#1 Les Coudsines – Entretien avec une créatrice de bijoux

15 novembre 2010
Par

Valérie Durand est la créatrice des Coudsines : bijoux originaux faits main et, en particulier, des boucles d’oreille dépareillées.

Rencontre.

MT : Depuis quand fabriquez-vous des bijoux ?
Les Coudsines : J’ai toujours fait des bijoux, même quand j’étais gamine, des colliers en perles, des trucs comme ça. Plus grande, j’en ai fait aussi, pour m’amuser, pour mes copines, pour ma mère, pour mes sœurs. Ça fait seulement deux ans, disons, que j’ai commencé à faire ces bijoux-là. Au départ, j’en ai fait un à une copine parce qu’elle ne savait pas quoi mettre comme boucles. Et puis une autre fois, comme j’avais trouvé une petite robe miniature en me promenant, style Audrey Hepburn, et qu’elle adore Audrey Hepburn, je me suis dit « Et si je mettais un cadre avec la photo d’Audrey Hepburn ? » Et j’ai fabriqué la première paire qui ressemble un peu à celles de ma collection cinéma.

Un bijou, ça raconte une histoire.

MT : La première paire que vous aviez faite, c’était quoi ?
Les Coudsines :
C’était une Karen au pays des merveilles, pour mon amie Karen. Une sorte d’Alice mais sans photo, juste avec le lapin, la petite bouteille, des trucs que j’avais sous la main. Quand j’ai commencé, il y a deux ans, pendant un temps je n’en ai rien fait. Je les ai données au gens, offertes, et puis jusqu’à ce que je monte un blog pour les montrer. Puis, à un salon, j’ai rencontré une créatrice à qui j’ai acheté des broches. Quelques temps après, je lui ai dit que je faisais aussi des bijoux et que j’aimerais bien les vendre. Grâce à elle, j’ai pu faire le premier salon T-Mode, il y a un an et demi : elle s’appelle Muzikol et je lui dois tout.

MT : Qu’est-ce qui vous a pris de faire des boucles d’oreilles dépareillées, des paires qui ne sont pas identiques ? Comment vous est venue cette idée ?
Les Coudsines :
C’était dépareillé dès la première paire, Karen au pays des merveilles. Parce que si je dois mettre deux fois la même chose, cela fait de trop grosses paires pour arriver à raconter une histoire. Pour raconter tout ce qui va autour d’Audrey Hepburn, par exemple, la robe, les lunettes, le petit scooter, la photo, etc., je ne peux pas mettre tous ces éléments de chaque côté. Un bijou, c’est pour raconter une histoire. Après, ce n’est pas toujours le cas.

MT : Par exemple ?
Les Coudsines :
Par exemple, la petite machine à écrire. Déjà, c’est très difficile d’en trouver, et encore plus deux identiques. En plus, je trouve ça plus rigolo de mettre une photo avec une secrétaire, par exemple. Plutôt que deux fois la petite machine à écrire.

Je fais ce qui me plaît, sinon je n’y arrive pas.

MT : Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Les Coudsines :
Je fais ce qui me plaît, sinon je n’y arrive pas. On m’a déjà demandé des thèmes précis, comme le Moulin Rouge, mais je n’ai pas réussi, parce que ça ne m’intéressait pas, ou Michael Jackson, mais comme je n’aime pas, que je ne connais pas son univers, je n’arrive pas à ressortir quelque chose. Donc je ne l’ai pas faite. Sinon, ce qui m’inspire, c’est ce que j’aime, les films qui m’ont plu, les acteurs que j’aime, ou des trucs rigolos qui n’ont rien à voir. Comme le jardin ou les tablettes de chocolat ou les miniatures, comme les chips ou les petits flacons d’eau de javel. Ils sont difficilement vendables en boucles d’oreille. Mais j’en vends quelques fois. Cela dit, j’ai fait des gros poissons en plastiques, des jouets d’enfants. Mon fils m’avait dit : « surtout ne sors pas ça, tu ne les vendras pas » et puis je les ai vendus.

Ma cliente, c’est quelqu’un qui aime rire.

MT : À quoi ressemble votre cliente ?
Les Coudsines :
C’est quelqu’un qui aime rire. À part ça, je ne sais pas. J’ai vu des gens assez chics, des gens un peu punk aussi, des jeunes, des gamines de 8 ans et mon amie Karen, qui a 58 ans. Donc je ne suis pas sûre d’avoir un type de cliente. Juste quelqu’un qui a envie de rigoler et de mettre quelque chose qui n’est pas trop sérieux. Objectivement, il y a des clients qui regardent une seconde, qui disent : «  foutaises ! » et puis qui s’en vont. Ceux qui aiment bien, je le vois, ils rigolent, ils restent longtemps, ils regardent.

MT : Vous arrivez à en vivre ?
Les Coudsines :
Non, absolument pas. C’était plus un loisir au départ, quand ma fille faisait la sieste. J’ai essayé un peu la couture, c’est pour ça que ça s’appelle les “Coudsines” avec un “d” pour coudre. Puis en fait, je suis trop lente pour la couture ! Pour l’instant, je ne peux pas en vivre. Ça ne fait pas manger ma famille mais au moins je m’amuse ! J’ai été contactée par un commercial de chez Scooter qui m’a dit : « vos bijoux me plaisent. Si vous voulez, je peux les prendre en même temps que les bijoux Scooter. J’ai quelques autres créatrices que je vends ainsi. Est-ce que ça vous intéresse ? » Mais il lui faudrait deux cents paires identiques. Deux cents paires identiques, je ne peux pas les faire.

Des bijoux uniques.

