L’Homme (nous parlons ici, bien entendu, de la variété masculine commune, et non de cette espèce mutante nommée métrosexuel et qui, dans le domaine de la fashionitude, est aussi à la pointe que sa femme — voire plus. NDLR) est souvent, devant le vestiaire de sa compagne, aussi perplexe qu’une poule (ou plutôt un coq — ne vexons pas la virilité) qui aurait trouvé un cure-dent. Il ne comprend pas toujours tout — mais fait preuve, en général, d’une bonne volonté certaine pour se mettre au courant. Déjà, il ne comprend pas la mythique lamentation de la femme au petit matin : « Je n’ai rien à me mettre !!!!!!! ». Le portant de la penderie menace de s’écrouler, et elle n’a rien à se mettre ? Voilà donc un bien grand mystère, pour celui qui chaque jour se vêt invariablement d’un jean et d’une chemise, éventuellement un pull lorsqu’il fait froid. A la complainte féminine, il serait donc tenté de répondre « Tu as trop de vêtements, la penderie va s’écrouler ! » — mais il sait qu’il ne faut pas.
Une fois le choix cornélien de son aimée enfin résolu, là encore, il se trouve souvent perplexe, ce qui occasionne des remarques touchantes de naïveté, auxquelles la femme se doit de répondre avec beaucoup de patience et de pédagogie.
L’homme n’aime pas tellement les Low boots. Il préfère les vraies bottes et les escarpins vertigineux. Il aime aussi les jupes, courtes de préférence, et voue une haine féroce aux carrot pants et autres sarhouels. Lui faire accepter ce type de vêtements demande beaucoup de doigté.
L’homme rit devant les leggings. Cela lui rappelle la tenue d’aérobic de sa mère dans les années 80. D’ailleurs, le mot de leggings lui est inconnu. Il utilise « caleçon ».
L’homme signale à sa femme qu’elle a mis son t-shirt à l’envers, et peine à comprendre que les coutures apparentes, c’est fait exprès. Un problème similaire se pose avec les tissus froissés, et il se plaint que lui, on l’empêche de sortir lorsque sa chemise n’est pas repassée.
L’homme croit bien faire en empêchant sa femme de passer le pas de la porte en « pantoufles ». Alors que ce sont en fait des ballerines en cuir qui valent un demi-SMIC. Il s’interroge alors sur le fait qu’il ne savait pas que sa compagne s’était mise à la danse.
L’homme prend un air interrogatif devant le nouveau manteau de la femme de sa vie. Il se demande bien à quoi peut servir un manteau à manches courtes. A manche ¾ en fait. Sur ce point-là, on ne peut pas lui donner entièrement tort !
Initier l’Homme aux arcanes de la mode demande donc beaucoup de travail. Et malheureusement, vu la vitesse à laquelle la mode change, proposant sans cesse de nouveaux sujets de perplexité au mâle, c’est un travail sans fin…
Photographie : Cédric Chort
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