#6 Le café gourmand

15 avril 2011
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J’aime la Brasserie du Parc pour son ambiance chaleureuse, pour son patron qui m’embrasse comme du bon pain lorsque j’arrive au sein de son établissement, pour la cuisine comme chez maman et pour le superbe plateau de desserts qui trône fièrement au milieu de la salle.

Quand on vient chez Olivier, c’est pour manger de la bonne cuisine française ! On peut se délecter d’une bonne blanquette de veau à l’ancienne, d’un bœuf bourguignon, d’un onglet avec une bonne sauce au vin. La plupart des plats sont mijotés et sont cuisinés avec beaucoup de beurre et de crème. En bref, vous comprendrez que la brasserie du Parc ne prétend pas faire du diététique. D’ailleurs, le chef aime dire à qui veut bien l’entendre : « le gras, c’est le goût ! » .

Outre les bons petits plats préparés, chez Olivier, ce qui vaut le détour, c’est le plateau de desserts. Il y a des tartes aux citrons meringuées, des fondants au chocolat, du gâteau au marron, de la tarte à la praline et de nombreuses autres douceurs plus tentatrices les unes que les autres. Lorsqu’on connaît le patron, on a même le droit à deux ou trois desserts différents et le tout peut être arrosé, sur demande, de crème anglaise et de chantilly maison.

Un jour où je m’étais régalée d’une soupe à l’oignon en entrée et d’une blanquette en plat, je me sentais bien aise et mon seuil de satiété était largement atteint. Par conséquent, ce fut une des rares fois où je déclinais l’offre des desserts. Olivier était consterné :

« Ah non, pas vous ! Vous n’allez pas faire comme toutes ces femmes qui refusent systématiquement un dessert… Je ne sais plus quoi faire, je diminue mon plateau de mois en mois, mais rien n’y fait, je continue de jeter ! Puis là, avec l’approche des beaux jours, c’est catastrophique, elles ne veulent plus que du thé vert ! »

Je me suis sentie coupable de non gourmandise.

©Marguerite Tournesol

Trois semaines plus tard, je suis retournée à la Brasserie du Parc. Olivier m’installa à ma table et me montra d’un signe de tête l’ardoise pendue au mur « Café ou Thé gourmand à 7€ ». Il était fier comme tout et il m’expliqua qu’il en avait eu vraiment ras le bol de cette diminution des ventes et du gaspillage et que donc, il avait décidé de s’essayer au stratagème des petites portions : « Elles ont l’impression d’ingérer moins de calories, mais moi, je vous le dis, ce n’est qu’une impression ! Et puis en plus, elles peuvent continuer à boire du thé vert !». Il continua son explication en me disant qu’il avait fait évoluer son offre au bout d’une semaine après avoir pris connaissance des nouvelles tendances de consommation et notamment la montée du faire soi-même : « les gens aiment dire précisément ce qu’ils veulent dans leurs salades, dans leurs sandwichs ou autres, ils ont la sensation de maîtriser avec précision ce qu’ils mangent ». Par conséquent, Olivier propose désormais à ses clients de choisir 4 desserts parmi une offre de 12 (en expliquant précisément de quoi est composé le dessert en question : lait de soja, farine de quinoa…). Il privilégie les produits bio et il a également introduit des desserts à base d’huile essentielle. Visiblement ça fait un tabac puisqu’il a même supprimé son plateau de desserts qui trônait au milieu de la salle de restaurant (à mon plus grand désarroi, puisque la gourmandise commençait à s’éveiller en regardant avec envie toutes ces douceurs).

Après cette riche discussion avec Olivier, il est apparu clairement que le café gourmand semble donc répondre à toutes les attentes de la vie actuelle :

  • Avoir la sensation de manger moins et ainsi se déculpabiliser d’avoir cédé à la tentation d’une portion complète d’un dessert
  • Pouvoir goûter et ne pas avoir à faire de choix. Lorsqu’on voit la profusion de l’offre ce n’est pas toujours simple d’arrêter un choix et cela peut même générer une petite anxiété : est-ce que l’on a fait le bon choix ? De plus, le fait de pouvoir goûter « un peu de tout » est souvent apprécié par les clients. Mais également, dans le cas d’Olivier, d’offrir le choix au consommateur de ce qu’il va ingérer. Ceci répond notamment au principe d’incorporation expliqué par Paul Rozin : « je suis ce que je mange » et repris par le sociologue de l’alimentation Claude Fischler : « si je suis ce que je mange et que je ne sais pas ce que je mange alors je ne sais pas qui je suis »
  • Optimiser son temps ! En effet, le café gourmand cela permet de consommer son dessert et son café en même temps !

Personnellement, je regrette parfois cette standardisation de l’offre même si je comprends bien que les restaurateurs doivent s’adapter à la demande ! De plus, ils sont peu nombreux à essayer de développer une offre originale à moindre coût. En outre, j’avoue avoir une tendresse pour le café comme un moment à part : celui des conversations à bâtons rompus qui peut s’éterniser plus ou moins longuement !

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