MT : Et puis l’idée que vos boucles soient relativement uniques, qu’il n’en existe que cinq ou six paires, cela vous plaît, non ?
Les Coudsines :
Oui. Ce n’est pas tant pour l’élitisme, pas du tout. Je n’aimerais pas produire trois cents fois la même chose. Déjà la paire George Clooney, j’ai bien dû en faire douze. Celle-là, à chaque fois que je vais dans une des boutiques où j’en dépose, on m’en demande. Donc il faut quand même que j’en fasse parce qu’elles se vendent, ce qui est toujours sympathique. Mais je n’ai pas envie de faire ça. Produire x fois la même, cela ne m’amuse pas. Trouver des gens qui produisent pour moi, cela me paraît compliqué aussi. Alors, en vivre, j’aimerais bien, mais dans quelle mesure, je ne sais pas. Ce fameux commercial m’a recontactée et m’a dit « Cela ne fait rien, j’ai changé mon fusil d’épaule, donnez-moi ce que vous avez et je vais vous les vendre ». La gamme de La Foire lui plaît bien. Pour l’instant je réfléchis.

MT : Vous élaborez un croquis dans votre tête que vous reproduisez ensuite ?
Les Coudsines :
Non, parce que ça ne marche pas comme ça. Ça tombe mal. On se dit : « je vais mettre ça comme ça, ça et ça », et puis quand on l’essaie, tel objet cache tel autre, ce n’est pas beau, ça ne va pas. Et même une paire, je vais faire la même exactement, avec les mêmes objets, eh bien, bizarrement, cette fois-là, ça va super bien tomber, et la fois d’après, il faut que je rajoute un petit anneau pour que ça se remette bien. Ce n’est pas vraiment standart standart. Peut-être que c’est moi qui suis un peu maniaque aussi.

MT : Et cela fait de vos bijoux, un objet unique qui reste abordable.
Les Coudsines :
Oui, je pense. C’est ce qui doit séduire aussi. Le côté : je ne vais pas retrouver cent mille fois cette paire de boucles d’oreille.

MT : Pour faire un cadeau, on sait qu’on va offrir un petit objet unique. Quelque chose de spécial. D’ailleurs ce qu’il s’est passé au départ : un cadeau pour une amie.
Les Coudsines :
Oui et puis je les fais aussi pour moi. Je porte assez peu de bijoux, jamais de bague, ni de bracelet. Je me régale en fabriquant les miens, mais je porte volontiers une de mes paires de boucles ou un sautoir. J’achète aussi des bijoux toujours originaux ou décalés. La petite chaîne ou le collier de perles, très peu pour moi !

MT : Pourquoi ne faites-vous pas de bagues ?
Les Coudsines :
J’en ai peut-être cinq. Je ne sais pas trop les faire. Je n’arrive pas à raconter une histoire sur un petit rond comme ça. Ce n’est pas pareil. Elles n’apportent rien au monde de la bague, les miennes.

La production est limitée à ces deux mains.

MT : Et vos ventes vont croissant ?
Les Coudsines :
Oui, parce que j’ai de temps en temps de nouvelles boutiques. Mais ça va croissant très doucettement, parce que la production est limitée à ces deux mains. Je ne suis pas très bonne commerciale. J’ai mon blog sur lequel je vends un peu, UpFactory, le site créateur des 3Suisses où je vends aussi et je fais le salon T-Mode de temps en temps. Dans la vie réelle, eh bien, j’ai pas mal inondé le quartier, tout de même, mes copines. En plus ça me gêne de les leur vendre.

MT : Quel regard portez-vous sur votre petite entreprise ?
Les Coudsines :
Je produis et vends un peu plus, mais, pour l’instant, j’ai envie de garder la notion de plaisir et d’amateurisme qui se voyait aussi sur mon stand à T-mode ! Les Coudsines, c’est l’esprit de famille : ma fille m’aide, mon mari me fait de la pub, mon  fils fait des avions avec messages … Et, bien sûr, il y a les copines de Moufteria Lane  (dont je parle sur mon blog) : Karen et Delphine qui m’ont accompagnée pour la mise en place du salon, Yucari qui garde ma fille et porte mes boucles tous les jours sans faute.

MT : Et ça vous fait un peu de pub ?
Les Coudsines :
Ah oui. Une fois on m’a demandé le collier Doctor House. Je l’ai fait, je ne l’avais jamais fait. Quelqu’un m’a envoyé mail : « Une de mes collègues de bureau avait le collier. Pourriez-vous faire le même pour ma femme ? » Petit à petit, comme ça, de temps en temps, il y a des gens qui aiment bien, qui en parlent et d’autres qui en veulent aussi.

MT : Indépendamment de la création, que pensez-vous du burlesque ?
Les Coudsines :
J’ai vu le film Tournée. J’ai trouvé ça fabuleux. J’ai vu un seul et unique strip-tease dans ma vie, enfin un strip-tease, plutôt un show où les filles tournaient autour d’un poteau, chez Lili la Tigresse dans le 18e arrondissement, à Paris. J’ai trouvé le film vraiment très bien fait. À part ça, je ne connais pas très bien le burlesque. J’ai toujours bien aimé les dessins de pin-up. Je trouve ça assez marrant.

MT : Et vous, vous iriez prendre des cours de burlesque ?
Les Coudsines :
Oui, oh surtout moi avec mon physique merveilleux ! Non. (Rires)

MT : Justement, c’est pour se réapproprier son corps.
Les Coudsines :
Oui, oui. Mais non. Jamais je ne pourrais faire ça. Est-ce que vous le feriez, vous ?

Retrouvez les bijoux en vente sur le site des Coudsines.
Prochaines dates du salon T-Mode : 26, 27 et 28 novembre 2010. Espace animation des Blancs Manteaux, 48 rue vieille du temple 75004 Paris.

Galerie de boucles.

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