#3-Chronique anti-girly : My bloody fucking prick Valentine

15 janvier 2011
Par

15 janvier… Dong. On sonne le glas. Dong. Les Saint Nicolas, les Pères Noël, les Rois Mages et autres enfants Jésus ne sont plus que vagues souvenirs, vieillards inutiles, symboles archaïques. Car voici bientôt venir le terroriste, le despote, l’exigeant Saint Valentin. Moins d’un mois… Que faire ?

Dictature.

Moins d’un mois pour trouver celui ou celle à qui l’on offrira un joli petit paquet rouge en forme de cœur – tout au moins. Et, surtout, celle, celui, qui offrira le plus beau des cadeaux : tout son amour, mais, plus que tout, toute sa présence et son attention le fameux soir. Bref, la personne pour donner le change.
Parce que, le soir du 14 février, il FAUT être accompagné. Il FAUT aller au restaurant – et pas au Quick, hein, ni même chez Hippopotamus ou à la brasserie du coin, que nenni, il FAUT un magnifique endroit, cosy, intime, romantique : on compte sur les chandelles et le champagne. Attention, ce n’est pas fini. Il FAUT les mots d’amour qui tuent, la plus belle déclaration qui soit, tellement belle qu’on la raconte – par cœur – dès le lendemain, à toutes les copines. Comme il se doit, pour assortir à la poésie, il FAUT la nuit torride et, donc, of course, les dessous chics, rouges, noirs, dentelle, satin, soie, résille. Tout le toutim. Il FAUT qu’on s’en souvienne.
Bref, il FAUT que ce soit LA soirée de l’année.

Pourquoi ? Parce que les trois cent soixante quatre autres jours de l’année, dans un couple, c’est bien connu, on s’ennuie, on s’emmerde, on se fait chier. Heureusement, Saint Valentin est là pour rappeler à l’ordre : un couple, quand ça s’aime, ça se voit. Donc ça se montre. Alors tous en piste ! Et c’est parti pour le show. Les voisins dînent en haut de la Tour Eiffel ? Le cousin Machin emmène sa belle pique-niquer sur les berges à la bougie pour la demander en mariage ? La patronne s’est offert un nouvel ensemble porte-jarretelles ? Qu’à cela ne tienne ! On va tous les éclater avec un week-end à Venise ! Comment ?! Le 14 tombe un lundi ?… Malédiction. Tout tombe à l’eau. Au moins, on est deux, ça ne sera pas pire que d’être seul(e), hein, pas vrai, hein ?
Parce qu’être célibataire, le jour de la Saint Valentin, c’est à se flinguer, ni plus ni moins. On fait pitié. On est cette pauvre petite chose – forcément repoussante ou insupportable, comment en serait-il autrement ? – que personne n’intéresse. C’est ça, une pâle identité sans intérêt. On n’est rien. Forcément. Même Angèle, la collègue dont les yeux disent merde à sa conversation, sort avec son Julotson Marcelson Kevin – bon, c’est qui, cette fois ? Et d’abord, comment elle fait, elle ? Merde !

Révolte.

Marre de ce diktat ? Marre, même si on est déjà en couple, de participer à ce concours de ceux qui s’aiment le mieux, le plus fort, le plus follement ? Marre de se retrouver dans un resto où ne dînent que des paires ? Marre de jeter un œil en coin à la table d’à côté où deux tourtereaux se bécotent avec force démonstration ? Marre de prendre des poses langoureuses pour faire bonne figure parce qu’il ne faudrait pas passer pour un couple fade après quelques années de vie commune ? Marre de mettre le paquet, alors que, vraiment, ça tombe mal, parce que, ce 14, là, avec la panique au boulot et la baby-sitter qui se débine, on n’est pas trop d’humeur ? Surtout, marre de faire un foin d’un jour par an alors qu’on s’aime tous les jours de l’année ? Marre de se dire qu’il n’y a qu’un jour où se faire plaisir, où faire des efforts, où se surprendre ?
Où s’aimer ?

Parce que l’amour n’a sûrement pas besoin d’un jour par an pour jouer la sécurité – la sécurité, en amour ? La bonne blague… – parce qu’on a passé l’âge de comparer ses amoureuses avec les copains, parce que la pression sociale qui pousse à être en couple – et à procréer – est déjà suffisamment pesante comme ça, parce qu’on peut être heureux célibataire et malheureux en couple, parce qu’être amoureux ne veut pas dire être comme tous les amoureux, le 14 février est une occasion à saisir pour agir contre la pensée unique du couple !

Insurrection.

Comment faire ?
Pour le soir du 14 février, on réserve dans un bon restaurant. Mieux, un restaurant à fruits de mer, pour ceux qui aiment. Et on réserve pour quatre, pour cinq, pour dix ! Oui, oui. On débarque avec sa bande de potes, avec ses amis, célibataires, en couple, entre les deux, en ménage à trois, tout est possible. Et on fait la fête ! Champagne ? Pourquoi pas ! Du moment qu’on met l’ambiance. On n’hésite pas, même, à chanter à tue-tête chanson paillarde, dernier tube à la mode ou hymne de l’amitié, peu importe. Qu’on s’amuse ! Avec un peu de chance, on sauvera la mise à une bonne dizaine de couples venus là ce soir parce qu’il faut bien. Et on leur fera passer une chouette soirée, peut-être pas LA soirée de l’année, mais une soirée dont ils se souviendront !

15 janvier… Un mois pour faire passer le mot. Pour que le 14 février 2011 devienne un rendez-vous… fauteur de trouble !

Et, à l’apéro, on n’oubliera pas le texto sympa à envoyer à tous ceux qui s’appellent, pour de vrai, Valentin ou Valentine. Il est temps qu’on leur rende leur fête !

Les chroniques anti-girly :
La pub n’est pas dans son assiette
Le rose, si j’veux !

Tags: , , , , , , , ,

11 Responses to #3-Chronique anti-girly : My bloody fucking prick Valentine

  1. 6 février 2013 at 12 h 40 min

    Excellent article, j’adore !!!!!!!!!

  2. Céline
    14 février 2011 at 23 h 45 min

    Bel article !

    • Marguerite Tournesol
      15 février 2011 at 1 h 18 min

      Merci. J’espère que cette Saint-Valentin fut bonne !
      Et bonne fête à toutes les vraies Valentine et à tous les vrais Valentin !

  3. Mélodie
    5 février 2011 at 14 h 45 min

    Entièrement d’accord ;) Chouette article !

    • Marguerite Tournesol
      15 février 2011 at 1 h 17 min

      Merci !

  4. Elisabeth Hugen
    15 janvier 2011 at 21 h 25 min

    J’adore et j’adhère pleinement au mouvement insurrectionnel!

    • Marguerite Tournesol
      20 janvier 2011 at 16 h 57 min

      Ne reste plus qu’à réserver le restaurant !

      • 8 février 2011 at 17 h 31 min

        C’est dommage que je ne sois pas à Paris ;)

      • Les Fauteuses
        10 février 2011 at 0 h 38 min

        L’insurrection ne doit pas rester parisienne… ;)

Répondre à Marguerite Tournesol Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Suivez-moi sur Hellocoton
Retrouvez Fauteuses sur Hellocoton