : les adultes fauteurs qui écoutent leurs envies.

Plus qu’une simple punition, selon Gérard Apfeldorfer du GROS (Groupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids), c’est un véritable système de tabous et d’interdits que met en place le régime, qui nous condamne à rejouer sans cesse la transgression du péché originel… « Dans le cas d’un régime amaigrissant, certains aliments ou groupes d’aliments deviennent prohibés, tandis que d’autres deviennent plus ou moins obligatoires. En définitive, faire un régime consiste à cesser d’obéir à ses penchants, ne pas manger ce vers quoi nous porte spontanément notre appétit, nos goûts, avoir au contraire une alimentation raisonnée », explique-t-il dans cet article sur le site du GROS.

Lutter contre ses désirs, ce n’est pas sans conséquence. À force de lutter contre soi-même, on peut en arriver à se dérégler complètement. « L’institution de tabous alimentaires favorise la perte de contrôle : dès lors qu’on aura consommé une petite quantité d’aliment tabou et qu’on aura transgressé l’interdit qu’on s’était fixé, on mangera sans limite. La règle du « tout ou rien » gouverne l’alimentation. » La personne au régime est dans un état intenable, entre l’hyper-régulation nécessaire au respect des interdits, et le risque toujours menaçant de la perte de contrôle.
Cette schizophrénie est au cœur de notre société « de consommation », qui nous soumet en permanence à des tentations omniprésentes, à travers la publicité notamment (tentations que la publicité met elle-même en scène, en particulier pour les publicités alimentaires), tout en nous enjoignant de nous contrôler, de nous réguler, de nous modérer. Obsession du contrôle dans un univers de tentation permanente.

Sanseverino : Maigrir
Sanseverino : Maigrir

La même schizophrénie est à l’œuvre dans un système où la télévision et la presse people (et les numéros spéciaux du Point) ne nous parlent que des riches, faisant miroiter à chacun l’espoir d’un jour en devenir un – par sa débrouille, sa persévérance, son esprit d’entreprise – tandis que nos dirigeants nous martèlent qu’il nous faut de toute urgence entamer un « régime sec » et nous « serrer la ceinture ». Ne soyons point trop gourmands : les caisses sont vides, n’est-ce pas… modérons nos appétits !

« Faire barrage à ses désirs alimentaires oblige à étouffer ses émotions et sensations, ses pensées personnelles, qui risqueraient de nous détourner de notre effort », poursuit Gérard Apfeldorfer. Certainement pas la meilleure voie pour se réconcilier avec son corps… Il semble bien que pour ne pas se retrouver dans ce paradoxe permanent, il faille revenir à une écoute de soi et de ses désirs. Ecouter ses désirs : n’est-ce pas la meilleure définition de la gourmandise ?

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