#1 L’album Homeless de Final Flash

22 novembre 2010
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Il y a des disques qui vous donnent la rage, d’autres qui vous mettent de bonne humeur ; certains vous enveloppent de réconfort ou sont la lumière d’un matin de dimanche. Et puis il y a ceux qui vous feraient pleurer, qui provoquent en vous, soudainement, une rupture émotionnelle, surgie de nulle part. Rares toutefois sont les albums qui arrivent à produire cet effet sur presque chaque morceau. Homeless, premier album de Final Flash et sorti cette année, en fait pourtant partie. Je pourrais même indiquer avec précision le moment de rupture, là où tout bascule, là où l’air anodin vous prend soudain aux tripes, là où l’on chavire. Découvert en concert alors qu’ils m’étaient inconnus, les cinq Montréalais de Final Flash m’ont dans un premier temps simplement occupé l’oreille. C’est sympa, on tape du pied, on bouge un peu la tête. Et puis, sans crier gare, un truc se produit et la tête, vous la levez, vous dressez l’oreille : vous venez de chavirer, ils viennent de vous embarquer. L’effet est encore plus fort à l’écoute de l’album. D’aucuns diront que je suis particulièrement sensible en ce moment et que je me sens certainement un peu homeless, loin de chez moi. Certes. Il n’en demeure pas moins que ces gars-là arrivent à jouer de l’émotion et à vous renverser.

Qu’on ne s’y trompe pas : les morceaux sont rythmés, le chant n’est pas murmuré. Il y a une force mélancolique qui habite Homeless, la puissance d’une vague, d’un reflux qu’on sait qu’il va nous apporter son lot d’émotions, tendu entre l’élan solaire et le repli solitaire. Les chansons ne parlent d’ailleurs que de ça : de la fuite en avant (When the Day turns Black), du va-et-vient entre l’intérieur et l’extérieur (Go OutsideWelcome to the House of Fire), de la réalisation de soi dans l’autre (The Black Flame in me is a Red Flame in you), de l’accomplissement de soi (The Awakening). De même, le chant de Joey Chaperon Cyr est à la fois rentré et explosif, étirant lesparoles comme s’il les démultipliait et modulant ce fameux point de rupture à en avoir le coeur en suspens. C’est une voix de frontières, à la fois jeune et chargée d’ans, précise et un peu trouble. Au final (sans jeu de mots, vraiment), on se sent comme chez soi dans ce Homeless : on sort couper du bois, on rentre allumer un feu, on se balade au crépuscule, seul, toujours seul, mélancoliquement tourné vers un ailleurs, vers quelqu’un qui n’est pas là. Homeless : l’abri idéal pour les solitaires.

Un avant-goût ? Le clip de Go Outside, réalisé par le bassiste, André Bendahan.

Vous pouvez écouter des morceaux sur leur myspace.
En concert en première partie de Yann Perreau le 25/11 à Gatineau et le 27/11 à Montréal et jusqu’en février au Québec et en Ontario.
Vous pouvez acheter l’album sur Indica Store ou Itunes.

Photographie : Luise Yagreld

One Response to #1 L’album Homeless de Final Flash

  1. jean-marie
    2 décembre 2010 at 10 h 43 min

    Belle critique. Tu décris l’album comme une expérience existentielle. Et c’est vrai qu’il y a dans tous les morceaux une sorte de mélancolie rageuse qui est le contraire même de l’apathie ou du nihilisme générationnel : « Here commes the sandman/to put you in dream/A dream you haven’t cosen/ that will carry you away » ( Chosen Generation); « hey man let’s get on the road now/because I don’t know what else to do  » (When the day Turns Black) : il est presque toujours question de départ , presque toujours question de faire quelque chose même s’il n’y a rien à faire, de partir même si on ne sait pas où aller. Joey Chaperon Cyr, le chanteur, maintient toujours sa voix dans une sorte de douceur inquiétante étant données les paroles et les guitares, même dans les riffs, ont l’air d’être bridées, contenues : violente non-violence. Certitude d’avoir raison malgré le refus du monde : « Ther’s no one to believe in you/ But you’ll rise boy : you’ll rise boy / fences hide a part of you » (The Awakening) . Ni désinvolture ni colère : juste un cri qui porte loin et qui fait exister ce lointain : « Oh ! I’ll break your chains/Oh! it’s okay/ Oh don’t be ashamed/Oh! its okay » (Go Outside). Merci de m’avoir fait découvrir ce groupe.

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